jeudi 20 novembre 2014

L'écrivain d' Alexandre Poulin




Une histoire de confiance 

Et de crayons


  que j'offrirais volontiers à mes élèves


  et que je dédie à ma très chère prof










Une beau poème  de ce chanteur québécois ...

avec quelques difficultés  de vocabulaire







L'écrivain

J'ai grandi pas loin d'ici
Dans le 3ème arrondissement
Où les rêves se font endormis
Une fois debout on a plus le temps

Mon père gagnait sa vie
A l'usine de Camaro
Pareil comme son père avant lui
Même que y posait le même morceau

Ma mère faisait des ménages
Moi je rêvais d'être écrivain
Et pis de pelleter des nuages
Pour que le soleil brille enfin

Mais j'étais si mauvais à l'école
Que je pensais pas que j'y arriverais
J'étais pas de ceux qu'on traitait de bol
Même quand je donnais tout ce que j'avais

Mais y avait monsieur Desilet
Un prof fin et disponible
Qui m'avait pris sous son aile
Et croyait en mon talent subtile

Dommage ça n'allait rien changer
Je coulerais le test du ministère
Lundi j'enverrais mon CV
A l'usine de mon père

Mais la veille de l'examen final
Le bon monsieur Desilet
M'a tendu un crayon banal
Roulé dans un velours épais

Et puis tout en fixant ma main
Il  a dit "ce crayon-là, il est magique
Prend le demain pour l'examen
Il sait les réponses et les répliques"

Je suis pas du genre a croire tout ce qu'on me dit
Mais mon prof inspirait confiance
Et je voulais croire un peu aussi
Que j'avais  peut-être encore une chance

D'ailleurs à la seconde où je l'ai pris
J'ai senti comme un changement
J'vous jure que je vous conte pas de mentries (mensonges)
Non, le crayon était vivant

Et contre toutes mes espérances
Il écrivait pratiquement tout seul
Sans blague c'avait presque pas de sens
De le voir danser sur les feuilles

J'ai donc passer mon examen
Comme un petit test de routine
Avec quelque chose comme 80
Presque aussi haut que mon estime

Oh j'aurais du rendre le crayon
J'étais quand même pas un voleur
Mais pour une fois que je me trouvais bon
Pis que l'avenir était en couleur

J'ai mis le stylo dans ma poche
Pis je suis parti en courant
La conscience aussi lourde qu'une roche
Qu'on brise pour en faire du ciment

Et au fil des années
Je suis devenu l'auteur que j'espérais
J'ai même vendu dans le monde entier
Tous mes bouquins et mes essais

Et avec le sentiment étrange
Qu'au fond j'avais rien accompli
Le crayon vainquait les pages blanches
Moi je n'étais que son outil

Je me suis mis a boire plus qu'il ne faut
Pour oublier que je n'étais rien
Que je roulais dans une Camaro
Sur laquelle mon père s'usait les mains

En plus j'avais toujours peur
Qu'on me vole mon précieux crayon
Ou que me dénonce mon professeur
Là s'en serait vraiment fini pour de bon

Il m'a retrouvé hier soir
A une séance de dédicace
Tout autour de ses yeux noirs
Le temps avait laissé sa trace

Je lui devais mon succès
Et des excuses comme de raison
J'ai dit "monsieur Desilet
Vous venez chercher votre crayon"

Il m'a sourit tristement
En disant "t'as toujours pas compris
Il est dans ta tête ton grand talent
Le stylo venait de chez uniprix"

"Laisse-moi te regarder maintenant
Je suis si fier de toi
Y a pas un seul de tes romans
Que j'ai pas lu au moins 3 fois"

Moi je me suis levé d'un coup
J'en croyais juste pas mes oreilles
J'ai pris mon vieux prof par le cou
La vérité me donnait des ailes

Tellement qu'en arrivant chez moi
J'ai jeté le stylo par la fenêtre
La lumière brillait sur les toits
Et les mots dansaient dans ma tête

