dimanche 20 décembre 2015

Pralongià, Val Badia : Un nid sous le ciel bleu des Dolomites






PRALONGIA : 
À 2000 mètres d'altitude,
 le Paradis n'est pas si loin 




Lieu de repos et de pensée 





Routes menant  nowhere





même les bancs sont éternels  




buissons hivernaux  pleins de vie 




panneaux qui  swinguent

...

Non! Le Paradis n'est pas si loin !


vendredi 18 décembre 2015

Théophile Gautier La rose-thé





III D ESABAC 

Voici notre prochain 

ITINERAIRE CULTUREL 

après 

LE ROMANTISME : 
L'EXPRESSION DU MAL DU SIECLE 



DE LA POESIE ROMANTIQUE
 AU SURREALISME




La rose-thé


La plus délicate des roses
Est, à coup sûr, la rose-thé.
Son bouton aux feuilles mi-closes
De carmin à peine est teinté.

On dirait une rose blanche
Qu'aurait fait rougir de pudeur,
En la lutinant sur la branche,
Un papillon trop plein d'ardeur.

Son tissu rose et diaphane
De la chair a le velouté ;
Auprès, tout incarnat se fane
Ou prend de la vulgarité.

Comme un teint aristocratique
Noircit les fronts bruns de soleil,
De ses soeurs elle rend rustique
Le coloris chaud et vermeil.

Mais, si votre main qui s'en joue,
A quelque bal, pour son parfum,
La rapproche de votre joue,
Son frais éclat devient commun.

Il n'est pas de rose assez tendre
Sur la palette du printemps,
Madame, pour oser prétendre
Lutter contre vos dix-sept ans.

La peau vaut mieux que le pétale,
Et le sang pur d'un noble coeur
Qui sur la jeunesse s'étale,


De tous les roses est vainqueur 

Théophile Gautier Émaux et Camées (1852)


Questions de lecture analytique


1 Relevez dans le poème les notations de couleur. Que nous indiquentelles sur la couleur des roses-thé ?



2 Étudiez les mouvements du poème. Que constatez-vous ?



3 À qui s’adresse ce poème ?



4 La comparaison entre la fleur et la jeune fille est-elle originale ?



5 Question d’ensemble : Dans quelle mesure le poème de Gautier

constitue-t-il un art poétique masqué ? Vous composerez un plan en
trois parties progressives (soit trois axes allant du plus évident au
plus subtil) pour répondre à cette question. Vous justifierez le choix
de chaque titre de vos trois axes.









