dimanche 2 novembre 2014

Francetveducation: L'étranger : Les sources d'inspiration de Camus



L'Étranger lu par Albert Camus









 

Les sources d'inspiration de Camus pour L'Étranger

  Un extrait expliqué en video 


Marie est entrée. Elle avait mis un chapeau et elle était encore belle.
Mais je l'aimais mieux avec ses cheveux libres. De l'endroit où j'étais,
je devinais le poids léger de ses seins et je reconnaissais sa lèvre inférieure
toujours un peu gonflée. Elle semblait très nerveuse. Tout de suite, on lui a
demandé depuis quand elle me connaissait. Elle a indiqué l'époque où elle
travaillait chez nous. Le président a voulu savoir quels étaient ses rapports
avec moi. Elle a dit qu'elle était mon amie. À une autre question, elle a répondu
qu'il était vrai qu'elle devait m'épouser. Le procureur qui feuilletait un dossier
lui a demandé brusquement de quand datait notre liaison. Elle a indiqué la date.
Le procureur a remarqué d'un air indifférent qu'il lui semblait que c'était le
lendemain de la mort de maman. Puis il a dit avec quelque ironie qu'il ne voudrait
 pas insister sur une situation délicate, qu'il comprenait bien les scrupules
de Marie, mais (et ici son accent s'est fait plus dur) que son devoir lui commandait
de s'élever au-dessus des convenances. Il a donc demandé à Marie de résumer
cette journée où je l'avais connue. Marie ne voulait pas parler, mais devant
l'insistance du procureur, elle a dit notre bain, notre sortie au cinéma et notre
rentrée chez moi. L'avocat général a dit qu'à la suite des déclarations de Marie
à l'instruction, il avait consulté les programmes de cette date. Il a ajouté que
Marie elle-même dirait quel film on passait alors. D'une voix presque blanche,
en effet, elle a indiqué que c'était un film de Fernandel. Le silence était complet
dans la salle quand elle a eu fini. Le procureur s'est alors levé, très grave et
d'une voix que j'ai trouvée vraiment émue, le doigt tendu vers moi, il a articulé
 lentement : «Messieurs les jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme
prenait des bains, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film
comique. Je n'ai rien de plus à vous dire. » Il s'est assis, toujours dans le silence.
Mais, tout d'un coup, Marie a éclaté en sanglots, a dit que ce n'était pas cela,
qu'il y avait autre chose, qu'on la forçait à dire le contraire de ce qu'elle pensait,
qu'elle me connaissait bien et que je n'avais rien fait de mal. Mais l'huissier,
 sur un signe du président, l'a emmenée et l'audience s'est poursuivie.




















Marcello Mastroianni à propos du tournage 

de  L'étranger d'Albert Camus 









Renaud: J’ai la vie qui me pique les yeux





Est-ce que la vie vous pique les yeux ?...

c'est que vous ....







J'ai la vie qui me pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.
Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

J' m'intéresse plus à grand chose
Même pas fatigué, j' me repose
J' bois la vie à toute petite dose,
J' vois plus la couleur des roses.

Dans ma guitare, y'a plus rien
Plus une note, plus un refrain.
Dans mes doigts, y'a rien qui tient
Dans ma peau, y'a qu' du chagrin.

J'ai la vie qui m' pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.
Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

Au bistrot du temps qui passe,
J' bois un verre à la terrasse.
J' me dis qu' à l'école de l'angoisse,
J' s'rai toujours l' premier d' la classe.

Me raconter pas d'histoires :
La vie c'est une tonne de cafards
C'est toujours un fond de tiroir,
C'est toujours un train qui part.

J'ai la vie qui m' pique les yeux,
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.
Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

J' voudrais vivre rien qu'en vacances,
Qu' ce soit tous les jours Byzance,
Qu' ce soit tous les jours l'enfance,
Dans un monde que d'innocence.

Mais, j' vis au fond d'un abîme,
Tout seul, avec ma p'tite frime ;
Et dans mon dictionnaire de rimes,
Avec amour, y'a qu' déprime.

J'ai la vie qui m' pique les yeux,
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.
Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

Alors l' soir avant qu' j' me couche,
J'écoute chanter la pauvre souche,
Les mots qui sortent de sa bouche,
Ca m' fait tout drôle, et ça m' touche.

Et tout au fond d' sa détresse
Je découvre tellement de tendresse,
Que même si j' tombe et que je me blesse
J' dis bonne nuit à ma tristesse.

