lundi 26 janvier 2015

LES CAMPS NAZIS - PRIMO LEVI "Voi che vivete .." - Pierre Morhange "Berceuse à Auschwitz" - AUSCHWITZ : 27 janvier 1945 - 27 janvier 2015




1933-1945    Les camps nazis

Les nazis ouvrent les premiers camps de concentration 
en 1933, dès leur prise de pouvoir, à l'intention de leurs opposants politiques.  En 1940 apparaissent les ghettos 
et en 1941 les camps d'extermination
Ceux-là sont avant tout destinés aux Juifs...






1941-1945
Les camps nazis et le triangle de la mort


Auschwitz (propos d'un écrivain hongrois)
«Cessez enfin de répéter qu'Auschwitz ne s'explique pas, qu'Auschwitz est le fruit de forces irrationnelles, inconcevables pour la raison, parce que le mal a toujours une explication rationnelle. Écoutez-moi bien, ce qui est réellement irrationnel et qui n'a pas vraiment d'explication, ce n'est pas le mal, au contraire : c'est le bien.»
Imre Kertész, écrivain hongrois, déporté à Auschwitz en 1944, prix Nobel de Littérature 2002, Kaddis a meg nem született gyermekért (Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas)
Des camps de concentration pour les opposants
Un total de cinq camps sont construits dans les années 1930. Le premier de ces Konzentrazionslager ou KZ est Dachau, aux portes de Munich. Viennent ensuite Orianienburg-Sachsenhausen, Buchenwald, Flossenbürg, Gurs, Ravensbrück (réservé aux femmes) et Mauthausen, en Autriche. En 1939, l'ensemble de ces camps compte 25.000 détenus, essentiellement des opposants politiques.
Les camps sont placés sous l'autorité des SS, la garde prétorienne aux ordres de Heinrich Himmler. Le 10 avril 1934, celui-ci prend aussi le commandement de la sinistre Gestapo (abréviation de Geheime Staatspolizei, police secrète d'État). Par la loi du 25 janvier 1938, l'envoi dans les camps ne relève plus des tribunaux mais de la seule responsabilité des SS eux-mêmes.
Le Reichsfürer des SS Himmler et son adjoint Reinhard Heydrich, chef des services de sécurité vont ainsi constituer un État dans l'État et étendre l'appareil répressif au-delà de l'imaginable, avec bien sûr l'aval de Hitler.
Avec la guerre et la multiplication des actes de résistance, les camps se multiplient dans les territoires occupés et sont transformés en camp de travail forcé. Le 7 décembre 1941, l'ordonnance «Nacht und Nebel» (Nuit et Brouillard) autorise la Gestapo à s'emparer de tout individu accusé d'atteinte à la sûreté de l'État et à le faire disparaître d'une façon ou d'une autre.
Le triangle de la mort
Dans les premiers mois de 1942, la répression change de dimension et surtout se concentre sur les Juifs.
Les nazis ont décidé en effet en novembre 1941 d'exterminer les Juifs européens à défaut de pouvoir les chasser hors du Vieux Continent (le massacre a commencé de façon empirique dès 1940 en Pologne avant de s'intensifier en juin 1941, lors de l'invasion de l'URSS).
Ils aménagent dans ce but un gigantesque ensemble de camps de travail et de camps d'extermination en Pologne méridionale, dans un triangle constitué par Treblinka, Chelmno, Sobibor, Belzec et surtout Auschwitz (aujourd'hui Oswiecim).
Les victimes proviennent de toute l'Europe occupée par les Allemands, soit qu'elles ont été «raflées» dans les pays de l'Ouest dont la France, soit qu'elles ont échappé à la famine dans les ghettos d'Europe centrale ou aux exécutions de masse par les Einsatzgruppen en URSS. Elles sont d'abord internées dans des camps de transit puis transportées par voie ferrée vers les camps de la mort.
Sur place, elles sont triées. D'un côté celles qui sont en état de travailler, de l'autre celles qui n'en sont plus capables. Celles-là sont contraintes de se dévêtir et immédiatement dirigées vers des douches collectives sous prétexte de désinfection. En fait de douches, il s'agit de chambres à gaz où les malheureux périssent en quelques minutes sous l'effet d'un gaz mortel, le Zyklon B. Les cadavres sont ensuite incinérés dans des fours crématoires, voire à l'air libre lorsque les fours sont saturés.



Voi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
Voi che trovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici:
Considerate se questo è un uomo
Che lavora nel fango
Che non conosce pace
Che lotta per un pezzo di pane
Che muore per un si o per un no.
Considerate se questa è una donna,
Senza capelli e senza nome
Senza più forza di ricordare
Vuoti gli occhi e freddo il grembo
Come una rana d'inverno.
Meditate che questo è stato:
Vi comando queste parole.
Scolpitele nel vostro cuore
Stando in casa andando per via,
Coricandovi alzandovi;
Ripetetele ai vostri figli.
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca,
I vostri nati torcano il viso da voi.
PRIMO LEVI


« Partout où, dans le monde, on commence par bafouer les libertés fondamentales
de l'homme et son droit à l'égalité, on glisse rapidement vers le système 
concentrationnaire, et c'est une pente sur laquelle il est difficile de s'arrêter. »



       Vous qui vivez en toute quiétude
       Bien au chaud dans vos maisons
       Vous qui trouvez le soir en rentrant
       La table mise et des visages amis
       Considérez si c'est un homme
       Que celui qui peine dans la boue,
       Qui ne connait pas de repos,
       Qui se bat pour un quignon de pain,
       Qui meurt pour un oui pour un non.
       Considérez si c'est une femme
       Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
       Et jusqu'à la force de se souvenir,
       Les yeux vides et le sein froid
       Comme une grenouille en hiver.
       N'oubliez pas que cela fut,
       Non, ne l'oubliez pas:
       Gravez ces mots dans votre coeur.
       Pensez-y chez vous, dans la rue,
       En vous couchant, en vous levant;
       Répétez-les à vos enfants.
       Ou que votre maison s'écroule;
       Que la maladie vous accable,
       Que vos enfants se détournent de vous

BERCEUSE À AUSCHWITZ


Mon bel enfant en habit bleu
Te voilà bien vêtu de velours angoissant

 Mon bel enfant en habit de faim
Je suis le grand nuage où tu cherches du pain

Mon bel enfant en habit de sang
Ta mère ne peut plus te reverser le sien

Mon bel enfant en habit de vers
Ils brillent pour ta mère comme des étoiles

Mon bel enfant en habit de folie
Au crochet de mon cœur vous pendrez ces guenilles

Mon bel enfant en habit de fumée
Vous ne m’avez pas dit si je peux me tourner.







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