samedi 19 mars 2016

mardi 15 mars 2016

BAC BLANC - ESSAI BREF : DE L’HORRIBLE DANGER DE LA LECTURE



À L'HEUREUSE ÉLITE 

DE LA FILIÈRE ESABAC 

DU LYCÉE "E. CAIROLI" DE VARESE

AUX ÂMES SENSIBLES QUI SAVENT LIRE ...




BAC BLANC 

Prova di: 

LINGUA E LETTERATURA FRANCESE


ESSAI BREF


Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto

DE L’HORRIBLE DANGER DE LA LECTURE


Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti[1] du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction. Comme ainsi soit que Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte[2] vers un petit Etat nommé Frankrom , situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis[3] et imans[4] de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs[5] connus par leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser[6] ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.
1. Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.
2. Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d'âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine.
3. Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.
4. Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.
5. Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.
6. Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.
A ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité[7] quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte. [...]
Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire[8].

1Mouphti : chef suprême de la religion ottomane. 2Sublime Porte : empire ottoman. 3Cadi : juge. 4Iman : prêtre. 5Fakir : moine.6Anathémiser : maudire. 7Officialité : tribunal ecclésiastique français correspondant au diocèse sous la direction d'un évêque.8Hégire : début de l'ère musulmane (an 622 de l'ère chrétienne).

Voltaire, De l’horrible danger de la lecture (1756)




“ Tu viens d'incendier la Bibliothèque?         
— Oui. J'ai mis le feu là.                                   
— Mais c'est un crime inouï,                           
Crime commis par toi contre toi-même, infâme         
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !                
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler  
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,                            
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.            
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.              
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'his­toire,
Dans   le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée,
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre? Le livre est là sur la hauteur
Il luit ; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle; plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon,  Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Cor­neille ;
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ,
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître ;
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître[9]
A mesure qu'il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi, comprends donc, et c'est toi qui l'éteins
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien[10].
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
      Je ne sais pas lire. ”

Victor Hugo, L'Année terrible (juin 1871)



Et c'est là, en effet, un des grands et merveilleux caractères des beaux livres (et qui nous fera comprendre le rôle à la fois essentiel et limité que la lecture peut jouer dans notre vie spirituelle) que pour l'auteur ils pourraient s'appeler “ Conclusions ” et pour le lecteur “ Incitations ”. Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit, et nous voudrions qu'il nous donnât des réponses, quand tout ce qu'il peut faire est de nous donner des désirs. Et ces désirs, il ne peut les éveiller en nous qu'en nous faisant contempler la beauté suprême à laquelle le dernier effort de son art lui a permis d'atteindre. Mais par une loi singulière et d'ailleurs providentielle de l'optique des esprits (loi qui signifie peut-être que nous ne pouvons recevoir la vérité de personne, et que nous devons la créer nous-même), ce qui est le terme de leur sagesse ne nous apparaît que comme le commencement de la nôtre, de sorte que c'est au moment où ils nous ont dit tout ce qu'ils pouvaient nous dire qu'ils font naître en nous le sentiment qu'ils ne nous ont encore rien dit.

Marcel Proust, "Sur la lecture", préface de Sésame et les lys (1906).


Dans son dernier livre, Primo Levi, rescapé d’Auschwitz, s’interroge, entre autres, sur le rôle de la culture pour le déporté, au camp de concentration.

