lundi 24 juin 2019

Andrée Chédid, "Destination : arbre" « Chemins à vivre » (1991)






lire la poésie :de A à Z...(5/50) - C comme Chedid



Parcourir l'Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l'argile


Peu à peu
S'affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l'espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit


Evoquer ensuite
Au cœur d'une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l'asphalte Éloigné des jardins
Orphelin des forêts


Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes

S'unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Ecouter ces appels


Sentir sous l'écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves

La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies


Cheminer d'arbre en arbre
Explorant l'éphémère
Aller d'arbre en arbre
Dépistant la durée.






"L’Arbre », source de la vie et de la renaissance, se révèle allégorie de la vie humaine.

- Le cheminement d’arbre en arbre dévoile un itinéraire spirituel et un retour vers l’intérieur, en témoigne la circularité du poème : le verbe « parcourir » (v.1) fait écho au verbe « cheminer »
(v.35) ; le thème du temps évoqué par « l’argile » originelle et par le verbe « renaître » est repris par les expressions antithétiques « éphémère » et « durée ». Le titre « destination » fait écho au voyage initiatique et au vocabulaire du cheminement : de « parcourir » à « cheminer, explorer, aller, dépistant ».
- Cette promenade revient à explorer la vie et la condition humaine : de nos racines (« racines » ou « argile » mythique) à la découverte de l’énigme du monde et de la vie (« déchiffrer les soleils ») ; de nos expériences douloureuses (les « orages », la solitude, le déracinement) aux expériences fécondes (les « rêves tenaces / Qui fortifient nos vies »). La racine donne naissance et permet de renaître des profondeurs. Si l’arbre peut incarner l’éphémère (rythme des saisons), il incarne aussi la durée : la sève circule, assure le dynamisme et la régénération, la continuité, y compris dans l’arbre qui semble tari. Il est ainsi à l’image de la vie humaine : l’homme est soumis au temps, mais il transmet la vie, cette vie qui affleure, même dans les moments difficiles, notamment quand l’homme est exilé, coupé de ses racines. La dernière strophe, construite sur des parallélismes, souligne l’équilibre entre le passage et la durée, entre l’éphémère et le permanent.
- Une double métaphore associe alors l’arbre et l’humanité : l’arbre comme vie féconde, palpable, invincible à laquelle l’humain peut puiser sa force, son énergie, sa vitalité et qui peut déboucher sur des capacités nouvelles (« embrasser l’espace », « déchiffrer », « résister », « affronter ») et l’arbre à l’image de l’être humain : « La montée des sèves / La pression des bourgeons / Semblables aux rêves tenaces » qui nous fécondent et nous fortifient.
L’arbre, symbole de l’expérience de la création poétique ?
- Création comme cheminement et exploration ouvrant la voie à la découverte et à la connaissance d’un au-delà, du mystère de la vie qui ne se donne pas facilement, mais que l’écriture poétique explore : « Embrasser l’espace », « Déchiffrer les soleils ».
- La poésie comme expérience de l’autre, comme expérience de la solidarité ; le verbe « évoquer » l’arbre seul (v.16) est révélateur : il s’agit d’appeler, de faire venir pour faire vivre, en s’unissant, en rejoignant, en écoutant la détresse de l’autre (strophe 6).
- La poésie est ainsi acte créateur donnant vie aux êtres et aux choses, comme la racine mère, la sève qui circule ou l’argile originelle dont on forme toute chose.
- L’itinéraire poétique se lit aussi graphiquement : la longueur du poème et la brièveté des vers se donnent à voir comme un chemin qui se déroule ; les espaces (vers 11 et 18) matérialisent le saut vers l’espace ou la solitude de l’arbre isolé du reste.








lundi 10 juin 2019

Louis Aragon : LA CHANSON DE LA CARAVANE D'ORADOUR




10 juin 1944
75 ans après,  pour ne pas oublier 




Un drame qui a inspiré les artistes



Nous n'irons plus à Compostelle
Des coquilles à nos bâtons
A saints nouveaux nouveaux autels
Et comme nos chansons nouvelles
Les enseignes que nous portons

Que nos caravanes s'avancent
Vers ces lieux marqués par le sang
Une plaie au cur de la France
Y rappelle à l'indifférence
Le massacre des Innocents

Vous qui survivez à vos fils
En vain vous priez jour et nuit
Que le châtiment s'accomplisse
Et la terre en vain crie justice
Le ciel lui refuse la pluie

O mamans restées sans amour
Sur les tombes de vos héros
La même lumière du jour
Baigne les ruines d'Oradour
Et les yeux vivants des bourreaux

Aux berceaux d'Oradour demain
Pour qu'on ne revoie plus la guerre
Semer la mort comme naguère
Dans le monde entier se liguèrent
Près d'un milliard de cœurs humains

Que la paix ouvre enfin ses vannes
Et le peuple dicte ses lois
Nous les faiseurs de caravanes
T'apportons Oradour-sur-Glane
La colombe en guise de croix .