J'ai la vie qui m' pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j' crois bien qu'il pleut.
Pas beaucoup, mais un p'tit peu.

J'ai la vie qui m' pique les yeux,
Heureusement, j' suis amoureux,
D'une p'tite fille qui m' rend heureux,
Pas beaucoup mais un p'tit peu.









vendredi 31 octobre 2014

Georges Brassens "Le Testament": Quel legs nous a-t-il laissé ?





 


Il y a trente-quatre ans le 29 octobre 1981 disparaissait

Georges Brassens,  un mythe pour ma génération,

ou mieux pour les gens de tout  âge, comparable seulement


à  Bob Dylan,  les Beatles, De André et Guccini


Né à Sète dans l'Hérault le 22 octobre 1921, il  

racontait des histoires dans la lignée des grands poètes

comme Baudelaire  et Villon, auquel fait référence le titre 

de la  chanson que je vous présente:








Je serai triste comme un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l'épaule
"Va-t-en voir là-haut si j'y suis"
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil

S'il faut aller au cimetière
J'prendrai le chemin le plus long
Je ferai la tombe buissonnière
Je quitterai la vie à reculons
Tant pis si les croque-morts me grondent
Tant pis s'ils me croient fou à lier
Je veux partir pour l'autre monde
Par le chemin des écoliers

Avant d'aller conter fleurette
Aux belles âmes des damnées
Je rêve d'encore une amourette
Je rêve d'encor m'enjuponner
Encore une fois dire: "Je t'aime"
Encore une fois perdre le nord
En effeuillant le chrysanthème
Qui est la marguerite des morts

Dieu veuille' que ma veuve s'alarme
En enterrant son compagnon
Et que pour lui faire verser des larmes
Il n'y ait pas besoin d'oignon
Qu'elle prenne en secondes noces
Un époux de mon acabit
Il pourra profiter de mes bottes
Et d'mes pantoufles et de mes habits

Qu'il boive mon vin, qu'il aime ma femme
Qu'il fume ma pipe et mon tabac
Mais que jamais - mort de mon âme
Jamais il ne fouette mes chats
Quoique je n'aie pas un atome
Une ombre de méchanceté
S'il fouette mes chats, y a un fantôme
Qui viendra le persécuter

Ici gît une feuille morte
Ici finit mon testament
On a marqué dessus ma porte
"Fermé pour cause d'enterrement"
J'ai quitté la vie sans rancune
J'aurai plus jamais mal aux dents
Me voilà dans la fosse commune
La fosse commune du temps






Le Testament de  François de Montcorbier dit Villon

(né en  1431 à Paris, disparu  en  1463 )

Je plains le temps de ma jeunesse
Auquel j'ai plus qu'autre gallé (mené joyeuse vie)
Jusques à l'entrée de vieillesse
Qui son partement m'a celé  (qui m'a caché son départ)
Il ne s'en est à pied allé
N'à cheval : hélas ! comment don ?
Soudainement s'en est volé
  Et ne m'a laissé quelque don.



jeudi 30 octobre 2014

Renaud "L'Hexagone: ... une autre histoire de France











Ils s'embrassent au mois de janvier,
car une nouvelle année commence,
mais depuis des éternités
l'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
y a que le décor qui évolue,
la mentalité est la même,
tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds en février,
à se souvenir de Charonne,
des matraqueurs assermentés
qui fignolèrent leur besogne.
La France est un pays de flics,
à tous les coins de rue y en a cent,
pour faire régner l'ordre public
ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois de mars,
de l'autre côté des Pyrénées,
un anarchiste du Pays Basque,
pour lui apprendre à se révolter,
ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
de cette immonde mise à mort,
mais ils oublient que la guillotine
chez nous aussi fonctionne encore.

Être né sous le signe de l'hexagone,
c'est pas ce qu'on fait de mieux en ce moment,
et le roi des cons, sur son trône,
je parierais pas qu'il est allemand.

On leur a dit, au mois d'avril,
à la télé, dans les journaux,
de pas se découvrir d'un fil,
que le printemps c'était pour  bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
et les vieilles traditions débiles,
ils les appliquent tous à la lettre,
y me font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de mai,
d'un sang qui coula rouge et noir,
d'une révolution manquée
qui faillit renverser l'histoire.
Je me souviens surtout de ces moutons,
effrayés par la liberté, s'en allant voter par millions
pour l'ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de juin,
un débarquement d'Normandie,
ils pensent au brave soldat ricain
qui est venu se faire tuer loin d'chez lui.
Ils oublient qu'à l'abri des bombes,
les Français criaient : vive Pétain,
qu'ils étaient bien planqués à Londres,
qu'y avait pas beaucoup de Jean Moulin.

