mardi 7 octobre 2014

Jacques Prévert "Le dromadaire mécontent"



 
 
Mes chers élèves de I D ESABAC
 
devaient travailler ce conte en classe...
 
 
J'espère qu'ils sauront apprécier
 
Jacques Prévert...
 
tout en  connaissant assez mal les connecteurs logiques!!!
 
 
 
 



 
 
 
 
 
 
 
Le dromadaire mécontent


Un jour, il y avait un jeune dromadaire qui n'était pas content du tout.
La veille, il avait dit a ses amis: "Demain, je sors avec mon père et ma mère, nous allons entendre une conférence, voilà comme je suis moi!"

Et les autres avaient dit: "Oh, oh, il va entendre une conférence, c’est merveilleux", et lui n'avait pas dormi de la nuit tellement il était impatient, et voilà qu'il n'était pas content parce que la conférence n'était pas du tout ce qu'il avait imaginé : il n'y avait pas de musique et il était déçu, il s'ennuyait beaucoup, il avait envie de pleurer.

Depuis une heure trois quarts un gros monsieur parlait. Devant le gros monsieur il y avait un pot à eau et un verre à dents sans la brosse et, de temps en temps, le. monsieur versait de l'eau dans le verre, mais il ne se lavait jamais les dents et visiblement irrité il parlait d'autre chose, c ‘est-à-dire des dromadaires et des chameaux.

Le jeune dromadaire souffrait de la chaleur, et puis sa bosse le gênait beaucoup; elle frottait contre le dossier du fauteuil, il était très mal assis il remuait.

Alors sa mère lui disait: "Tiens-toi tranquille, laisse parler le monsieur", et elle lui pinçait la bosse; le jeune dromadaire avait de plus en plus envie de pleurer, de s'en aller...

Toutes les cinq minutes, le conférencier répétait: "Il ne faut surtout pas confondre les dromadaires avec les chameaux, j'attire, mesdames, messieurs et chers dromadaires votre attention sur ce fait: le chameau a deux bosses mais le dromadaire n'en a qu'une!" Tous les gens, de la salle disaient: "Oh, oh, très intéressant", et les chameaux, les dromadaires, les hommes les femmes et les enfants prenaient des notes sur leur petit calepin.

Et puis le conférencier recommençait: "Ce qui différencie les deux animaux c'est que le dromadaire n a qu'une bosse, tandis que, chose étrange et utile à savoir, le chameau en a deux ... "

A la fin le jeune dromadaire en eut assez et, se précipitant sur l'estrade, il mordit le conférencier :

"Chameau! " dit le conférencier furieux.

Et tout le monde dans la salle criait: "Chameau, sale chameau, sale chameau!"

Pourtant c’était un dromadaire, et il était très propre.


Un conte de Jacques Prévert
 
 
 
 
 
 
 
 


vendredi 3 octobre 2014

Yves BONNEFOY, « Vrai lieu »,Du Mouvement et de l'immobilité de Douve, 1953.









Yves BONNEFOY, « Vrai lieu »,Du Mouvement et de l'immobilité de Douve, 1953.

  VRAI LIEU


Qu'une place soit faite à celui qui approche,

Personnage ayant froid et privé de maison


Personnage tenté par le bruit d'une lampe,

Par le seuil éclairé d'une seule maison.


Et s'il reste recru1d'angoisse et de fatigue,

Qu'on redise pour lui les mots de guérison.


Que faut-il à ce cœur qui n'était que silence,

Sinon des mots qui soient le signe et l'oraison2,


Et comme un peu de feu soudain la nuit,

Et la table entrevue d'une pauvre maison?



1. Recru: épuisé. 
2. L'oraison: la prière.



  • Dans un essai intituléL'Acte et le lieu de la poésie, Yves Bonnefoy affirme qu'il ne croit pas « qu'il soit de poésie vraie aujourd'hui qui ne veuille chercher jusqu'à son dernier souffle à fonder un espoir ».
    Dans quelle mesure la poésie peut-elle représenter un espoir pour l'être humain ?