La culture pouvait donc servir, fût-ce dans quelques cas marginaux, et pour de courtes périodes; elle pouvait embellir quelques heures, établir un lien fugitif avec un camarade, maintenir l'intelligence en vie et en bonne santé. Il est sûr qu'elle ne pouvait servir à s'orienter et comprendre […]. La raison, l'art, la poésie ne nous aident pas à déchiffrer le lieu d'où ils ont été bannis. Dans la vie quotidienne de “ là-bas ”, faite d'un ennui rehaussé d'horreur, il était salutaire de les oublier, comme il était salutaire d'apprendre à oublier la maison et la famille; je ne pense pas à un oubli définitif, dont personne, d'ailleurs, n'est capable, mais à une relégation dans ce grenier de la mémoire où s'accumule le matériel qui encombre et ne sert plus dans la vie de tous les jours.
Les prisonniers incultes étaient plus enclins à cette opération que les cultivés. Ils s'adaptaient avant eux à ce principe : “ ne pas chercher à comprendre ”, qui était le premier mot de la sagesse qu'il fallait apprendre au Lager; chercher à comprendre, là, sur-le-champ, était un effort inutile, même pour les nombreux prisonniers qui venaient d'autres camps ou qui, comme Améry, connaissaient l'histoire, la logique et la morale et avaient en outre l'expérience de la prison et de la torture : un gaspillage d'énergie qu'il aurait été plus utile d'investir dans la lutte quotidienne contre la fatigue et le froid. La logique et la morale empêchaient d'accepter une réalité illogique et immorale : le résultat en était un refus de la réalité qui, en règle générale, conduisait rapidement l'homme cultivé au désespoir, mais les variétés de l'animal humain sont innombrables, et j'ai vu et décrit des hommes à la culture raffinée, en particulier quand ils étaient jeunes, s'en débarrasser, se simplifier et survivre.

Primo Levi, Les Naufragés et les rescapés, “ l’intellectuel à Auschwitz ”, 1986.




Peu de temps après l'arrivée au pouvoir du NSDAP, en 1933, le chancelier Adolf Hitler lance une « action contre l'esprit non allemand », dans le cadre de laquelle se développent des persécutions organisées et systématiques visant les écrivains juifs,marxistes ou pacifistes. Il s'agit en fait d'une initiative organisée et mise en œuvre par des étudiants allemands sous la direction de la NSDStB, association allemande des étudiants nationaux socialistes.Le 10 mai 1933, le mouvement atteint son point culminant, au cours d'une cérémonie savamment mise en scène devant l'opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants et des membres des instances du parti nazi. Ils constituent les autodafés allemands de 1933





dimanche 13 mars 2016

MARCO CAMPANA "L'ENNEMI" BAC BLANC







Algarve cz


L'Ennemi


Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

— Ô douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!

Charles Baudelaire

           Compréhension

1.     Quelles sont les deux périodes de la vie que le poète évoque ?

Le poète évoque la jeunesse dans la première strophe et la maturité, le début de la vieillesse dans la deuxième, maturité dans laquelle le poète doit s’appliquer à réparer les dommages de sa jeunesse.

2.     Qui est l’ennemi ?  Sous quelle forme allégorique est-il personnifié ?

L’ennemi est le temps, il est personnifié sous la forme d’un parasite semblable à une sangsue qui se nourrit de notre sang, comme le temps qui coule nous enlève la vie à petits morceaux.


Interprétation


1.     Montrez que le premier tercet reprend la métaphore de la première strophe et en réoriente le sens. Quel est l’espoir ici exprimé ?

Le premier tercet reprend la métaphore de l’orage dans l’image du sol lavé, qui est ce qu’il reste du jardin auquel le poète fait référence dans la première strophe. Dans le tercet il y a toutefois un nouvel espoir : que des fleurs nouvelles  puissent croître après la dévastation de la jeunesse, en s’alimentant de ce mal.

2.     Quel est le sentiment éprouvé à la fin du poème ? Par quels procédés d’écriture est-il exprimé ?

La souffrance est le sentiment du poète à la fin du sonnet ; elle est exprimée par la phrase exclamative et surtout par l’anaphore de l’ expression  « ô douleur! », qui comme un cri désespéré transmet toute l’affliction de Baudelaire face à la fuite du temps.

3.     Quel lien le poète semble-t-il établir entre les souffrances de la vie et la création poétique ? En quoi cela renvoie-t-il au titre même du recueil ?

Le poète instaure un possible lien entre la souffrance et la poésie dans le premier tercet , il énonce sous forme de question que les souffrance peuvent être nourriture pour la poésie (les fleurs). Le rapport avec le titre du recueil est clair : dans  «Les fleurs du mal » la préposition « du » introduit le complément d’origine, les fleurs donc viennent du mal.



Réflexion personnelle


La création poétique permet-elle d’échapper à l’angoisse de la fuite du temps et de la mort ? Développez ce thème en vous appuyant aussi sur d’autres œuvres que vous avez lues.