J'ai pas fermé l'oeil de la nuit
Non, j'ai écrit sans m'arrêter
Le nombre de feuilles que j'ai noircies
Je pourrais même pas les compter

Ça raconte l'histoire d'un petit gars
Qu'y avait tellement pas confiance en lui
Qui trouve plus facile de croire
Qu'un crayon peux faire de la magie

Car dans le 3ème arrondissement
Les rêves volent pas très haut
On les laisse traîner sur un banc
Devant l'usine de Camaro

Et comme on entend la machinerie
Crier jusque dans la cour d'école
On comprend vite dès qu'on est petit
Qu'y a juste les oiseaux qui s'envolent






mardi 18 novembre 2014

Grand Corps Malade (Fabien Marsaud) : "Les voyages en train", "Rencontres" avec "Patients", son premier livre




  




Grand Corps Malade, de son nom de scène, Fabien Marsaud, de son

vrai nom,  est un auteur et slameur français. Il est surtout connu pour

avoir popularisé  le style musical du slam. Fabien viens de sortir son

premier livre, où il nous fait  partager ses sentiments et son vécu

durant son année de convalescence, dans  un centre de rééducation

pour handicapés lourds.





J'crois que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.

Les trains démarrent souvent au moment où l'on s'y attend le moins,
Et l'histoire d'amour t'emporte sous l'oeil impuissant des témoins,
Les témoins c'est tes potes qui te disent au revoir sur le quai,
Ils regardent le train s'éloigner avec un sourire inquiet,

Toi aussi tu leur fais signe et tu imagines leurs commentaires,
Certains pensent que tu te plantes et que t'as pas les pieds sur terre,
Chacun y va de son pronostic sur la durée du voyage,
Pour la plupart le train va dérailler dès le premier orage.

Le grand amour change forcément ton comportement,
Dès le premier jour faut bien choisir ton compartiment,
Siège couloir ou contre la vitre il faut trouver la bonne place,
Tu choisis quoi une love story de première ou de seconde classe.

Dans les premiers kilomètres tu n'as d'yeux que pour son visage,
Tu calcules pas derrière la fenêtre le défilé des paysages,
Tu te sens vivant tu te sens léger tu ne vois pas passer l'heure,
T'es tellement bien que t'as presque envie d'embrasser le contrôleur.

Mais la magie ne dure qu'un temps et ton histoire bât de l'aile,
Toi tu te dis que tu n'y est pour rien et que c'est sa faute à elle,
Le ronronnement du train te saoule et chaque virage t'écoeure,
Faut que tu te lèves que tu marches tu vas te dégourdir le coeur.

Et le train ralentit et c'est déjà la fin de ton histoire,
En plus t'es comme un con tes potes sont restés à l'autre gare,
Tu dis au revoir à celle que tu appelleras désormais ton ex,
Dans son agenda sur ton nom elle va passer un coup de tipex.

C'est vrai que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.

Pour beaucoup la vie se résume à essayer de monter dans le train,
A connaître ce qu'est l'amour et se découvrir plein d'entrain,
Pour beaucoup l'objectif est d'arriver à la bonne heure,
Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur.

Il est facile de prendre un train encore faut il prendre le bon,
Moi je suis monté dans deux trois rames mais c'était pas le bon wagon,
Car les trains sont capricieux et certains sont inaccessibles,
Et je ne crois pas tout le temps qu'avec la SNCF c'est possible.

Il y a ceux pour qui les trains sont toujours en grèves,
Et leurs histoires d'amour n'existent que dans leurs rêves,
Et y'a ceux qui foncent dans le premier train sans faire attention,
Mais forcément ils descendront dessus à la prochaine station,


Y'a celles qui flippent de s'engager parce qu'elles sont trop émotives,
Pour elles c'est trop risqué de s'accrocher à la locomotive,
Et y'a les aventuriers qu'enchaînent voyages sur voyages,
Dès qu'une histoire est terminée ils attaquent une autre page.