  • jeudi 2 octobre 2014

    Sàndor Màrai "Les braises"








    J’ai l’impression que ce livre m’attendait depuis longtemps, je ne l’avais
    pas encore acheté, ni reçu en cadeau, mais j’ai toujours été certain
    qu’il fallait que je le lise, depuis que, lors d’une soirée entre  amis,
    Marco et Giuseppe  m’en avez raconté leur enchantement …   
     Et les livres, comme notre passé, souvent nous attrapent.



    Ce conte et son auteur ont été une découverte immense.

    Roman de l’attente selon certains, mais surtout  de l’Amitié,
    de l’Amour,   et pour moi de la Passion qui nous promène le
    long de toute notre vie, nous offrant ce souffle primordial qui
     nous pousse à jouir pleinement  de la vie et nous invite à nous
     battre dès que nous avons pénétré  l’intuition secrète d’un 
    espoir,  d’une âme sœur qui nous accompagnerait à jamais.




      

    Voici dans la traduction en italien la dernière question
    que Henri pose à son ami  Konrad, après 41 ans d'attente


    "Non credi anche tu che il significato della vita
    sia semplicemente la passione che un giorno invade
    il nostro cuore, la nostra anima e il nostro corpo e
    che, qualunque cosa accada, continua a bruciare
     in eterno, fino alla morte?"


    ADELPHI EDIZIONI 1998
       

    INA 

     Je vous laisse savourer les quelques mots que Emmanuel à publié sur
       



      











    mercredi 1 octobre 2014

    IV D : Vidéos et exercices pour réviser










      








                                      ashcombe.surrey


      
    Au lycée




    Lettre




    Vocabulaire



    FLE - Le corps humain - cours





    Exercices:




    Mon beau sapin 

    ( pronoms / prépositions ) 




    La danse des canards

      (Présent de l'indicatif et impératif)





    Comment poser et comprendre les questions

    (anglais/français) 



     

    "Une vie" de Guy de Maupassant ... "Elle semblait un portrait de Veronese"












    Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
    L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
    Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s'éclaircissait pas, et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon.
    Puis elle s'aperçut qu'elle avait oublié de mettre son calendrier dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divisé par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'année courante 1819 en chiffres d'or. Puis elle biffa à coups de crayon les quatre premières colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de sa sortie du couvent.
    Une voix, derrière la porte, appela : " Jeannette ! "
    Jeanne répondit : " Entre, papa. " Et son père parut.
    Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon. Disciple enthousiaste de J.-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour la nature, les champs, les bois, les bêtes.
    Aristocrate de naissance, il haïssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par tempérament, et libéral par éducation, il exécrait la tyrannie d'une haine inoffensive et déclamatoire.
    Sa grande force et sa grande faiblesse, c'était la bonté, une bonté qui n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volonté, une lacune dans l'énergie, presque un vice.
    Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.
    Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, malgré les pleurs de la mère, elle fut mise au Sacré-Coeur.
    Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines. Il voulait qu'on la lui rendît chaste à dix-sept ans pour la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre fécondée, ouvrir son âme, dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.


    Une vie  de  Guy de Maupassant






    mardi 30 septembre 2014

    Marcel AYME, Les Contes du Chat perché, Les boeufs.










    "Mes chers enfants ... 

    l'instruction est une bonne chose et ceux qui n'en ont pas

     sont bien à plaindre. Heureusement, vous n'êtes pas dans ce cas-là"