 Plusieurs  poètes ont écrit dans le but d’échapper à la fuite du temps . Mais cette évasion des lois du temps et de la vie est-elle possible ? 
Il y a ceux qui répondraient oui, notamment Percy Shelley, qui dans le sonnet : « Ozymandias », décrit la ruine de toute puissance, empire ou règne; il reste seulement un désert là où il y avait le grand empire de Ramses II (Ozymandias), la seul chose qui reste est sa statue , donc une œuvre artistique. Pour lui l’art est le seul moyen qui permet à l’homme d’achever l’éternité. Si pour Shelley l’art entier a cette valeur, la poésie va néanmoins plus loin. Horace dans l’ode III, 30 a écrit : « J’ai achevé un monument, plus éternelle que le bronze, plus haut que la régale grandeur des pyramides ». Ainsi l’œuvre poétique (le monument) est-elle la plus éternelle parmi les formes d’art en étant immatérielle. Dans le même poème Horace exprime avec les mots : « Non omnis moriar » la valeur de sa production d’une façon explicite, elle lui permettra qu’une partie de lui continue à vivre après sa mort.
L’objection qu’on peut faire à cette thèse est qu’il pourrait être indifférent pour nous après notre mort d’être souvenus , cependant, même si la poésie ne peut pas nous consentir d’échapper à la mort elle peut lénifier notre angoisse, en raison du fait que le désir d’être remémoré est dans la nature humaine. Voilà pourquoi  la valeur d’éterniser de la poésie se réalise toute dans le présent, et non dans le futur.    


Algarve cz


samedi 12 mars 2016

Charles Baudelaire: " Franciscae meae laudes",






Franciscae meae laudes


Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.


Esto sertis implicata,
O femina delicata,
Per quam solvuntur peccata !



Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quæ imbuta es magnete.



Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,



Velut stella salutaris
In naufragiis amaris.
Suspendam cor tuis aris !



Piscina plena virtutis,
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis !



Quod erat spurcum, cremasti ;
Quod rudius, exæquasti ;
Quod debile, confirmasti.



In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.


Adde nunc vires viribus,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus !



Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica ;



Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca !

Treizième pièce de l’édition de 1866 des Épaves de Baudelaire.
 Ce poème en octosyllabiques rimés, dont le sous-titre est 
« Vers composés pour une modiste érudite et dévote »,
 est aussi le soixantième des Fleurs du Mal. 

Charles Baudelaire

jeudi 10 mars 2016

Massilia Sound System : "Tout le monde ment"



Voici la dernière proposition de Marie 

pour les  classes de IV et V D 

dédiée aux menteurs ...

d'autant plus qu'il y en a énormément!



Milan - Paolo Venturini





Tout Le Monde Ment

Tout le monde ment,
Tout le monde ment,
Le gouvernement
Ment énormément !

Le physique ment, le mental ment,
Le vulgaire ment et le poli ment,
Le béat te ment et le triste ment
Et le sage ment et l'idiot te ment.
Oui, l'idiot te ment et le sensé ment,
L'illogique ment et le carré ment,
La cruelle ment et la bonne ment,
Y a que ma maman qui ment rarement.

Le sauvage ment et le paisible ment,
Le social ment et l'isolé ment,
L'unanime ment et l'à part te ment,
Si le zélé ment, l'illégal ment.
L'illégal ment, le pénal ment,
Oui, le châtiment immédiat te ment,
Et le juge ment et l'amende ment.
Et le garnement ment certainement.

Le docile ment, l'affranchi se ment,
Le laïc ment, le dévot te ment,
L'éternel ment mais le diable ment,
Oui, assurément, cet enfer me ment.
C'est l'enfermement, le réel ment,
Le 3ème ment, la 2ème ment,
Sur l'événement la 1ère ment,
C'est du boniment continuellement.

Si la vache ment alors le pis ment
Et si le pis ment alors le lait ment,
Bien sur la jument et le caïman,
Dans l'eau, le sar ment, le chevesne ment,
Le Chevènement et l'Allègre ment
Et la droite ment et l'extrême ment,
Politiquement l'investi se ment
Et le Parlement ment communément.


Le terrible ment et le gentil ment,
Le brutal ment et le doux se ment,
Le tranquille ment, le féroce ment,
L'héroïque ment, l'ordinaire ment.
Ordinairement, bien sûr l'arme ment
Et, au régiment, le général ment,
Le stupide ment, pas de traitement,
Le médical ment, y a pas de calmant.