Moi après mon seul vrai voyage j'ai souffert pendant des mois,
On s'est quitté d'un commun accord mais elle était plus d'accord que moi,
Depuis je traîne sur les quais je regarde les trains au départ,
Y'a des portes qui s'ouvrent mais dans une gare je me sent à part.

Il parait que les voyages en train finissent mal en général,
Si pour toi c'est le cas accroche toi et garde le moral,
Car une chose est certaine y'aura toujours un terminus,
Maintenant tu es prévenu la prochaine fois tu prendras le bus.







lundi 17 novembre 2014

Michel Tournier "Vendredi ou la vie sauvage"


   






    Voici une bonne lecture pour les classes

de V D et I D ESABAC

avec l'aide de Madame Elisa Capasso en anglais.

 



"A la fin de l'après-midi du 29 septembre 1759, le ciel noircit tout à coup dans la région de l'archi­pel Juan Fernandez, à six cents kilomètres environ au large des côtes du Chili. L'équipage de La Virginie se rassembla sur le pont pour voir les petites flammes qui s'allumaient à l'extrémité des mâts et des vergues du navire. C'était des feux Saint-Elme, un phénomène dû à l'électricité atmos­phérique et qui annonce un violent orage. Heureu­sement, La Virginie sur laquelle voyageait Robinson n'avait rien à craindre, même de la plus forte tempête. C'était une galiote hollandaise, un bateau plutôt rond, avec une mâture assez basse, donc lourd et peu rapide, mais d'une stabilité extraor­dinaire par mauvais temps. Aussi le soir, lorsque le capitaine van Deyssel vit un coup de vent faire éclater l'une des voiles comme un ballon, il ordonna à ses hommes de replier les autres voiles et de s'enfermer avec lui à l'intérieur, en attendant que ça se passe. Le seul danger qui était à craindre,  c'était des récifs ou des bancs de sable, mais la carte n'indiquait rien de ce genre, et il semblait que La Virginie pouvait fuir sous la tempête pen­dant des centaines de kilomètres sans rien ren­contrer.
 Aussi le capitaine et Robinson jouaient-ils aux cartes tranquillement pendant qu'au-dehors l'ou­ragan se déchaînait. On était au milieu du XVIIIe siècle, alors que beaucoup d'Européens — principalement des Anglais — allaient s'installer en Amérique pour faire fortune. Robinson avait laissé à York sa femme et ses deux enfants, pour explorer l'Amérique du Sud et voir s'il ne pourrait pas organiser des échanges commerciaux fructueux entre sa patrie et le Chili. Quelques semaines plus tôt, La Virginie avait contourné le continent amé­ricain en passant bravement le terrible cap Horn. Maintenant, elle remontait vers Valparaiso où Robinson voulait débarquer.




— Ne croyez-vous pas que cette tempête va beaucoup retarder notre arrivée au Chili? demanda-t-il au capitaine en battant les cartes.
Le capitaine le regarda avec un petit sourire ironique en caressant son verre degenièvre, son alcool préféré. Il avait beaucoup plus d'expérience que Robinson et se moquait souvent de son impa­tience de jeune homme.
— Quand on entreprend un voyage comme celui que vous faites, lui dit-il après avoir tiré une bouffée de sa pipe, on part quand on le veut, mais on arrive quand Dieu le veut.
Puis il déboucha un tonnelet de bois où il gar­dait son tabac, et il y glissa sa longue pipe de porcelaine.
— Ainsi, expliqua-t-il, elle est à l'abri des chocs et elle s'imprègne de l'odeur mielleuse du tabac.
II referma son tonnelet à tabac et se laissa aller paresseusement en arrière.
— Voyez-vous, dit-il, l'avantage des tempêtes, c'est qu'elles vous libèrent de tout souci. Contre les éléments déchaînés, il n'y a rien à faire. Alors on ne fait rien. On s'en remet au destin.
A ce moment-là, le fanal suspendu à une chaîne qui éclairait la cabine accomplit un violent arc de cercle et éclata contre le plafond. Avant que l'obs­curité totale se fasse, Robinson eut encore le temps de voir le capitaine plonger la tête la première par-dessus la table. Robinson se leva et se dirigea vers la porte. Un courant d'air lui apprit qu'il n'y avait plus de porte. Ce qu'il y avait de plus terrifiant après le tangage et le roulis qui duraient depuis plusieurs jours, c'était que le navire ne bougeait plus du tout. Il devait être bloqué sur un banc de sable ou sur des récifs. Dans la vague lueur de la pleine lune balayée par des nuages,  Robinson distingua sur le pont un groupe d'hommes qui s'efforçaient de mettre à l'eau un canot de sauve­tage. Il se dirigeait vers eux pour les aider, quand un  choc formidable ébranla le navire.  Aussitôt après, une vague gigantesque croula sur le pont et balaya tout ce qui s'y trouvait, les hommes comme le matériel."  (Chap. I p 9-11)
  