    LES BŒUFS





    Delphine eut le prix d'excellence et Marinette le prix d'honneur. Le maître embrassa les deux soeurs en prenant bien garde de ne pas salir leurs belles robes, et le sous-préfet, venu tout exprès de la ville dans son uniforme brodé, prononça un discours......- Mes chers enfants, dit-il, l'instruction est une bonne chose et ceux qui n'en ont pas sont bien à plaindre. Heureusement, vous n'êtes pas dans ce cas-là, vous. Par exemple, je vois ici deux petites filles en robes roses, qui ont une jolie couronne dorée sur leurs cheveux blonds. C'est parce qu'elles ont bien travaillé. Aujourd'hui, elles sont récompensées de leur peine, et voyez donc comme c'est agréable pour leurs parents: ils sont aussi fiers que leurs enfants. Ah! ah! Et tenez, moi qui vous parle, je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter, mais enfin, si je n'avais pas toujours bien appris mes leçons, je n'aurais pas ma position de sous-préfet, i l'habit d'argent que vous me voyez. Voilà pourquoi il faut bien s'appliquer à l'école, et faire comprendre aux ignorants et aux paresseux que l'instruction est indispensable......Le sous-préfet s'inclina, les écolières chantèrent une petite chanson, et chacun rentra chez soi. En arrivant à la maison, Delphine et Marinette ôtèrent leurs belles robes pour mettre leurs tabliers de tous les jours, mais au lieu de jouer à la paume, ou à saute-mouton, ou à la poupée, ou au loup, ou à la marelle, ou à chat perché, elles se mirent à parler du discours du sous-préfet. Elles trouvaient qu'il était vraiment très bien, ce discours. Même, elles étaient très ennuyées de n'avoir pas sous la main quelqu'un de tout à fait ignorant à qui faire comprendre les bienfaits de l'instruction.



    Marcel AYME, Les Contes rouges du Chat perché,
    © Ed. Gallimard, coll. Folio junior















    lundi 29 septembre 2014

    PARIS : Un lieu où il fait bon... vivre, avec quelques... Brèves de trottoirs










    La bohème, Charles Aznavour

    Je vous parle d'un temps
    Que les moins de vingt ans
    Ne peuvent pas connaître
    Montmartre en ce temps-là
    Accrochait ses lilas
    Jusque sous nos fenêtres
    Et si l'humble garni
    Qui nous servait de nid
    Ne payait pas de mine
    C'est là qu'on s'est connu
    Moi qui criait famine
    Et toi qui posais nue

    La bohème, la bohème
    Ça voulait dire on est heureux
    La bohème, la bohème
    Nous ne mangions qu'un jour sur deux

    Dans les cafés voisins
    Nous étions quelques-uns
    Qui attendions la gloire
    Et bien que miséreux
    Avec le ventre creux
    Nous ne cessions d'y croire
    Et quand quelque bistro
    Contre un bon repas chaud
    Nous prenait une toile
    Nous récitions des vers
    Groupés autour du poêle
    En oubliant l'hiver

    La bohème, la bohème
    Ça voulait dire tu es jolie
    La bohème, la bohème
    Et nous avions tous du génie

    Souvent il m'arrivait
    Devant mon chevalet
    De passer des nuits blanches
    Retouchant le dessin
    De la ligne d'un sein
    Du galbe d'une hanche
    Et ce n'est qu'au matin
    Qu'on s'asseyait enfin
    Devant un café-crème
    Epuisés mais ravis
    Fallait-il que l'on s'aime
    Et qu'on aime la vie

    La bohème, la bohème
    Ça voulait dire on a vingt ans
    La bohème, la bohème
    Et nous vivions de l'air du temps

    Quand au hasard des jours
    Je m'en vais faire un tour
    A mon ancienne adresse
    Je ne reconnais plus
    Ni les murs, ni les rues
    Qui ont vu ma jeunesse
    En haut d'un escalier
    Je cherche l'atelier
    Dont plus rien ne subsiste
    Dans son nouveau décor
    Montmartre semble triste
    Et les lilas sont morts

    La bohème, la bohème
    On était jeunes, on était fous
    La bohème, la bohème
    Ça ne veut plus rien dire du tout



    Edith Piaf - La Foule


    Je revois la ville en fête et en délire
    Suffoquant sous le soleil et sous la joie
    Et j'entends dans la musique les cris, les rires
    Qui éclatent et rebondissent autour de moi
    Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
    Étourdie, désemparée, je reste là
    Quand soudain, je me retourne, il se recule,
    Et la foule vient me jeter entre ses bras...

    Emportés par la foule qui nous traîne
    Nous entraîne
    Écrasés l'un contre l'autre
    Nous ne formons qu'un seul corps
    Et le flot sans effort
    Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
    Et nous laisse tous deux
    Épanouis, enivrés et heureux.