Milan - Paolo Venturini


mercredi 9 mars 2016

ESSAI BREF : BEATRICE RIZZI “RENCONTRES: L’AUTRE, LE HASARD ET LA NECESSITE”


Le COLLOQUE DES ELEVES ESABAC 

a été reporté au mercredi 23 mars prochain









“RENCONTRES: L’AUTRE, LE HASARD ET LA NECESSITE”

“I wonder if I’ll ever see you again”. Cette phrase de Lenny Kravitz résume les émotions, les attentes et le désir d’une rencontre avec l’Autre. Mais qui est l’Autre ? Qu’est-ce qui reste d’une rencontre ? Pourquoi nous en avons besoin ?

Les réponses à ces questions sont plusieures. L’Autre est une personne différente de nous, avec une histoire que nous pouvons seluement imaginer en le regardant accomplir des actions. Généralement, avec se terme, on indique un inconnu : Mme de Rênal ne connaît pas Julien au point qu’il lui semble une “jeune fille deguisée” ; le maître nageur Simon ne connaît ni le jeune Kurde ni son histoire.
Mais l’Autre peut être aussi quelqu’un dont on a entendu parler ou qui nous rappelle un épisode de notre vie : Federigo “connaît” de quelque façon l’Innomainato, parce qu’il est un“ frère” qu’il a “tanto amato e pianto” mais, surtout, il est celui qu’il aurait “più desiderato d’accogliere e d’abbracciare” ; Cosette retrouve dans l’homme une figure paternelle qui lui donne de l’espérance tandis que l’homme tremble dans sa voix comme si elle lui rappellait un moment de sa vie.
Enfin, l’Autre peut être une personne qui nous aimons : Barbara est aimée du poète même s’ils ne se connaient pas complètement.
Pendant notre vie on est “obligé” de rencontrer quelqu’un, soit pour quelques seconds à travers un échange de regards, soit pour une vie entière, soit pour une partie de l’existence. Les documents 1 et 4 expriment l’importance du regard : l’insistance sur le champ lexical de la vue débouche sur une phrase : “Ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder” : les émotions des protagonistes convergent sur cette action, à la base de leur future relation. La même importance du regard est donnée par Manzoni à travers une étrange rencontre. “L’occhio” montre une partie de la personnalité du personnage : dans les yeux de l’Innominato on voit un contraste entre le feu du “tormento interno” et le désir de l’espoir ; dans ceux de Federigo on aperçoit un âme sévère et, en meme temps, en paix. Même dans le film “Welcome” Simon et le jeune Kurde jouent avec les regards pour se trouver et se comprendre ; cet aspect est évident aussi dans la photo du document.
Dans les documents 2 et 3, une majeure attention est donnée à la voix : le poète “a crié” son “nom”, il a dit de leur amour à tout le monde ; l’espérance et la joie de Cosette sont possibles seulement après un échange de paroles et de silences aussi. En réalité n’importe quel sens ouvre la rencontre. Tousjours l’homme subit un changement, en apprenant quelque chose. Les joues de Julien deviennent “roses” tandis qu’elles étaient “pâles” d’abord : il prend de la ‘couleur’ parce que la vie de l’homme est composée d’infinies rencontres qui lui donne un sens. Barbara laisse au poète le souvenir de leur amour que personne ne doit oublier : il a peur que le temps puisse effacer ces moments qui ont changé sa vie et que “il ne rest rien”. Cosette découvre un sentiment de joie et d’espoir qui s’éleve “vers le ciel”, comme un prière, même si elle ne l’avait jamais apprise ; l’homme tremble dans la voix, il ne peut rester indifférent : il suffit d’un mot ou d’une expression pour être frappé dans son âme. L’âme de l’Innominato l’opprime, elle est en flammes pour sa rencontre avec Dieu : même si on ne veut pas, certaines rencontres sont celles qui nous changent le plus. Et enfin, Simon comprend le sens de l’amour et de la solidarité avec le rapport qui s’instaure avec le jeune Kurde.
On se demande souvent pourquoi les rencontres arrivent. Quelquefois par hasard, on se rencontre sous la pluie comme Prévert ; quelquefois par nécessité, on doit accomplir une tâche comme Julien, Mais on pourrait plutôt penser que leur interprétation est une nécessité : Cosette avait besoin de cette figure, c’est pourquoi elle a acquis de l’espérance ; l’Innominato cherchait des réponses et il a été éclairé dans l’âme par cette double rencontre (avec Dieu et avec Federigo).