Juin 1949



La vérité de Robert Hébras sur le drame d'Oradour-sur-Glane 

auquel il a survécu le 10 juin 1944


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Commentaire 










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L'histoire 



© FTV / Koox productions




vendredi 7 juin 2019

Vingt ans après ...






Aujourd'hui j'aurai dû dire au revoir à mes élèves lors de mon dernier cours...
À partir du 1er septembre je suis à la retraite ...



J'aurais aimé lire mon billet  dans chaque classe ... 

J'aurais  voulu revoir chacun de près ... 
mais il ne m'est pas permis ... la Destinée ou le Bon Dieu, qui peut le dire,  en a voulu autrement 




Lorsque j'ai écrit ces quelques mots  pour les "Quaderni del Cairoli" je n'étais  pas au courant de la petite fleur mauve qui était en train de naître en moi ... mais bon... tâchons de garder les yeux ouverts aussi loin qu'on peut aller ...





Vingt ans après …

On part naviguer mais on ne sait pas comment sera la mer…

Cara Maria,

Maria come Mario, Francesca o Francesco  come tutte le alunne e gli alunni che ho incontrato …

Je vous oublierai tous les jours…

Maria come la mia carissima nonna che leggeva Il conte di Montecristo e poi ce lo raccontava con tanti dettagli ormai sfumati nel tempo, ma che allora riempivano la mia fantasia di immagini meravigliose, persino Alexandre Dumas avrebbe apprezzato la sua lettura limpida e precisa.

Ti scrivo qualche riga perché tu possa fare scelte migliori delle mie.

Tu hai 18 anni ed io 65. Un abisso. Vivere fino in tarda età non dà a un padre et men che meno ad un prof l’autorità richiesta per farsi ascoltare da un figlio o da un alunno.

Tu ti aspetti delle risposte che non sempre posseggo. Tu vorresti uscire dall’infanzia ed io vorrei ritornarci.

Come orientarsi nella giungla di domani? La sorte mi ha coccolato parecchio, di che cosa potrebbe lamentarsi un fortunato patentato come me? Chissà se sarà così anche per te?

Vent’anni di stages, vent’anni di corsi, vent’anni di scambi e d’incontri ...

Vorrei avere ancora 20 ANNI per poter dire quel che allora non sapevo raccontare.

Vent’anni, vent’anni al liceo … una breve corsa, ma dovrei direi 40  la mia prima supplenza a  Romagnese e poi ….   un anno a Chambéry, Chambéry-Le haut  con Monsieur Pellin  et Maria Pia Thoraval, Gaggiano, Motta Visconti, Besate 8 splendidi anni, Tradate, l’Istituto per Geometri di Varese ed infine  il Cairoli …

Rivedo  tutto, o quasi,  ed in parte tutti … ma non  ricordo i nomi, nascosti nella memoria rimasta che è solo involontaire, ricordo i visi, i profumi e i gesti le immagini che confondo nei  miei sogni…

Cara Maria , anche i prof sognano …

A  volte mi sveglio con il profumo della neve e confondo Castagnola e Chambéry, sarà che in entrambi ritrovo il sapore  di quando a vent’anni ci si sente eterni.

Quando ero bambino ho invidiato spesso la lettura del breviario del sacerdote del mio paesello, in verità l’interesse mio era non tanto nel breviario che avrei scoperto poco dopo… ma nell’interesse che portavo a quella cosa rivestita di pelle morbida, con quelle pagine che mi capitava di poter accarezzare nei brevi momenti di catechismo e immaginavo contenesse infinite storie incredibilmente appassionanti. Non ho mai più abbandonato questo desiderio, non di leggere il breviario, ma ben aldilà del breviario interminati spazi e infiniti racconti ….  Questo desiderio non mi ha mai abbandonato.

Vorrei dirti con Paul Valéry che un enseignement qui n’enseigne pas à poser des questions est mauvais, ma anch’io non sempre vi sono riuscito.

Ho avuto alunni bravissimi ed alcuni, pochi, con grandi difficoltà, ma nessuno che non fosse affascinato dalla Bellezza, dall’Arte in qualsiasi forma fosse proposta. Chi ama la letteratura, la vraie vie per Proust, la musica, la pittura, il cinema, non può diventare un oppressore ecco perché vorrei che nessuno limitasse mai il tuo immenso, ne sono certo,  desiderio di Arte, sappi  comunque che tu  avrai  una vita d’artista :  LA TUA.

Tutto svanisce. Per tutti arriva l’ora.
Tutto resta. Io me ne vado. Ora spetta a voi.

Odisseas Elitis,  Diario di un invisibile Aprile
traduzione di Paola Maria Minucci,  Crocetti Editore



Les scènes de demain ne me regardent plus ; elles appellent 

d’autres peintres : à Vous, Messieurs.