Réponses

1 On relève un certain nombre de couleurs dans le poème de Gautier.
Tout d’abord, Gautier évoque le carmin et l’incarnat qui correspondent
aux teintes de rouge et rouge foncé. Cependant, s’il cite ces couleurs,
ce n’est pas précisément parce que les roses-thé sont rouges,
mais parce qu’elles portent la trace de ces teintes sur leurs pétales.
Ainsi, l’expression « De carmin à peine est teintée » suggère la délicate
présence du rouge dans la couleur des roses-thé. Les notations
de couleur indiquent également la teinte rosée de la fleur, et l’image
de la seconde strophe fournit un renseignement sur la rose en question.
Elle est en effet d’un rose pâle, « diaphane », c’est-à-dire délicat
et transparent.
2 Gautier procède en deux temps dans son poème. Tout d’abord il
décrit la fleur évoquée dans le titre, avec des termes mélioratifs
et des expressions hyperboliques, telles que « la plus délicate des
roses » qui repose ici sur un superlatif (« la plus »). Le portrait de la
rose repose sur un jeu subtil de comparaisons qui indique la difficulté
à dire précisément la couleur de cette fleur délicate. Les quatre premières
strophes constituent donc une variation poétique et descriptive
sur la rose. Dans ce premier mouvement, l’on constate déjà la pré-
sence de comparaisons et de métaphores qui personnifient la fleur.
Cet aspect est confirmé par le second mouvement du poème, formé
par les trois dernières strophes. L’adversatif « mais » indique en effet
un changement, une nuance dans la signification du poème. Théophile
Gautier change d’objet et compare la fleur au teint d’une jeune
fille. On comprend alors que l’éloge de la rose préparait un compliment
plus fort encore : la beauté sans pareille d’une jeune fille de
dix-sept ans. On a donc ici un double portrait, celui d’une rose et celui
d’une jeune femme.
3 Le poème est adressé à une jeune fille, comme le suggère le système
des pronoms. On relève ainsi les formules « votre main » et « vos dixsept
ans » qui indiquent explicitement l’adresse. Ici Théophile Gautier
se situe dans une tradition pétrarquiste qui consiste à faire l’éloge
d’une jeune femme en faisant le portrait flatteur d’une fleur ou d’un
bel objet. La rose-thé est donc offerte à une inconnue dont on ignore
l’identité. Appliquant les principes du Parnasse, Théophile Gautier
reste assez distant avec l’objet qu’il décrit comme avec le compliment
qu’il cisèle. Il ne fait appel ni au lyrisme ni à l’expression d’une douleur.
L’adresse à la jeune femme reste courtoise et polie, recourant à
une rhétorique simple et tendre.
4 Le choix de Gautier s’inscrit dans une tradition poétique connue
depuis l’Antiquité. Il s’agit de faire le portrait d’une jeune femme en
s’appuyant sur des comparaisons naturelles ou végétales. Ici Gautier
part d’une rose-thé pour dessiner la beauté de la jeune femme. Le
poète italien Pétrarque, mais aussi Pierre de Ronsard, ont employé
© Cned – Académie en ligne
Séquence 6 – FR20 31
cette formule. De façon implicite, Théophile Gautier rend donc hommage
à une tradition littéraire et applique l’un des principes de la
poésie parnassienne qui consiste à vouer un culte à la forme parfaite,
héritée des siècles passés, et notamment de la poésie des XVIe et
XVIIe siècles. Paul Verlaine, dans certains de ses recueils, aura recours
aux mêmes sources d’inspiration.
5 Question d’ensemble : Dans quelle mesure le poème de Gautier
constitue-t-il un art poétique masqué ?
Voici une proposition de plan, qui tout en prenant en compte les diffé-
rents niveaux de lecture, répond à la question posée.
I. Portrait d’une rose
Une première lecture du poème laisse supposer que Gautier décrit une
rose dont la teinte si particulière est pour lui source d’inspiration. Il se
situe d’emblée dans la tradition poétique qui fait des motifs floraux un
lieu commun de la poésie sentimentale et lyrique.
II. Portrait d’une femme
Mais ce portrait de la rose sert de contrepoint au portrait d’une femme,
qui se dessine par comparaison avec la fleur. Là encore, Gautier explore
le motif de la femme et de la rose, de la beauté naturelle comme signe
d’élection. Le portrait qui apparaît est louangeur, et l’on relève de nombreuses
formules mélioratives qui font penser à l’art du blason.
III. Principes du Parnasse
L’on peut finalement lire ce poème dans une perspective métalittéraire
(c’est-à-dire qui dépasse le cadre de la fiction littéraire), et, sous l’apparence
d’un poème d’amour, Gautier applique les principes du Parnasse
et en formule les règles implicitement. En effet, Gautier nous fournit des
clés de lecture pour décrypter sa théorie de l’Art pour l’Art : la poésie
n’a pas d’autre but qu’elle-même, elle est conçue pour créer la beauté
musicale et visuelle.






mercredi 16 décembre 2015

Molière : "Le malade imaginaire"







Argan, le malade imaginaire, s'apprête non seulement à contraindre sa fille à épouser contre son gré un médecin, mais également à spolier ses propres enfants de leur héritage légitime au profit de sa seconde femme, Béline, intrigante sans scrupule appâtée par le gain. Fort heureusement, le dénouement fera triompher le bon sens et le rire salutaire, comme dans toute grande comédie.