Être né sous le signe de l'hexagone,
c'est pas ce qu'on fait de mieux en ce moment,
et le roi des cons, sur son trône,
me dites pas qu'il est portugais.

Ils font la fête au mois de juillet,
en souvenir d'une révolution
qui n'a jamais éliminé
la misère et l'exploitation.
Ils s'abreuvent de bals populaires,
de feux d'artifice et de flonflons,
ils pensent oublier dans la bière
qu'ils sont gouvernés comme des pions.

Au mois d'août c'est la liberté
après une longue année d'usine,
ils crient : vive les congés payés ;
ils oublient un peu la machine.
En Espagne, en Grèce ou en France,
ils vont polluer toutes les plages,
et, par leur unique présence,
abîmer tous les paysages.

Lorsqu'en septembre on assassine
un peuple et une liberté
au coeur de l'Amérique latine,
ils sont pas nombreux à gueuler.
Un ambassadeur se ramène,
bras ouverts il est accueilli,
le fascisme c'est la gangrène,
à Santiago comme à Paris.

Être né sous le signe de l'hexagone,
c'est vraiment pas une sinécure,
et le roi des cons, sur son trône,
il est français, ça j'en suis sûr.

Finies les vendanges en octobre,
le raisin fermente en tonneaux,
ils sont très fiers de leurs vignobles,
leurs côtes-du-rhône et leurs bordeaux.
Ils exportent le sang de la terre
un peu partout à l'étranger,
leur pinard et leur camembert,
c'est leur seule gloire, à ces tarés.

En novembre, au Salon de l'auto,
ils vont admirer par milliers
le dernier modèle de chez Peugeot,
qu'il pourront jamais se payer.
La bagnole, l'été, le tiercé,
c'est l'opium du peuple de France,
lui supprimer c'est le tuer,
c'est une drogue à accoutumance.

En décembre, c'est l'apothéose,
la grande bouffe et les petits cadeaux,
ils sont toujours aussi moroses,
mais y'a d'la joie dans les ghettos.
La Terre peut s'arrêter de tourner,
ils rateront pas leur réveillon,
moi je voudrais tous les voir crever,
étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous le signe de l'Hexagone,
on peut pas dire que ça soit bandant.
Si le roi des cons perdait son trône,
y'aurait cinquante millions de prétendants.














CINEFORUM: "Chocolat" un film de Lasse Hallstrom (2001)


















Date de sortie (2h1min)
Réalisé par

Avec



 

GenreComédie , Romance

NationalitéBritannique , américain




Lasse Hallstrom signe ici une oeuvre où la pellicule devient 

véritablement des morceaux de chocolat ....... « Le Chocolat 

» est une petite gourmandise, portée par Juliette Binoche 

chocolatière mystérieuse et Johnny Depp très bohème....Un

 matin hivernal deux nouvelles habitantes arrivent dans la

 morne cité de Lansquenet, trempées et vêtues à l 'instar des

 chaperons rouges. Vianne et sa fille Anouk s'installent dans 

une petite maison, douce et chaleureuse, accolée au magasin

 qui deviendra une chocolaterie.. L'ouverture de ce magasin

 va perturber les habitudes de ce paisible village, car Vianne

 possède un don spécial, un don qui lui permet de donner à

 chaque personnes le chocolat qui lui correspond.. Elle va

 ainsi apporter un vent de fraîcheur aux habitants ,en

 réveillant les sens de ce petit monde .. Hélas dans l'ombre

, le Comte de Reynaud, bienfaiteur et catholique pratiquant 

considère la chocolaterie de Vianne comme une hérésie

, Alors que le Comte ligue les habitants contre elle, une aide 

inespérée suivant le fil de l'eau va lui être d'un grand secours

 ..Le cinéaste parvient à créer un déséquilibre parfait entre la

 religion et le chocolat.. Il dénonce ici et de manière adroite

 les disproportions qui souillent les belles choses de la vie par

 une institution qui voit en cela des fantasmes .. ...Le

 réalisateur dessine ici un portait délicat des différents

 protagonistes et se révèle tendre, drôle et

 mélancolique,portée par la sublime partition harmonieuse

 signée Rachel Portman ..Juliette Binoche apporte douceur à

 son personnage et Johnny Depp tendresse ...Un film qui 

donne une seule envie après son visionnage ...Celle de

 déguster du chocolat ...



Le film en entier