 

samedi 15 novembre 2014

L'art et le désir amoureux au XIXe siècle : cours de M. Philippe Laudou, le samedi 22 novembre 2014





 M. Philippe Laudou, 

Prof de Littérature Française,

 au lycée SAINT-SAENS de ROUEN,  

 le samedi  22 novembre 2014  

proposera

aux élèves de I D ESABAC 

L'art et le désir amoureux au XIXe siècle 


Programme de la journée  d'étude


9h : l'année 1857,  
les procès de Madame Bovary
 et Les Fleurs du mal sous le Second empire. 

L'Invitation au voyage"

10h : présentation de FLAUBERT : 

extraits de la correspondance.

11h : présentation du film de Renoir (45'),

 Une Partie de campagne.






de Jean Renoir 


"Une partie de campagne"

 de Guy de Maupassant















MUSEE D'ORSAY : Oeuvres commentées



Voici une proposition pour notre visite

 au Musée d'Orsay.

Chaque élève  pourra choisir une oeuvre à commenter



PEINTURES - SCULPTURES - 

ARTS DECORATIFS - PHOTOGRAPHIES 

ARTS GRAPHIQUES - ARCHITECTURE












Le cheval blanc



Ce célèbre tableau a été peint par Gauguin pendant son deuxième séjour à Tahiti. L'artiste aimait se promener dans la campagne et explorer les montagnes et les forêts de l'arrière-pays. Ces lieux situés à l'écart des villages étaient alors peuplés de toutes sortes d'animaux sauvages et d'une riche flore qui l'enchantaient.

Ici, l'oeuvre ne restitue cependant pas une scène réelle, mais une vision imaginaire et synthétique d'un paysage tahitien. Les branches aux torsions compliquées d'un arbre indigène appelé bourao, sorte d'hibiscus, ainsi que des lys et des fleurs imaginaires au premier plan composent un cadre décoratif entourant le motif principal. Le ciel et l'horizon sont absents de ce lieu clos.

Un cheval blanc, dont la robe se teinte du vert de la végétation, a donné son titre au tableau. Il boit, campé au milieu d'un ruisseau qui traverse la composition de haut en bas. Cet animal solitaire a probablement un sens symbolique lié aux croyances des Tahitiens sur le passage des âmes dans l'autre monde. La couleur blanche en Polynésie est liée à la mort et au culte des Dieux.

Derrière l'animal sacré, deux cavaliers nus s'éloignent en chevauchant à cru leurs montures. L'échelonnement de ces trois motifs animés dans le paysage accentue la vision verticale et sans profondeur de la scène. Pour accentuer son caractère décoratif, Gauguin a utilisé une palette somptueuse. Les verts, du vert prairie à l'émeraude, et les bleus profonds contrastent avec des orangés, des roses et les teintes cuivrées de la peau des cavaliers.