La pièce connaîtra quatre représentations triomphales, avec Molière dans le rôle-titre. C'est à l'issue de la dernière qu'il trouve la mort. Un an plus tard, à Versailles, le 18 juillet 1674, Le Malade imaginaire remporte un triomphe devant le roi et la cour. À seule fin d'empêcher que la pièce ne tombe dans le domaine public et ne soit montée par d'autres, la troupe de Molière décide de différer la publication, et le texte ne sera imprimé qu'en 1682. 



·  Argan, riche bourgeois qui se dit malade.
·  Angélique et la petite Louison, ses filles nées d'un premier mariage.
·  Béline, sa seconde femme.
·  Béralde, son frère.
·  Toinette, sa servante.
·  Cléante, amoureux d'Angélique.
·  M. Diafoirus, médecin.
·  Thomas, son fils.
·  M. Purgon, médecin d'Argan.



Le Malade imaginaire
Acte III
Situation : Béralde, le frère d’Argan, a empêché Argan de prendre le clystère de M. Purgon.
Scène 5 - MONSIEUR PURGON, ARGAN, BERALDE, TOINETTE

MONSIEUR PURGON - Je viens d'apprendre là-bas, à la porte, de jolies nouvelles; qu'on se moque ici de mes ordonnances, et qu'on a fait refus de prendre le remède que j'avais prescrit.
ARGAN - Monsieur, ce n'est pas...
MONSIEUR PURGON - Voilà une hardiesse bien grande, une étrange rébellion d'un malade contre son médecin!
TOINETTE - Cela est épouvantable!
MONSIEUR PURGON - Un clystère[1] que j'avais pris plaisir à composer moi-même.
ARGAN - Ce n'est pas moi...
MONSIEUR PURGON - Inventé et formé dans toutes les règles de l'art.
TOINETTE - Il a tort.
MONSIEUR PURGON - Et qui devait faire dans les entrailles[2] un effet merveilleux.
ARGAN - Mon frère...
MONSIEUR PURGON - Le renvoyer avec mépris!
ARGAN - C'est lui...
MONSIEUR PURGON - C'est une action exorbitante[3]!
TOINETTE - Cela est vrai.
MONSIEUR PURGON - Un attentat énorme contre la médecine!
ARGAN - Il est cause...
MONSIEUR PURGON - Un crime de lèse-Faculté[4], qui ne se peut assez punir!
TOINETTE - Vous avez raison.
MONSIEUR PURGON - Je vous déclare que je romps commerce avec vous.
ARGAN - C'est mon frère...
MONSIEUR PURGON - Que je ne veux plus d'alliance avec vous.
TOINETTE - Vous ferez bien.
MONSIEUR PURGON - Et que, pour finir toute liaison avec vous, voilà la donation que je faisais à mon neveu, en faveur du mariage.
ARGAN - C'est mon frère qui a fait tout le mal.
MONSIEUR PURGON - Mépriser mon clystère!
ARGAN - Faites-le venir, je m'en vais le prendre.
MONSIEUR PURGON - Je vous aurais tiré d'affaire avant qu'il fût peu.
TOINETTE - Il ne le mérite pas.
MONSIEUR PURGON - J'allais nettoyer votre corps et en évacuer entièrement les mauvaises humeurs[5].
ARGAN - Ah! Mon frère!
MONSIEUR PURGON - Et je ne voulais plus qu'une douzaine de médecines pour vider le fond du sac.
TOINETTE - Il est indigne de vos soins.
MONSIEUR PURGON - Mais, puisque vous n'avez pas voulu guérir par mes mains...
ARGAN - Ce n'est pas ma faute.
MONSIEUR PURGON - Puisque vous vous êtes soustrait de l'obéissance que l'on doit à son médecin...
TOINETTE - Cela crie[6] vengeance.
MONSIEUR PURGON - Puisque vous vous êtes déclaré rebelle aux remèdes que je vous ordonnais...
ARGAN - Ah! Point du tout.
MONSIEUR PURGON - J'ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à l'intempérie[7] de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l'âcreté de votre bile, et à la féculence de vos humeurs.
TOINETTE - C'est fort bien fait.
ARGAN - Mon Dieu!
MONSIEUR PURGON - Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable.
ARGAN - Ah! Miséricorde!
MONSIEUR PURGON - Que vous tombiez dans la bradypepsie[8].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - De la bradypepsie dans la dyspepsie[9].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - De la dyspepsie dans l'apepsie[10].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - De l'apepsie dans la lienterie[11].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - De la lienterie dans la dysenterie[12].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - De la dysenterie dans l'hydropisie[13].
ARGAN - Monsieur Purgon!
MONSIEUR PURGON - Et de l'hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura conduit votre folie.


