vendredi 8 avril 2016

« Dans mon jardin » - Manu Chao - Album Sibérie m’était contée (2004)


Un GROS MERCI à 

MARIE BERENGER



Castagnola cz




Dans mon jardin,
Il y a la poste, y'a mes copains,
La caissière du Félix Potin[1],
Dans mon jardin,
Il y a mon chien,
Il y a sa niche, il y a son vin,

Dans mon jardin,
Il y a les julots des Panoyaux[2],
Y'a des usines, y'a des poubelles,
Y'a les escrocs de la rue de Courcelles,

Dans mon jardin,
Il y a des touristes, Y'a des martiens,
Des coccinelles, et des cafards, des porcs, 
et des cages à lapins,
Moi je voudrais bien, un beau matin,
Qu'il y ait une fleur dans mon jardin (x3)

Dans mon jardin,
Y'a des avions, il y a des trains,
Des contrôleurs dans le souterrain,
Des autoroutes et des chemins,
Il y a la bécane[3] de mon frangin[4],

Dans mon jardin,
Moi je voudrais bien,
Qu'il y ait une fleur dans mon jardin, (x3)

Dans mon jardin,
Y'a des déserts sans lendemain,
Y'a des vieillards[5], y'a des gamins[6],
Y'a des grandes forêts de sapins,
Il y a de la houle[7] et du crachin[8].

Dans mon jardin,
Y'a des millions d'hommes en chaleur,
Il y a des jolies filles qui pleurent

Dans mon jardin,
Un beau matin,
Y'avait une fleur dans mon jardin (x3)

Dans mon jardin,
Les cons  s'y ramassent à la pelle,
Y'a plus de place dans ma poubelle,
Il y a de tout, il n'y a de rien,

Dans mon jardin,
Il y a des dortoirs, y'a des crachoirs,
Il y a même eu des fours crématoires,
Il y a des couloirs pleins de portraits,
Des gens qu'on n'excusera jamais,

Dans mon jardin,
Il y a la mer là-bas au loin
Un beau matin,
Y'avait une fleur dans mon jardin,
Moi je l'ai pas vue,
J'ai marché dessus,
Moi je l'ai pas vue,

Moi je voudrais bien. (x3)




[1] Félix Potain = grand magasin qui porte le nom de son fondateur « Félix Potin ».
[2] Des julots des Panoyaux = Des voyous de la rue des Panoyaux (rue de Paris).
[3] La bécane = synonyme familier de « moto ».
[4] Mon frangin = synonyme familier de « mon frère ».
[5] Des vieillards = des personnes âgées.
[6] Des gamins= des enfants.
[7] La houle = des vagues.
[8] Du crachin = pluie fine.






mercredi 6 avril 2016

"Les jours s'en vont je demeure" (Apollinaire) : Le Temps en Poésie








Objet d'étude 

Écriture poétique et quête du sens, 
du Moyen Âge à nos jours


Problématique 
Comment les poètes ont-ils exprimé leur mélancolie, voire leur angoisse, devant l'écoulement du temps et son corollaire, la mort ?

Objectifs :
     quels sentiments parfois contradictoires fait naître cette fuite du temps?
      par quels procédés, formes et langages poétiques les poètes rendent-ils compte de ce passage éternel du temps et de leurs propres émotions ?



Lectures :





Textes complémentaires :


HUGO : "Demain dès l'aube ..." Les contemplations (1856)

LAMARTINE : "Le lac" Les Méditations (1820)



Image du Blog dreamlovearts.centerblog.net






dimanche 3 avril 2016

EMMA SCHELSTRAETE II D ESABAC "FANATISME" VOLTAIRE (BAC BLANC)







BAC BLANC

Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.


FANATISME

Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique (…). 
Il n’y a  d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod qui assassine le roi Églon (1); de Judith qui coupe la tête d'Holopherne (2) en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag(3) : Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'antiquité, sont abominables dans le temps présent: ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne. 
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage: c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre. 
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant? (…)
Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne(4) qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède.
Car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité.