On peut donc conclure que l’Autre est une nécessité pour comprendre nous même, mais les rencontres avec cette source de lumière peuvent arriver par hasard ou par nécessité. En tous cas, l’Autre devient une partie de notre histoire, partie que nous ne pouvons et que nous ne voulons pas oublier.

Rizzi Beatrice, III D  ESABAC  

a)    saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

« Rencontres :  L’Autre,  le hasard et la nécessité … »

Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille :
 – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
Stendhal Le Rouge et le Noir


Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.                                                           
Jacques Prévert, Paroles



Cosette, nous l’avons dit, n’avait pas eu peur.
L’homme lui adressa la parole. Il parlait d’une voix grave et presque basse.
– Mon enfant, c’est bien lourd pour vous ce que vous portez là.
Cosette leva la tête et répondit :
– Oui, monsieur.
– Donnez, reprit l’homme. Je vais vous le porter.
Cosette lâcha le seau. L’homme se mit à cheminer près d’elle.
– C’est très lourd, en effet, dit-il entre ses dents. Puis il ajouta :
– Petite, quel âge as-tu?
– Huit ans, monsieur.
– Et viens-tu de loin comme cela?
– De la source qui est dans le bois.
– Et est-ce loin où tu vas?
– A un bon quart d’heure d’ici.
L’homme resta un moment sans parler, puis il dit brusquement :
– Tu n’as donc pas de mère?
– Je ne sais pas, répondit l’enfant.
Avant que l’homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle ajouta :
– Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n’en ai pas.
Et après un silence, elle reprit :
– Je crois que je n’en ai jamais eu.
L’homme s’arrêta, il posa le seau à terre, se pencha et mit ses deux mains sur les deux épaules de l’enfant, faisant effort pour la regarder et voir son visage dans l’obscurité.
La figure maigre et chétive de Cosette se dessinait vaguement à le lueur livide du ciel.
– Comment t’appelles-tu? dit l’homme.
– Cosette.
L’homme eut comme une secousse électrique. Il la regarda encore, puis il ôta ses mains de dessus les épaules de Cosette, saisit le seau, et se remit à marcher.
Au bout d’un instant, il demanda :
– Petite, où demeures-tu?
– A Montfermeil, si vous connaissez.
– C’est là que nous allons?
– Oui, monsieur.
Il fit encore une pause, puis recommença :
– Qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de l’eau dans le bois?
– C’est madame Thénardier.
L’homme repartit d’un son de voix qu’il voulait s’efforcer de rendre indifférent, mais où il y avait pourtant un tremblement singulier :
– Qu’est-ce qu’elle fait, ta madame Thénardier?
– C’est ma bourgeoise, dit l’enfant. Elle tient l’auberge.
– L’auberge? dit l’homme. Eh bien, je vais aller y loger cette nuit. – Conduis-moi.
– Nous y allons, dit l’enfant.
L’homme marchait assez vite. Cosette le suivait sans peine. Elle ne sentait plus la fatigue. De temps en temps, elle levait les yeux vers cet homme avec une sorte de tranquillité et d’abandon inexprimables. Jamais on ne lui avait appris à se tourner vers la providence et à prier. Cependant elle sentait en elle quelque chose qui ressemblait à de l’espérance et à de la joie et qui s’en allait vers le ciel.
 Victor Hugo Les Misérables