    Entraînés par la foule qui s'élance
    Et qui danse
    Une folle farandole
    Nos deux mains restent soudées
    Et parfois soulevés
    Nos deux corps enlacés s'envolent
    Et retombent tous deux
    Épanouis, enivrés et heureux...

    Et la joie éclaboussée par son sourire
    Me transperce et rejaillit au fond de moi
    Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
    Quand la foule vient l'arracher d'entre mes bras...

    Emportés par la foule qui nous traîne
    Nous entraîne
    Nous éloigne l'un de l'autre
    Je lutte et je me débats
    Mais le son de sa voix
    S'étouffe dans les rires des autres
    Et je crie de douleur, de fureur et de rage
    Et je pleure...

    Entraînée par la foule qui s'élance
    Et qui danse
    Une folle farandole
    Je suis emportée au loin
    Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole
    L'homme qu'elle m'avait donné
    Et que je n'ai jamais retrouvé...










    Sous le ciel de Paris
    S'envole une chanson
    Elle est née d'aujourd'hui
    Dans le coeur d'un garçon
    Sous le ciel de Paris
    Marchent les amoureux
    Leur bonheur se construit
    Sur une air fait pour eux
    Sous le pont de Bercy
    Un philosophe assis
    Deux musiciens, quelques badauds
    Puis des gens par milliers

    Sous le ciel de Paris
    Jusqu'au soir vont chanter
    L'hymne d'un peuple épris
    De sa vieille Cité
    Prés de Notre-Dame
    Parfois couve un drame
    Oui, mais à Paname
    Tout peut s'arranger
    Quelques rayons du ciel d'été
    L'accordéon d'un marinier
    L'espoir fleurit
    Au ciel de Paris

    Sous le ciel de Paris
    Coule un fleuve joyeux
    Il endort dans la nuit
    Les clochards et les gueux
    Sous le ciel de Paris
    Les oiseaux du Bon Dieu
    Viennent du monde entier
    Pour bavarder entre eux
    Et le ciel de Paris
    A son secret pour lui
    Depuis vingt siècles il est épris
    De notre île Saint-Louis

    Quand elle lui sourit
    Il met son habit bleu
    Quand il pleut sur Paris
    C'est qu'il est malheureux
    Quand il est trop jaloux
    De ses millions d'amants
    Il fait gronder sur eux
    Son tonnerre éclatant
    Mais le ciel de Paris n'est pas longtemps cruel...
    Pour se faire pardonner, il offre un arc-en-ciel...


    Yves Montand, A Paris



    Quand un amour fleurit
    Ça fait pendant des semaines
    Deux coeurs qui se sourient
    Tout ça parce qu'ils s'aiment
    A Paris

    Au printemps
    Sur les toits les girouettes
    Tournent et font les coquettes
    Avec le premier vent
    Qui passe indifférent
    Nonchalant

    Car le vent
    Quand il vient à Paris
    N'a plus qu'un seul souci
    C'est d'aller musarder
    Dans tous les beaux quartiers
    De Paris

    Le soleil
    Qui est son vieux copain
    Est aussi de la fête
    Et comme deux collégiens
    Ils s'en vont en goguette
    Dans Paris

    Et la main dans la main
    Ils vont sans se frapper
    Regardant en chemin
    Si Paris a changé

    Y a toujours
    Des taxis en maraude
    Qui vous chargent en fraude
    Avant le stationnement
    Où y a encore l'agent
    Des taxis

    Au café
    On voit n'importe qui
    Qui boit n'importe quoi
    Qui parle avec ses mains
    Qu'est là depuis le matin
    Au café

    Y a la Seine
    A n'importe quelle heure
    Elle a ses visiteurs
    Qui la regardent dans les yeux
    Ce sont ses amoureux
    A la Seine

    Et y a ceux
    Ceux qui ont fait leur nid
    Près du lit de la Seine
    Et qui se lavent à midi
    Tous les jours de la semaine
    Dans la Seine

    Et les autres
    Ceux qui en ont assez
    Parce qu'ils en ont vu de trop
    Et qui veulent oublier
    Alors y se jettent à l'eau
    Mais la Seine