1)Eglon, roi des Moabites, ayant opprimé les Israélites pendant dix-huit ans, Dieu leur suscita un libérateur en la personne d'Aod 2)Holopherne est un personnage du livre de Judith (Ancien Testament) 3)Agag est un personnage secondaire du premier livre de Samue. l'un des livres constituant la Bible. 4)chef d’une secte orientale


Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764



COMPREHENSION

1) Quelle est la fonction des exemples tout au long du texte ?

Voltaire utilise les exemples pour expliciter ses convictions sur le fanatisme, il s’appuie sur ces exemples pour bien faire comprendre la signification de ce mot. Avec eux, Voltaire arrive à faire comprendre la notion de fanatisme. Ici, les exemples permettent également d’accentuer l’horreur du fanatisme en montrant que cela a existé et existe encore. Mais surtout grâce à ces exemples, Voltaire permet de mettre des mots et des images sur le fanatisme.

2) Retrouvez et analysez la métaphore filée des lignes 5 à 9.

Dans cet extrait, Voltaire compare le fanatisme à une maladie épidémique, « la peste des âmes », et l’esprit philosophique au remède contre cette maladie qu’est le fanatisme. Dans les lignes suivantes, Voltaire compare la religion à « un poison aux cerveaux infectés ». Pour lui la religion sous son apparence de remède contre le fanatisme, est en réalité un poison pour les plus faibles esprits (« les cerveaux infectés »). La religion se veut aide pour le peuple mais fait le contraire ; « elle se tourne en poison ». Il caractérise le fanatisme comme « une peste des âmes », ce qui veut dire que le fanatisme contamine l’esprit et se propage très vite.

INTERPRETATION

1) Repérer dans cet article du Dictionnaire la définition du terme fanatisme.  Reformulez cette définition.

Le fanatisme est le fait de vouer une adoration pour Dieu (ici) de manière exagérée et meurtrière. En effet, le fanatique est à la merci de sa folie, pour lui Dieu l’a choisi et le dirige. Pour le fanatique, il est esclave de Dieu, il ne doit écouter que Lui et répondre à ses demandes en assassinant cruellement, il soutient sa folie par le meurtre. Le fanatisme est l’exagération de l’adoration.

2) Quelles sont les valeurs défendues par Voltaire ? Commentez le dernier paragraphe.

Voltaire dit que la philosophie est une aide pour l’âme, elle aide à être bien dans son esprit, être en paix avec soi-même. Contrairement au fanatisme qui lui, est totalement  le contraire de l’esprit philosophique. La philosophie veut permettre de trouver la tranquillité ; le fanatisme est à l’encontre de l’esprit, le fanatique est torturé, fou : tout sauf tranquille.

REFLEXION PERSONELLE

« Qual può essere il diritto che si attribuiscono gli uomini di trucidare i loro simili ? » Cesare Beccaria Dei delitti e delle pene (1764)


La violence par les hommes sur les hommes est un fait qui a toujours existé et qui, aujourd’hui est encore bien présent. De tout temps, les hommes se sont battus, ont tué, torturé, pour des raisons de désaccords, de territoires, …
C’est une chose sur laquelle bien des philosophes ont réfléchi et écrit ; comme ici Cesare Beccaria mais aussi le philosophe français, Voltaire. C’est un sujet sur lequel il mérite de réfléchir car on ne retrouve cette soif de sang que chez l’espèce humaine, en effet les animaux ne se s’entretuent pas sans raison et ne torturent pas leurs semblables. Beaucoup d’hommes ont utilisé l’excuse de la religion pour permettre leur barbarie, par exemple, du 11e au 13e siècle, lors des Croisades, les chrétiens ont tué des centaines de musulmans au nom de Dieu.

 Beaucoup de tueries, de génocides sont dus aux différences que les hommes se trouvent (ethnie, couleur de peau, religion), comme le génocide rwandais, le massacre des juifs à la seconde guerre mondiale et, plus récemment les attentats de Paris ; tous ces évènements sont dus à la bêtise de l’homme, qui trouve de la peur dans les différences de ses semblables au lieu de trouver de la richesse.

