vendredi 22 août 2014

Charles Baudelaire : Sa mère et ses femmes aimées dans "Les fleurs du mal"





Il a toujours souhaité ne pas "prostituer les choses saintes
de la famille", toutefois on peut retrouver dans
Les Fleurs du Mal

2 poèmes faisant référence à sa mère


Caroline Archembaut-Dufays

Lettre à sa mère , le 11 janvier 1858

" Vous n'avez donc pas remarqué qu'il y a dans Les Fleurs du
 mal deux pièces vous concernant, ou du moins allusionnelles
 à des détails intimes de notre ancienne vie "


Dans


  
Où il garde un souvenir ému de sa vielle servante  Mariette. 
Il peint  ici un tableau d'un  grand lyrisme inspiré par la
mort qui remonte à Villon.


Dans Je n'ai pas oublié, voisine de la ville 

Le souvenir de cette blanche maison
lui rappelle son enfance,


à Neuilly avant le remariage de sa maman



Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe
Semblait, grand oeil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.


 
  


Trois femmes ont marqué   sa vie 


Jeanne Duval, la Vénus noire

Elle est la « maîtresse des maîtresses » dans le poème
Le Balcon, et ce sont  ses charmes qui inspirèrent les vers de Parfum Exotique,
La ChevelureLe Serpent qui Danse...
                            

           Parfum exotique


Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud 'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, 
Je vois se dérouler des rivages heureux 
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;
 Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux; 
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, 
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.
  
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
   
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers



  Apollonie Sabatier



Baudelaire lui voue une admiration  plus spirituelle.
Au sein du recueil, on distingue un cycle « Madame Sabatier », dont les poèmes Tout entièreQue diras-tu ce soirLe Flambeau VivantRéversibilitéConfessionL’Aube SpirituelleHarmonie du Soir.



Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; 
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir; 
Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige; 
Valse mélancolique et langoureux vertige! 
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir! 
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; 
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige! 
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
 Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!


Marie Daubrun


Baudelaire s'aventure dans les bras de sa muse, pour
une liaison brève et orageuse, mais à l'issue féconde
pour l'oeuvre du poète


(Les Chats, Le Poison, Ciel Brouillé, L’Invitation au Voyage).






Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient  notre chambre
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale
.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux 
Dont l'humeur est vagabonde; 
C'est pour assouvir 
Ton moindre désir 
Qu'ils viennent du bout du monde.
— Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.










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