[1] Un lavement d’eau (parfois additionné d’un médicament) injecté dans le rectum pour nettoyer les intestins.
[2] Ici, les intestins
[3] Ici, extravagante, extraordinaire, qui choque par son caractère exagéré
[4] Au lieu de lèse-majesté, ici fait référence à la Faculté de médecine
[5] « Substance liquide sécrétée par un organisme vivant », CNRTL
[6] Appelle
[7] « Mauvaise constitution des humeurs du corps », CNRTL
[8] Digestion lente et difficile.
[9] Trouble fonctionnel de la digestion, d’origine variable.
[10] Trouble de la digestion dû à une sécrétion insuffisante.
[11] Forme de diarrhée où les aliments sont rejetés incomplètement digérés.
[12] Inflammation intestinale grave, maladie infectieuse caractérisée par de violentes diarrhées.
[13] Accumulation de liquide dans une partie du corps.

lundi 14 décembre 2015

Chantons Noël: Vive le vent - Mon beau sapin - Petit Papa Noël







Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche
Un vieux monsieur s'avance
Avec sa canne dans la main
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance
Qu'il chantait petit enfant :

{Refrain:}
Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts...
Oh ! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver
Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère...


Et le vieux monsieur
Descend vers le village,
C'est l'heure où tout est sage
Et l'ombre danse au coin du feu
Mais dans chaque maison
Il flotte un air de fête
Partout la table est prête
Et l'on entend la même chanson :
{au Refrain}



Joyeux, joyeux Noël
Aux mille bougies
Quand chantent vers le ciel
Les cloches de la nuit,
Oh ! Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui rapporte aux vieux enfants
Leurs souvenirs d'hier...



Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère !
Vive le vent d'hiver !






Mon beau sapin, roi des forêts
Que j'aime ta verdure !
Quand par l'hiver, bois et guérets
Sont dépouillés de leurs attraits
Mon beau sapin, roi des forêts
Tu gardes ta parure.

Toi que Noël planta chez nous
Au saint anniversaire,
Mon beau sapin, comme il est doux
De te voir briller par nous,
{variante:
Mon beau sapin, comme ils sont doux
et tes bonbons et tes joujoux}
Toi que Noël planta chez nous
Scintillant de lumière.

Mon beau sapin tes verts sommets
Et leur fidèle ombrage
De la foi qui ne ment jamais
De la constance et de la paix.
Mon beau sapin tes verts sommets
M'offrent la douce image.









C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc

Et les yeux levés vers le ciel,

A genoux, les petits enfants,
Avant de fermer les paupières,
Font une dernière prière.

{Refrain:}
Petit Papa Noël
Quand tu descendras du ciel
Avec des jouets par milliers
N'oublie pas mon petit soulier

Mais, avant de partir,
Il faudra bien te couvrir
Dehors tu vas avoir si froid
C'est un peu à cause de moi

Il me tarde tant que le jour se lève
Pour voir si tu m'as apporté
Tous les beaux joujoux que je vois en rêve
Et que je t'ai commandés

{Refrain}

Le marchand de sable est passé
Les enfants vont faire dodo
Et tu vas pouvoir commencer
Avec ta hotte sur le dos
Au son des cloches des églises
Ta distribution de surprises

Et quand tu seras sur ton beau nuage
Viens d'abord sur notre maison
Je n'ai pas été tous les jours très sage
Mais j'en demande pardon

{Refrain}
Petit Papa Noël...









HISTOIRE ET TRADITIONS