Emma Schelstraete 





jeudi 31 mars 2016

FEDERICO PODANO et ALICE PRESTINT : " Un amour impossible" de Christine Angot (GONCOURT DES LYCEENS ITALIENS)




Un amour impossible, de Christine Angot

Un roman gâché

       Après plusieurs œuvres du même genre, Christine Angot nous a présenté à la rentrée littéraire de cette année un nouveau roman autobiographique, Un amour impossible, qui a attiré l’attention de la critique.

       L’amour en question est celui entre les parents de l’écrivaine, qui sont donc les vrais protagonistes du roman. Christine Angot nous raconte le développement de la relation difficile entre Rachel, sa mère, et Pierre, son père, du début jusqu’à la fin, en suivant une structure chronologique linéaire dans laquelle elle inclut forcément une grande partie de sa propre vie aussi. La richesse des détails nous permet de comprendre les phases de cet « amour impossible » et en général le rôle joué par les autres personnages. Cependant, l’intrigue ne manque pas de rebondissements qui créent une histoire plus captivante.

       Le style est la pierre d’achoppement de ce roman. Il n’y a pas  une seule phrase du livre qui ne soit pas calquée sur le langage orale : ce choix est peut-être compréhensible dans les dialogues, mais pas dans les autres parties de l’œuvre. Ce « réalisme de la langue » ne met pas en valeur les contenus du texte et rend la lecture presque fatigante dans certains passages : une entière chanson de Dalida transcrite au moment d’un bal, un long discours d’une femme allemande avec des « f » à la place des « v » et « ch » au lieu de « j » pour imiter sa prononciation imparfaite donnent du mal à lire plutôt que caractériser le contexte.

       Bien que l’auteure utilise la première personne sans interruption, même dans le début du roman (quand elle n’est pas encore née), elle ne raconte pas vraiment l’histoire de l’intérieur des faits ; par contre, elle regarde tous les événements de l’extérieur et laisse trop peu d’espace aux réflexions de la jeune Christine, qui portent la narration à un niveau plus profond, mais qui sont concentrées dans les toutes dernières pages. Les sentiments et les pensées de sa mère, en revanche, sont bien mises en évidence et le regard du narrateur est presque toujours fixé sur elle. Par conséquent, le seul personnage du roman avec lequel on arrive à trouver une réelle empathie est celui de Rachel, alors que Christine, quoiqu’elle soit bien plus qu’une figurante, ne nous laisse rien et se révèle parfois désagréable.

       En conclusion, la matière et les thèmes de ce roman donnent au lecteur de bonnes occasions de méditation, mais on ne peut pas vraiment considérer Un amour impossible une œuvre inoubliable.


Federico Podano










Rachel, jeune femme juive, “Un amour impossible” … à écrire et à lire!

