Pour mes élèves de la filière ESABAC, et pour ceux qui le souhaiteront,
mardi , le 27 janvier 2015, salle I D, H. 11,00 - 13,00, vision de ce film incontournable,
à l'occasion du 70e anniversaire de la libération d'Auschwitz
à l'occasion du 70e anniversaire de la libération d'Auschwitz
Nuit et Brouillard de Alain Resnais,
texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet
(documentaire camp de concentration)
(documentaire camp de concentration)
durée 32 min.
"Nous avons conçu Nuit et Brouillard
comme un "dispositif d'alerte".
"Ce film n'est pas un reliquaire refroidi, [...] un monument élevé à la mémoire discrète de
nos morts. Il est surtout le témoignage vivant, incroyable, des manifestations extrémistes
de l'oppression et de la force mises au service d'un système qui n'eut pas le respect des droits élémentaires de chacun dans son originalité et dans ses particularités. [...]
nos morts. Il est surtout le témoignage vivant, incroyable, des manifestations extrémistes
de l'oppression et de la force mises au service d'un système qui n'eut pas le respect des droits élémentaires de chacun dans son originalité et dans ses particularités. [...]
Dans le ciel indifférent de ces sèches images, il y a, menaçantes, les nuées toujours en mouvement du racisme éternel. [...]
Le souvenir ne demeure que lorsque le présent l'éclaire.Si les crématoiresne sont plus
que des squelettes dérisoires, si le silence tombe comme un suairesur les terrains mangés d'herbe des anciens camps, n'oublions pas que notre propre pays n'est pas exempt du scandale raciste.
que des squelettes dérisoires, si le silence tombe comme un suairesur les terrains mangés d'herbe des anciens camps, n'oublions pas que notre propre pays n'est pas exempt du scandale raciste.
Et c'est alors que Nuit et Brouillard devient non seulement un exemple sur lequel méditer, mais un appel, un "dispositif d'alerte" contre toutes les nuits et tous les brouillards qui tombent sur une terre qui naquit pourtant dans le soleil, et pour la paix."
Jean Cayrol, Les Lettres Françaises, 606, Février 1956
Texte de jean Cayrol
dit par Michel Bouquet
musique Hans Eisler
dit par Michel Bouquet
musique Hans Eisler
« Toute la force du film réside dans le
ton adopté par les auteurs : une douceur terrifiante ; on sort de là
ravagé, confus et pas très content de soi. » En quelques phrases, François
Truffaut résumait en 1975 les principales attitudes et impressions que suscite
de prime abord Nuit et Brouillard,
comme la difficulté critique d’en parler sans indécence. Ce film résume le
dilemme fondamental face au phénomène concentrationnaire et à l’extermination
des juifs d’Europe par les nazis : comment rendre compte de l’indicible en
sachant que ni les mots ni les images n’y parviennent vraiment, comment
continuer à en parler sans tomber dans la banalisation de l’horreur ? De
ce point de vue, Nuit et Brouillard demeure
une œuvre inégalée. Le croisement entre les images en couleurs tournées en 1955
et les images d’archives en noir et blanc, leur constante mise en perspective
par le commentaire sobre et informatif dit par Michel Bouquet, le lent
crescendo dans l’horreur des images confèrent au film une force confondante. En
même temps, il marque un moment particulier dans l’histoire de la mémoire de la
déportation.
Réalisé dix ans après la fin de la guerre, Nuit et Brouillard reste tributaire de la perception que l’on pouvait avoir du phénomène dans les années 1950. À cette époque, le souvenir de la déportation est véhiculé en premier lieu par les déportés politiques et leurs associations. Les rescapés juifs non seulement sont peu nombreux – pour la France, deux mille cinq cents survivants sur soixante-dix mille déportés juifs –, mais ils ne font pas entendre leur voix, comme si le silence avait été alors leur moyen de continuer à vivre après le traumatisme.
De fait, Nuit et Brouillard est d’abord un film sur le phénomène concentrationnaire tel que les déportés des camps de Dachau et de Buchenwald ont pu en rapporter l’expérience. L’auteur du commentaire, Jean Cayrol, en était lui-même un rescapé. Le film montre bien les chambres à gaz d’Auschwitz mais gomme la spécificité du génocide juif. L’œuvre d’Alain Resnais se situe dans cette première période de la mémoire de la déportation, où le choc de l’ouverture des camps est proche mais où l’on distingue encore mal l’ampleur et la diversité du phénomène. Les nombreux travaux d’historiens parus depuis et les témoignages spécifiques des rescapés du génocide ne permettraient plus aujourd’hui de rester dans cette relative confusion.
Alors faut-il continuer à montrer Nuit et Brouillard ? Oui, car en trente minutes, l’essentiel est dit : l’horreur du meurtre de masse, la survie et la mort, le temps qui passe et l’enjeu de la mémoire. Certes il demande à être complété en faisant apparaître clairement la spécificité juive du phénomène concentrationnaire. Mais la stupeur admirablement mise en images par Alain Resnais en 1956 frappe toujours et alerte, comme ces mots de Jean Cayrol sur les décombres d’un crématoire : « Qui de nous veille sur cet étrange crématoire pour nous avertir de la venue de nouveaux bourreaux... nous qui ne pensons pas à regarder autour de nous et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. »
Réalisé dix ans après la fin de la guerre, Nuit et Brouillard reste tributaire de la perception que l’on pouvait avoir du phénomène dans les années 1950. À cette époque, le souvenir de la déportation est véhiculé en premier lieu par les déportés politiques et leurs associations. Les rescapés juifs non seulement sont peu nombreux – pour la France, deux mille cinq cents survivants sur soixante-dix mille déportés juifs –, mais ils ne font pas entendre leur voix, comme si le silence avait été alors leur moyen de continuer à vivre après le traumatisme.
De fait, Nuit et Brouillard est d’abord un film sur le phénomène concentrationnaire tel que les déportés des camps de Dachau et de Buchenwald ont pu en rapporter l’expérience. L’auteur du commentaire, Jean Cayrol, en était lui-même un rescapé. Le film montre bien les chambres à gaz d’Auschwitz mais gomme la spécificité du génocide juif. L’œuvre d’Alain Resnais se situe dans cette première période de la mémoire de la déportation, où le choc de l’ouverture des camps est proche mais où l’on distingue encore mal l’ampleur et la diversité du phénomène. Les nombreux travaux d’historiens parus depuis et les témoignages spécifiques des rescapés du génocide ne permettraient plus aujourd’hui de rester dans cette relative confusion.
Alors faut-il continuer à montrer Nuit et Brouillard ? Oui, car en trente minutes, l’essentiel est dit : l’horreur du meurtre de masse, la survie et la mort, le temps qui passe et l’enjeu de la mémoire. Certes il demande à être complété en faisant apparaître clairement la spécificité juive du phénomène concentrationnaire. Mais la stupeur admirablement mise en images par Alain Resnais en 1956 frappe toujours et alerte, comme ces mots de Jean Cayrol sur les décombres d’un crématoire : « Qui de nous veille sur cet étrange crématoire pour nous avertir de la venue de nouveaux bourreaux... nous qui ne pensons pas à regarder autour de nous et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. »
«Faisons
en sorte que cela ne se répète jamais...
Faisons en sorte que ce ne soit jamais
de l’histoire ancienne »
Simon Weil
Simon Weil
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