Une impression de sérénité paradisiaque émane de cette composition devenue une véritable icône. Le commanditaire de la toile, un pharmacien de Tahiti, n'a pas apprécié l'audace chromatique du peintre. Il a refusé la toile sous prétexte que le cheval est trop vert.











vendredi 14 novembre 2014

LOUIS XIV ou l'absolutisme



Louis XIV en costume de sacre
Nom de l’artiste : Rigaud
- Titre de l’oeuvre : Louis XIV en costume de sacre
- Date : 1702
- Technique : huile sur toile
- Taille : 277x192cm
- Lieu de conservation : Musée du Louvre, Paris
Hyacinthe Rigaud (1659-1753), peintre et courtisan à Versailles, reçut la commande de ce portrait en 1701 de Philippe V d’Espagne, petit-fils du roi-soleil.
La toile fut exposée dans la salle du trône du palais de Versailles, c’est à dire au centre de l’édifice, lui-même symbole de la France. Louis XIV avait ainsi l’assurance que chacun pourrait admirer sa personne et, surtout, se rappeler l’étendue de la puissance royale.
Nous disposons donc bien ici d’un outil de gouvernement ancré au coeur du système absolutiste français. La nature de l’oeuvre (une commande) et son emplacement indiquent ainsi dès que le monarque entendait mettre en scène son pouvoir.
Dans le but de célébrer au grand jour l’absolutisme royal, Rigaud et le monarque recoururent à des effets que l’on pourrait qualifier de théâtraux.
- le dais ou rideau : il sert de cadre et met en valeur
- La colonne : Elle est un élément de l’architecture du palais ; elle est solide comme la puissance du roi
- Estrade : Elle permet de rehausser c’est-à-dire de mettre au dessus le trône, indentifiable à l’aide des fleurs de lys qui le parsèment.
- Le roi est au centre du tableau, il occupe presque tout l’espace. La lumière est dirigée sur lui. Il porte la fourrure blanche tachetée de noir de l’hermine, une perruque et des talons. Le monarque lance les modes : le roi soleil inaugura celle des hauts talons (venant compenser sa petite taille).
- La couronne est l’incarnation de la majesté
Le pas de danse. Le roi-soleil fut un excellent danseur. Rigaud composa néanmoins son tableau en 1701 alors que Louis XIV avait 71 ans. De fait, le visage du roi est celui d’un vieil homme mais il a les jambes fermes d’un jeune danseur. Il convient ici de distinguer les deux corps du roi : le roi physique (vieux comme le montre son visage) et le roi symbolique, immortel.
Couleurs symboliques
Bleu est la couleur associée à la vierge
Blanc est le symbole de la monarchie
Or est le symbole de richesse
Pourpre est le symbole de pouvoir depuis l’Antiquité.
Symboles
- Le sceptre était, outre le symbole du pouvoir de vie et de mort du roi, il est prolongé par la main droite de ce dernier, c’est à dire la main de l’action, de l’exécution. Il représente le pouvoir exécutif
- L’épée rappelait le statut de chef des armées du roi, combattant pour la gloire de Dieu. Elle doit protéger les fidèles en garantissant la justice. Le monarque décidait de la paix et de la guerre. Elle représente le pouvoir exécutif
- Le costume. L’hermine est un symbole de noblesse, de pouvoir, de sagesse et de richesse : en un mot de supériorité. L’emploi de l’or et du pourpre dans les vêtements renvoie à un privilège rare qui réglementait de façon fort sévère les tenues vestimentaires à la cour de Versailles. La débauche d’or sur le costume de sacre rappelait ainsi à tous que le roi agissait
"selon son bon plaisir" et qu’il était au-dessus des lois. Le monarque, source de tout privilège, était naturellement source de toute loi ("c’est légal parce que je le veux"). Il représente le pouvoir législatif
- La main de justice se compose d’un bâton en or avec au sommet une main d’ivoire. Elle représente le pouvoir judiciaire. Toute justice en France était rendue au nom du roi. Le bas-relief à droite de la couronne laisse deviner un corps féminin. Il s’agit de la déesse Thémis est l’allégorie de la Justice (elle tient la balance dans sa main), elle incarnait aussi l’ordre établi (elle tient l’épée dans l’autre main).
Roi et Dieu
Rigaud eut soin de peindre de détails rappelant l’origine du pouvoir absolu : Dieu
- Sceptre : Depuis l’ancien Testament, celui qui le porte est désigné par Dieu pour guider les autres. Le roi guide donc l’ensemble de ses sujets.
- Le collier de plaques d’or supporte la grande croix de l’ordre du Saint Esprit. Le Saint Esprit garantissait au roi le suivi d’une politique sage et réfléchie. Au centre de la croix, se trouve une colombe qui, symboliquement descend du ciel lors de la cérémonie du sacre.
- L’épée. Posée sur l’autel lors de la cérémonie du sacre, elle était prise par le roi, considéré ainsi comme recevant son pouvoir de Dieu. L’Eglise sut attribuer à l’épée une dimension symbolique forte : sa forme (une croix) devait rappeler ses devoirs de chrétien à son porteur et sa longueur l’obliger à se tenir à distance du mal...
- Les fleurs de lys, avant d’entrer dans les armoiries de la monarchie française sous Louis VII, symbolisaient la Sainte Vierge. Ces trois pétales sont reliés à la trinité : Le père / le Fils et le Saint Esprit.
- La main de justice (posée derrière la couronne) : chacun des doigts est à lui seul un symbole : le pouce : Dieu, l’index : la Raison, le majeur : la Charité, les deux autres sont repliés et représentent la Foi et la Pénitence












