mardi 22 décembre 2015

Hakan Günday : "ENCORE" Ed. Gaalade ... Voyage au bout de la nuit de Gazâ



L’écrivain turc Hakan Günday, Prix Médicis étranger, vient aux Champs libres ce samedi, à Rennes.


Gazâ (guerre sacrée) est un enfant turc de 9 ans qui vit avec son père Ahad (renversé: Daha/Encore) de profession passeur de clandestins. Pendant des années ils stockent dans leur dépôt des  êtres humains fuyant la guerre et le malheur. Un jour Gazâ provoque la mort  de Cuma, un Afgan qui lui avait offert un peu d'humanité, sentiment presque inconnu dans sa vie de trafiquant de l'espèce humaine, le plus vieux commerce "le deuxième plus vieux métier du monde après le proxénétisme, qui est l'une de ses branches", et une grenouille en papier. Voilà que ce jouet devient un symbole de recherche et de désir de rachat  dans son voyage au bout de cette nuit noir qui se révèle être sa vie. 

"Daha" en français "Encore"  traduit magnifiquement ce monde de trafic de clandestins qui passent à la télé chaque jour et dont on oublie trop souvent qui cachent les responsabilités de  pouvoirs corrompus profitant de la détresse humaine de pleuples poussés sauvagement à fuir 
leur maison et  leur famille. "Encore.. Encore.." n'est que un espoir perdu parmi les viols, les chantages du grand business "de la viande sur pied"

"Un coup de poing ... Un livre au vitriol ..." 
(Libération). Un roman dur, réaliste, parfois macabre, sans concession , plein de rebondissements,  un   style  broyant les lecteurs, mais, avouons-le, il nous invite aussi à travers le voyage rimbaldien ou baudelairien à connaître nous-mêmes à plonger au fond 


Ne cherchez plus mon coeur; les bêtes l'ont mangé.
Mon coeur est un palais flétri par la cohue
On s'y soûle, on s'y tue

 Baudelaire Causerie



Où les quatre techniques  de la peinture de la Renaissance :

SFUMATO, CANGIANTE, CHIAROSCURO, UNIONE 

marquent un parcours initiatique qui ouvrent à une réflexion sérieuse sur la morale dominante,  de nos jours 





Couverture : Line Celo


"Si mon père n’avait pas été un assassin, je ne serais pas né…
Si mon père n’avait pas été un assassin, il n’aurait pas pu me raconter  cette histoire et moi, je n’aurais pas été là pour l’écouter…

Finalement je dois la vie à deux décès: l’un dû au désir de vivre, 
l’autre à celui de procréer… Le premier du fait de mon père, le second du fait de ma mère…  C’est ainsi que j’ai vu le jour… 
Avais-je le  choix ? Probablement… Mais qui sait, c’est peut-être ainsi que la vie fonctionne,  peut-être est-il écrit quelque part:

 Introduction à la physique de la vie: 
Toute naissance entraîne au moins deux décès. Deux morts 
liées l’une au désir de vivre,  l’autre au désir de procréer. 
Le nouveau-né, pour rester en vie, doit ignorer qu’il est venu
 au monde  grâce à ces morts. Sinon sa personne est conflictuelle
 et meurt chaque jour. 

Oui, je m’appelle Gazâ…"