Appena introdotto l'innominato, Federigo gli andò incontro, con un volto premuroso e sereno, e con le braccia aperte, come a una persona desiderata, e fece subito cenno al cappellano che uscisse: il quale ubbidì.
I due rimasti stettero alquanto senza parlare, e diversamente sospesi. L'innominato, ch'era stato come portato lì per forza da una smania inesplicabile, piuttosto che condotto da un determinato disegno, ci stava anche come per forza, straziato da due passioni opposte, quel desiderio e quella speranza confusa di trovare un refrigerio al tormento interno, e dall'altra parte una stizza, una vergogna di venir lì come un pentito, come un sottomesso, come un miserabile, a confessarsi in colpa, a implorare un uomo: e non trovava parole, né quasi ne cercava. Però, alzando gli occhi in viso a quell'uomo, si sentiva sempre più penetrare da un sentimento di venerazione imperioso insieme e soave, che, aumentando la fiducia, mitigava il dispetto, e senza prender l'orgoglio di fronte, l'abbatteva, e, dirò così, gl'imponeva silenzio.
La presenza di Federigo era infatti di quelle che annunziano una superiorità, e la fanno amare. Il portamento era naturalmente composto, e quasi involontariamente maestoso, non incurvato né impigrito punto dagli anni; l'occhio grave e vivace, la fronte serena e pensierosa; con la canizie, nel pallore, tra i segni dell'astinenza, della meditazione, della fatica, una specie di floridezza verginale: tutte le forme del volto indicavano che, in altre età, c'era stata quella che più propriamente si chiama bellezza; l'abitudine de' pensieri solenni e benevoli, la pace interna d'una lunga vita, l'amore degli uomini, la gioia continua d'una speranza ineffabile, vi avevano sostituita una, direi quasi, bellezza senile, che spiccava ancor più in quella magnifica semplicità della porpora.
Tenne anche lui, qualche momento, fisso nell'aspetto dell'innominato il suo sguardo penetrante, ed esercitato da lungo tempo a ritrarre dai sembianti i pensieri; e, sotto a quel fosco e a quel turbato, parendogli di scoprire sempre più qualcosa di conforme alla speranza da lui concepita al primo annunzio d'una tal visita, tutt'animato, - oh! - disse: - che preziosa visita è questa! e quanto vi devo esser grato d'una sì buona risoluzione; quantunque per me abbia un po' del rimprovero!
- Rimprovero! - esclamò il signore maravigliato, ma raddolcito da quelle parole e da quel fare, e contento che il cardinale avesse rotto il ghiaccio, e avviato un discorso qualunque.
- Certo, m'è un rimprovero, - riprese questo, - ch'io mi sia lasciato prevenir da voi; quando, da tanto tempo, tante volte, avrei dovuto venir da voi io.
- Da me, voi! Sapete chi sono? V'hanno detto bene il mio nome?
- E questa consolazione ch'io sento, e che, certo, vi si manifesta nel mio aspetto, vi par egli ch'io dovessi provarla all'annunzio, alla vista d'uno sconosciuto? Siete voi che me la fate provare; voi, dico, che avrei dovuto cercare; voi che almeno ho tanto amato e pianto, per cui ho tanto pregato; voi, de' miei figli, che pure amo tutti e di cuore, quello che avrei più desiderato d'accogliere e d'abbracciare, se avessi creduto di poterlo sperare. Ma Dio sa fare Egli solo le maraviglie, e supplisce alla debolezza, alla lentezza de' suoi poveri servi.
L'innominato stava attonito a quel dire così infiammato, a quelle parole, che rispondevano tanto risolutamente a ciò che non aveva ancor detto, né era ben determinato di dire; e commosso ma sbalordito, stava in silenzio. - E che? - riprese, ancor più affettuosamente, Federigo: - voi avete una buona nuova da darmi, e me la fate tanto sospirare?
- Una buona nuova, io? Ho l'inferno nel cuore; e vi darò una buona nuova? Ditemi voi, se lo sapete, qual è questa buona nuova che aspettate da un par mio.
- Che Dio v'ha toccato il cuore, e vuol farvi suo, - rispose pacatamente il cardinale.
- Dio! Dio! Dio! Se lo vedessi! Se lo sentissi! Dov'è questo Dio?
- Voi me lo domandate? voi? E chi più di voi l'ha vicino? Non ve lo sentite in cuore, che v'opprime, che v'agita, che non vi lascia stare, e nello stesso tempo v'attira, vi fa presentire una speranza di quiete, di consolazione, d'una consolazione che sarà piena, immensa, subito che voi lo riconosciate, lo confessiate, l'imploriate?
- Oh, certo! ho qui qualche cosa che m'opprime, che mi rode! Ma Dio! Se c'è questo Dio, se è quello che dicono, cosa volete che faccia di me?
 Alessandro Manzoni I Promessi Sposi XXIII