    Elle préfère
    Voir les jolis bateaux
    Se promener sur elle
    Et au fil de son eau
    Jouer aux caravelles
    Sur la Seine

    Les ennuis
    Y en n'a pas qu'à Paris
    Y en n'a dans le monde entier
    Oui mais dans le monde entier
    Y a pas partout Paris
    V'là l'ennui

    A Paris
    Au quatorze juillet
    A la lueur des lampions
    On danse sans arrêt
    Au son de l'accordéon
    Dans les rues

    Depuis qu'à Paris
    On a pris la Bastille
    Dans tous les faubourgs
    Et à chaque carrefour
    Il y a des gars
    Et il y a des filles
    Qui sur les pavés
    Sans arrêt nuit et jour
    Font des tours et des tours
    A Paris


    Un gamin de Paris,  Yves Montand


    Un gamin d'Paris
    C'est tout un poème
    Dans aucun pays
    Il n'y a le même
    Car c'est un Titi
    Petit gars dégourdi
    Que l'on aime

    Un gamin d'Paris
    C'est le doux mélange
    D'un ciel affranchi
    Du diable et d'un ange
    Et son œil hardi
    S'attendrit devant une oran-an-ge
    Pas plus haut que trois pommes
    Il lance un défi
    A l'aimable bonhomme
    Qui l'appelait "mon petit"

    Un gamin d'Paris
    C'est une cocarde,
    Bouton qui fleurit
    Dans un pot d'moutarde
    Il est tout l'esprit
    L'esprit de Paris qui musarde
    Pantalons trop longs pour lui
    Toujours les mains dans les poches
    On le voit qui déguerpit
    Aussitôt qu'il voit un képi.
    Un gamin d'Paris
    C'est tout un poème
    Dans aucun pays
    Il n'y a le même
    Car c'est un titi
    Petit gars dégourdi
    Que l'on aime

    Il est héritier
    Lors de sa naissance
    De tout un passé
    Lourd de conséquences
    Et ça, il le sait
    Bien qu'il ignore l'Histoire de France
    Sachant que sur les places
    Pour un idéal
    Des p'tits gars pleins d'audace
    A leur façon fir'nt un bal

    Un gamin d'Paris
    Rempli d'insouciance
    Gouailleur et ravi
    De la vie qui chante
    S'il faut, peut aussi
    Comme Gavroch' entrer dans la danse

    Un gamin d'Paris
    M'a dit à l'oreille
    Si je pars d'ici
    Sachez que la veille
    J'aurai réussi
    A mettre Paris en bouteille.












    Tant de poètes ont écrit
    Des couplets des refrains
    Sur Paris
    Que je n'sais plus quoi chanter
    Pour vanter ta beauté
    Mon Paris
    Est-ce ceci ou cela
    Autre chose ou bien quoi
    Je n'sais pas
    Pourquoi j'suis tellement ému
    En passant dans une rue
    De Paris
    J'ai trouvé sur les quais en flânant
    Un vieux livre jauni par le temps
    J'y ai lu les souffrances et les joies
    Que tu as connues tout' à la fois
    Depuis le temps que tu vis
    Tout's tes rues ont écrit
    Leurs romans
    Romans d'amours qui se nouent
    Se dénouent et qui meurent
    Doucement

    On s'est battu sous tes murs
    Chacun de tes pavés
    A servi
    A défendre la liberté
    Qui s'était réfugiée
    Dans Paris
    C'est la peine de tous les hommes
    Qui t'as fait comme tu es
    Mon Paris
    Ils ont bâti la Concorde
    Notre-Dame, les Tuileries
    Tout Paris
    Ils ont pris la Bastille en chantant
    Construit la Tour Eiffel en flânant
    Les années ont passé doucement
    Mais Paris a gardé ses vingt ans
    La Seine a creusé son lit
    Entre les quais tout gris
    De Paris
    Il faut croire qu'elle s'y trouve bien
    Puisqu'elle est encore là
    Aujourd'hui

    Est-ce ceci ou cela autre chose ou bien quoi
    Je n'sais plus
    Pourquoi j'suis tellement ému
    En passant dans une rue
    De Paris





    Léo




    Violette




    Caroline