Je suis heureux de vivre
dans un pays dans lequel les actes de bravoure comme celui de Mamoudou Gassama
sont célébrés et récompensés.
Je suis heureux de lire
toutes ces déclarations généreuses d’hommes et de femmes politiques découvrant
soudainement que des êtres humains se cachent derrière leurs expressions
habituelles comme « fuites d’eau », « abcès de fixation » ou « invasions
migratoires ».
Je suis heureux, surtout,
pour cet homme courageux qui va enfin, grâce à son acte exemplaire (au sens
fort), mener l’existence digne que permet seule dans notre société l’obtention
de ces fameux « papiers » sans lesquels rien, strictement rien n’est possible.
Mais je serais plus
heureux encore de vivre dans une nation qui n’attendrait plus d’un migrant
qu’il escalade un immeuble pour sauver un enfant au péril de sa vie avant de le
traiter dignement.
Je serais plus heureux
que notre République n’envoie plus sa police harceler les exilés réduits par
nos renoncements à squatter nos trottoirs et qu’elle se décide enfin à les
accueillir en conformité avec les principes qu’elle prétend porter.
Je serais heureux et fier
que nos autorités et notre classe politique n’entretiennent plus les peurs et
s’interdisent toute métaphore déshumanisante quand il s’agit d’évoquer les questions
migratoires.
Les symboles sont
nécessaires. À condition qu’ils nous permettent d’éclairer les problèmes et non
de les masquer derrière un écran de fumée.
Que l’élan de générosité
autour de Mamoudou Gassama s’étende aux invisibles et aux sans-droits et
sans-toits que nos politiques répressives produisent. Et là nous pourrons être
heureux ensemble. Et fiers aussi.
Raphaël Glucksmann
Hymne aux migrants
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