samedi 12 novembre 2016

Thierry Le Luron "Le ministère patraque" - Gaston Ouvrard "Je ne suis pas bien portant"



La mer en Alagarve


Le ministère patraque



Le dimanche 6 novembre à 23h30 France 2 a proposé

Un jour, un destin consacré à Thierry Le Luron

 L'humoriste mort   emporté par un cancer

en novembre 1986 à l'âge de 34 ans.


Comment alors ne pas offrir à mes bons élèves
 de IV D la chanson originale, utilisée dans
 cette vidéo par Thierry ?
Cela  va nous aider sans doute à  étudier
 le vocabulaire du corps humain.







Depuis que je suis militaire,
C'n'est pas rigolo entre nous,
Je suis d'une santé précaire,
Et je m'fais un mauvais sang fou,
J'ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés.

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
J'ai le ventre
Qui se rentre
J'ai l'pylore
Qui s'colore
J'ai le gosier
Anémié
L'estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
J'ai les hanches
Qui s'démanchent
L'épigastre
Qui s'encastre
L'abdomen
Qui s'démène
J'ai l'thorax
Qui s'désaxe
La poitrine
Qui s'débine
Les épaules
Qui se frôlent
J'ai les reins
Bien trop fins
Les boyaux
Bien trop gros
J'ai l'sternum
Qui s'dégomme
Et l'sacrum
C'est tout comme
J'ai l'nombril
Tout en vrille
Et l'coccyx
Qui s'dévisse

Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

Afin de guérir au plus vite,
Un matin tout dernièrement
Je suis allé à la visite
Voir le major du régiment.
D'où souffrez-vous ? qu'il m'a demandé.
C'est bien simpl' que j'y ai répliqué.

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
Et puis j'ai
Ajouté
Voyez-vous
C'n'est pas tout
J'ai les g'noux
Qui sont mous
J'ai l'fémur
Qu'est trop dur
J'ai les cuisses
Qui s'raidissent
Les guiboles
Qui flageolent
J'ai les ch'villes
Qui s'tortillent
Les rotules
Qui ondulent
Les tibias
Raplapla
Les mollets
Trop épais
Les orteils
Pas pareils
J'ai le cœur
En largeur
Les poumons
Tout en long
L'occiput
Qui chahute
J'ai les coudes
Qui s'dessoudent
J'ai les seins
Sous l'bassin
Et l'bassin
Qu'est pas sain

Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

Avec un' charmant' demoiselle
Je devais m'marier par amour.
Mais un soir comm' j'étais près d'elle,
En train de lui faire la cour,
Me voyant troublé, ell' me dit :
- Qu'avez vous ? moi j'lui répondis :

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
J'ai le ventre
Qui se rentre
J'ai l'pylore
Qui s'colore
J'ai gosier
Anémié
L'estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
J'ai les hanches
Qui s'démanchent
L'épigastre
Qui s'encastre
L'abdomen
Qui s'démène
J'ai l'thorax
Qui s'désaxe
La poitrine
Qui s'débine
Les épaules
Qui se frôlent
J'ai les reins
Bien trop fins
Les boyaux
Bien trop gros
J'ai l'sternum
Qui s'dégomme
Et l'sacrum
C'est tout comme
J'ai l'nombril
Tout en vrille
Et l'coccyx
Qui s'dévisse
Et puis j'ai
Ajouté
Voyez-vous
C'n'est pas tout
J'ai les g'noux
Qui sont mous
J'ai l'fémur
Qu'est trop dur
J'ai les cuisses
Qui s'raidissent
Les guiboles
Qui flageolent
J'ai les ch'villes
Qui s'tortillent
Les rotules
Qui ondulent
Les tibias
Raplapla
Les mollets
Trop épais
Les orteils
Pas pareils
J'ai le cœur
En largeur
Les poumons
Tout en long
L'occiput
Qui chahute
J'ai les coudes
Qui s'dessoudent
J'ai les seins
Sous l'bassin
Et l'bassin
Qu'est pas sain
En plus d'ça
J'vous l'cach' pas
J'ai aussi
Quel souci !
La luette
Trop fluette
L'oesophage
Qui surnage
Les gencives
Qui dérivent
J'ai l'palais
Qu'est pas laid
Mais les dents
C'est navrant
J'ai les p'tites
Qui s'irritent
Et les grosses
Qui s'déchaussent
Les canines
S'ratatinent
Les molaires
S'font la paire
Dans les yeux
C'est pas mieux
J'ai le droit
Qu'est pas droit
Et le gauche
Qu'est bien moche
J'ai les cils
Qui s'défilent
Les sourcils
Qui s'épilent
J'ai l'menton
Qu'est trop long
Les artères
Trop pépères
J'ai le nez
Tout bouché
L'trou du cou
Qui s'découd
Et du coup
Voyez-vous
J'suis gêné
Pour parler
C'est vexant
Car maint'nant
J'suis forcé
D'm'arrêter.

Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.


Coucher de soleil en Algarve




dimanche 6 novembre 2016

Xavier Forneret : Un pauvre honteux - Vapeurs, ni vers ni prose (1838)







Le Génie est comme le diamant :

 il brille dans l'ombre.




Alcazar (Séville) 


Xavier Forneret fu l'une des plus étranges figures du romantisme de l'ombre et de la marginalité. Dramaturge raté, poète déconcertant, il est l'auteur d'une série de petits ouvrages où les audaces formelles se conjuguent à l'humour noir pour évoquer la détresse des corps et des cerveaux 


Un pauvre honteux

Il l'a tirée
De sa poche percée,
Il l'a mise sous ses yeux ;
Il l'a bien regardée
En disant : "Malheureux !"

Il l'a soufflée
De sa bouche humectée ;
Il avait presque peur
D'une horrible pensée
Qui vient le prendre au coeur.

Il l'a mouillée
D'une larme gelée
Qui fondit au hasard ;
Sa chambre était trouée
Encor plus qu'un bazar.

Il l'a frottée,
Ne l'a pas réchauffée,
A peine il la sentait :
Car, par le froid pincée
Elle se retirait.

Il l'a pesée
Comme on pèse une idée,
En l'appuyant sur l'air.
Puis il l'a mesurée
Avec des fils de fer.

Il l'a touchée
De sa lèvre ridée,
D'un frénétique effroi
Elle s'est écriée :
Adieu, embrasse-moi !

Il l'a baisée.
Et après l'a croisée
Sur l'horloge du corps
Qui rendait, mal montée,
De mats et lourds accords.

Il l'a palpée
D'une main décidée
A la faire mourir.
- Oui, c'est une bouchée
Dont on peut se nourrir.

Il l'a pliée,
Il l'a cassée,
Il l'a placée,
Il l'a coupée,
Il l'a lavée,
Il l'a portée,
Il l'a grillée,
Il l'a mangée.

- Quand il n'était pas grand, on lui avait dit :
- Si tu as faim, mange une de tes mains.



Vapeurs ni vers ni prose, 1838.


"L'auteur de ce livre est quelquefois plus triste qu'une larme, jamais plus gai qu'un sourire; souvent plus en fièvre qu'une dent qui souffre, jamais plus calme qu'une feuille en équilibre sur une branche."






Marché de Tavira (Algarve)

vendredi 4 novembre 2016

Manu Chao : DENIA (La Vie Sur Terre)





ALCAZAR (SEVILLE)