"Mais où sont les neiges d'antan?" - Béranger Le vieux, Brassens La ballades des dames du temps jadis , Brel Les vieux




 "... Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,

Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
  
Les miroirs ternis et les flammes mortes."

CXXI - LA MORT DES AMANTS


  Charles Baudelaire






Combien d'entre nous ont vu
Le vieux qui passe dans la rue
Épouvantail tout gris
Que la cité a exclu
La rue et les gens et le monde
Vont bien trop vite pour lui
Dans ses yeux absents d'enfant
Ne passe que l'effroi du temps

Pour descendre et remonter
Six étages d'escaliers
Il faut l'éternité
Quelle faute a-t-il pu commettre
Le vieux tout gris qui traîne
Ses vieux membres rassis ?

Combien d'entre nous ont fait
Quoi que ce soit de palpable
Un geste, un mot, un sourire
Pour le raccrocher à nous ?
La vieillesse nous fait frémir
On ne veut pas croire au pire
Nos yeux ne retiennent d'elle
Qu'une image irréelle

Mon vieux à moi, tous les mois
Va à tout petits pas
Empocher sa pension
Il se ménage au retour
Un détour insolite
Chez le glacier du coin

Quand je serai vieux et tout seul
Demain ou après demain
Je voudrais comme celui-là,
Au moins une fois par mois
Avec mes sous, si j'en ai
M'acheter une glace à deux boules
Et rêver sur leur saveur
A un monde rempli d'enfants

Mais peut-être que pour nous
Nous les vieux de demain
La vie aura changé
En s'y prenant maintenant
Nous-mêmes et sans attendre
A refaire le présent

Je donne à ceux qui sourient
Et qu'ont bien l'droit de sourire
Rendez-vous dans vingt, trente ans,
Pour reparler du bon temps.






Dites moy ou, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, né Thaïs
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière ou sus estan
Qui beaulté ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qui beaulté ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?

Ou est très sage Hélloïs,
Pour qui chastré fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis?
Pour son amour ot ceste essoyne.
Semblablement, ou est royne
Qui commanda que buridan
Fut geté en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Fut geté en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?

La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand pié, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois brûlèrent a Rouen;
Où sont ils, ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Où sont ils ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?

Prince, n'enquérez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?







Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un coeur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: je vous attends

Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend

Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: je t'attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.