Rachel, jeune femme juive et appartenante à une classe sociale basse, a une relation pleine de passion avec Pierre, homme cultivé et issu d’une riche famille.
Bien qu'ils aient un enfant, c'est-à-dire Christine, Pierre, afin de conserver sa liberté, refuse d’épouser Rachel et de reconnaître Christine comme sa fille.
Pendant les premières années de vie de Christine, mère et fille développent une forte affection l'une pour l'autre, et leur rapport est l'une des rares choses qui apportent du bonheur à toutes les deux.
Mais qu'est-ce qui arrivera quand Pierre décidera de recommencer à faire partie de leurs vies? Est-ce que le rapport entre la mère et la fille se détériorera? Mais surtout: comment Christine pourra-t-elle continuer à vivre après l’atrocité que son père aura commise envers elle, sa propre fille?
Ce roman  autobiographique  de Christine Angot touche des thématiques et des situations délicates et bien difficiles à écrire, surtout si on considère que l'auteur les a vécues en première personne. Il semble que l’auteur ne soit pas vraiment à son aise et qu'elle trouve beaucoup de difficulté à présenter les personnages, dont l’aspect psychologique résulte parfois seulement ébauché.
Par conséquent, c'est dur pour le lecteur de se reconnaître dans les personnages et de les comprendre complètement.
En plus, l’architecture du roman n’aide pas  du tout le lecteur pendant la lecture: la première moitié du livre procède très lentement, alors que, quand on arrive au moment de la découverte des actions du père sur la fille, le rythme s’accélère brusquement, au point que, dans deux ou trois pages, on parcourt des décades entières de la vie de Christine.
À cause de cette raison, on peut avoir la perception que la protagoniste se conduise de manière étrange, et le livre résulte un peu incohérent.
En outre, c'est vrai que le registre linguistique approprié pour ce genre de romans ne doit pas être trop élevé, mais le style de ce livre semble être un peu trop près du quotidien, et il y a un peu trop d’expressions argotiques.
Les dialogues entre les personnages sont souvent banaux, monotones et ennuyeux, et parfois le livre se concentre un peu trop sur des détails qui sont secondaires, en laissant de côté des aspects plus dignes d'être approfondis. Même le sujet principal du livre est seulement ébauché et le résultat n'est pas celui d’une recherche de délicatesse, mais d’un effet de superficialité.
Pour conclure, on peut apercevoir le grand effort de Christine Angot dans ce roman et on peut même l’excuser, du moment que n’importe qui aurait trouvé difficile de raconter d’une expérience si mauvaise, mais on ne peut pas affirmer que son livre est  bien réussi.
appartenant à une classe sociale basse, a une relation pleine de passion avec Pierre, homme cultivé et issu d’une riche famille.
Bien qu'ils aient un enfant, c'est-à-dire Christine, Pierre, afin de conserver sa liberté, refuse d’épouser Rachel et de reconnaître Christine comme sa fille.
Pendant les premières années de vie de Christine, mère et fille développent une forte affection l'une pour l'autre, et leur rapport est l'une des rares choses qui apportent du bonheur à toutes les deux.
Mais qu'est-ce qui arrivera quand Pierre décidera de recommencer à faire partie de leurs vies? Est-ce que le rapport entre la mère et la fille se détériorera? Mais surtout: comment Christine pourra-t-elle continuer à vivre après l’atrocité que son père aura commise envers elle, sa propre fille?
Ce roman  autobiographique  de Christine Angot touche des thématiques et des situations délicates et bien difficiles à écrire, surtout si on considère que l'auteur les a vécues en première personne. Il semble que l’auteur ne soit pas vraiment à son aise et qu'elle trouve beaucoup de difficulté à présenter les personnages, dont l’aspect psychologique résulte parfois seulement ébauché.
Par conséquent, c'est dur pour le lecteur de se reconnaître dans les personnages et de les comprendre complètement.
En plus, l’architecture du roman n’aide pas  du tout le lecteur pendant la lecture: la première moitié du livre procède très lentement, alors que, quand on arrive au moment de la découverte des actions du père sur la fille, le rythme s’accélère brusquement, au point que, dans deux ou trois pages, on parcourt des décades entières de la vie de Christine.
À cause de cette raison, on peut avoir la perception que la protagoniste se conduise de manière étrange, et le livre résulte un peu incohérent.
En outre, c'est vrai que le registre linguistique approprié pour ce genre de romans ne doit pas être trop élevé, mais le style de ce livre semble être un peu trop près du quotidien, et il y a un peu trop d’expressions argotiques.
Les dialogues entre les personnages sont souvent banaux, monotones et ennuyeux, et parfois le livre se concentre un peu trop sur des détails qui sont secondaires, en laissant de côté des aspects plus dignes d'être approfondis. Même le sujet principal du livre est seulement ébauché et le résultat n'est pas celui d’une recherche de délicatesse, mais d’un effet de superficialité.

Pour conclure, on peut apercevoir le grand effort de Christine Angot dans ce roman et on peut même l’excuser, du moment que n’importe qui aurait trouvé difficile de raconter une expérience si mauvaise, mais on ne peut pas affirmer que son livre est  bien réussi.


Alice Prestint

lundi 28 mars 2016

Les Enfoirés 2016 Liberté de Paul Eluard




Firenze 






Liberté

Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur

Sur l’étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l’orage

Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume

Sur la lampe qui s’éteint

Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attentives

Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

PAUL ELUARD