Denia denia...
La vie sur terre, la vie sur terre…
Denia denia...
La vie sur terre, la vie sur terre…
Etc...
Etc…
Kouchi lazila enecheri…(X2)
Tout est nécessaire…(X2)
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Denia tasskonha aynik…
La vie habite tes yeux…
Denia tasskonha alkadba…
Cette vie est hantée de mensonges…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Kalbi adrab min chafek...
Mon coeur palpite de tes regards...
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha acharre…
La vie est vécue dans le mal…
Denia tasskonha alile…
La vie est vécue la nuit…
Kouchi lazila enecheri…(X2)
Tout est nécessaire…(X2)
Messkina Aljazair…(X2)
Pauvre Algérie…(X2)
Denia tasskonha alile…
La vie est vécue la nuit…
Denia tasskonha aynik…
La vie habite tes yeux…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Kalbi adrab min chafek...
Mon coeur palpite de tes regards...
Kouchi lazila enecheri…(X2)
Tout est nécessaire…(X2)
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha alkadba…
La vie est hantée de mensonges…
Denia asskonha hbile nasse…
La vie est complètement folle…
Denia asskonha charta…
La vie est sous le contrôle de la police…
Denia tasskonha choore…
La vie est habitée de sentiments…
Messkina Aljazair…(X5)
Pauvre Algérie…(X5)
Denia tasskonha alile…
La vie est vécue la nuit…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia asskonha charta…
La vie est sous le contôle de la police…
Refrain (Manu Chao) :
Refrain (Manu Chao) :
Denia denia, denia Algeria…
La vie la vie, la vie vécue en Algérie…
Denia denia, denia Aljazair…
La vie la vie, la vie vécue en Algérie…
(bis)
(bis)
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Denia tasskonha alile…
La vie est vécue la nuit…
Denia asskonha charta… (X2)
La vie est sous le contrôle de la police… (X2)
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Denia asskonha njoume…
La vie au milieu des étoiles…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Refrain (Manu Chao) : (une seule fois)
Refrain (Manu Chao) : (une seule fois)
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha choore…
La vie est habitée de sentiments…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia asskonha li bakat loilida…
La vie, et ce qu'il reste des mamans…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia asskonha hbile nasse…
La vie est complètement folle…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Refrain (Manu Chao) : (une seule fois)
Refrain (Manu Chao) : (une seule fois)
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha alkadba…
La vie est hantée de mensonges…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha choore…
La vie est habitée de sentiments…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia asskonha charre…
La vie est vécue dans le mal…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia asskonha li bakat loilida…
La vie, et ce qu'il reste des mamans…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha choore…
La vie est habitée de sentiments…
Messkina Aljazair…
Pauvre Algérie…
Denia tasskonha alkadba…
La vie est hantée de mensonges…
Denia tasskonha Aljazair…
La vie vécue en Algérie…
Messkina aljazair…(X5)
Pauvre Algérie…(X5)
Mmmmm, mmmmm……. . (Manu Chao)
Mmmmm, mmmmm……. . (Manu Chao)





ALCAZAR (SEVILLE)

mercredi 2 novembre 2016

Paolo Pasolini (2 novembre 1975 - 2 novembre 2016) : Ballata delle Madri










Ballata delle madri

Mi domando che madri avete avuto.
Se ora vi vedessero al lavoro
in un mondo a loro sconosciuto,
presi in un giro mai compiuto
d’esperienze così diverse dalle loro,
che sguardo avrebbero negli occhi?
Se fossero lì, mentre voi scrivete
il vostro pezzo, conformisti e barocchi,
o lo passate a redattori rotti
a ogni compromesso, capirebbero chi siete?

Madri vili, con nel viso il timore
antico, quello che come un male
deforma i lineamenti in un biancore
che li annebbia, li allontana dal cuore,
li chiude nel vecchio rifiuto morale.
Madri vili, poverine, preoccupate
che i figli conoscano la viltà
per chiedere un posto, per essere pratici,
per non offendere anime privilegiate,
per difendersi da ogni pietà.

Madri mediocri, che hanno imparato
con umiltà di bambine, di noi,
un unico, nudo significato,
con anime in cui il mondo è dannato
a non dare né dolore né gioia.
Madri mediocri, che non hanno avuto
per voi mai una parola d’amore,
se non d’un amore sordidamente muto
di bestia, e in esso v’hanno cresciuto,
impotenti ai reali richiami del cuore.

Madri servili, abituate da secoli
a chinare senza amore la testa,
a trasmettere al loro feto
l’antico, vergognoso segreto
d’accontentarsi dei resti della festa.
Madri servili, che vi hanno insegnato
come il servo può essere felice
odiando chi è, come lui, legato,
come può essere, tradendo, beato,
e sicuro, facendo ciò che non dice.

Madri feroci, intente a difendere
quel poco che, borghesi, possiedono,
la normalità e lo stipendio,
quasi con rabbia di chi si vendichi
o sia stretto da un assurdo assedio.
Madri feroci, che vi hanno detto:
Sopravvivete! Pensate a voi!
Non provate mai pietà o rispetto
per nessuno, covate nel petto
la vostra integrità di avvoltoi!

Ecco, vili, mediocri, servi,
feroci, le vostre povere madri!
Che non hanno vergogna a sapervi
– nel vostro odio – addirittura superbi,
se non è questa che una valle di lacrime.
E' così che vi appartiene questo mondo:
fatti fratelli nelle opposte passioni,
o le patrie nemiche, dal rifiuto profondo
a essere diversi: a rispondere
del selvaggio dolore di esser uomini.



[Da Pier Paolo PasoliniBestemmia. Tutte le poesievol. I, Garzanti, Milano 1993]