L’oiseau et le poète ont en commun la plume, l’outil
de liberté. La plume de l’albatros l’aide à voler, celle
du poète lui permet d’écrire : pour tous les deux,
c’est le seul moyen d’être libre, de vivre un idéal
de liberté. La plume de l’albatros l’aide à voler, celle
du poète lui permet d’écrire : pour tous les deux,
c’est le seul moyen d’être libre, de vivre un idéal
L'Albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres (1) amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux(2),
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons (3) traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule(4)!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule(5),
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
À écouter
Deuxième poème de la section "Spleen et Idéal" des "Fleurs du mal"
"L'Albatros" est un souvenir d'une scène en mer lors du voyage de
Baudelaire à la Réunion en 1841.
Symbole du poète qui se sent étranger dans une société
qui ne le comprend pas, ces quatre quatrains, à rimes croisés,
superposent les 2 cotés réaliste et symboliste par une réflexion
manichéenne entre ciel et terre, matérailité et spiritualité, où ,
sans doute, on peut retrouver la source dans le thème chrétien
de la faute originelle et de la chute : Poète croyant? Non!
Mais hanté de cette double obsession entre Bien et Mal
qui le conduit à une recherche qui parcourt tout le recueil
jusqu' "Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau"
dans le "Voyage", dernier poème de "Les Fleurs du mal"
Léo Ferré
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