Prix Renaudot des lycéens 2011
Prix France Télévisions 2011
Je viens de terminer cette magnifique histoire de femmes, plus que d’une famille, Liane, Lucile, Lisbeth, Violette, Justine, Manon et surtout Delphine , l’écrivaine, même si son nom, si j’ai bien lu, n’apparaît jamais dans le roman.
Un roman tel qu’un journal composé à travers les yeux de Delphine
« Ma mère était bleue… »
au fur et à mesures que les souvenirs, les récits, les papiers, dispersés sous différents point de vue, apparaissent.
C’est le roman d’une vie, de la vie de Lucile.
Et je me suis aperçu qu’ encore une fois je devine souvent derrière les couvertures des livres que je choisis ces thèmes baudelairiens qui m’habitent dès ma première rencontre, dès mon adolescence.
« Tu connais cette maladie fiévreuse qui s'empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu'on ignore, cette angoisse de la curiosité? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C'est là qu'il faut aller vivre, c'est là qu'il faut aller mourir! »
(Le spleen de Paris « L’invitation au voyage » cité p. 390)
Il m’a été facile d’aborder ce nouveau roman d’autant plus que ma classe de II liceo classico avait bien apprécié No et moi et on avait vu le film aussi.
Ce conte comme Carola rappelle dans son billet fait désormais partie des romans à préparer pour l’ESABAC de l’année prochaine.
Dans ce récit apparaissait déjà le thème de la mère souffrante …
« Ma mère est tombée malade. Nous l’avons vue s’éloigner , petit à petit, sans pouvoir la retenir, nous avons tendu la main sans pouvoir la toucher, nous avons crié sans qu’elle semble nous entendre… »
No et moi p. 50 LE LIVRE DE POCHE
J’ai aussi eu la chance de lire Jours sans faim qui, tout en développant le thème de l’anorexie, raconte cette difficile relation avec sa mère.
Mais je trouve que cette fois-ci Delphine de Vigan nous fascine davantage avec une profondeur et un désir de vivre pleinement sa vie qui dépassent largement toutes ces histoires de douleur, de manque …
« je sais que ça va vous faire de la peine mais c’est inéluctable à plus au moins de temps et je préfère mourir vivante »
Je lis dans les derniers mots de Lucile dans cette oxymore qui termine sa dernière lettre à ses filles, de même que dans le voeu de l’empereur Hadrien de mourir "les yeux ouverts" (1) de Marguerite Yourcenar, une revendication qui déborde largement parce qu’elle marque un départ choisi, qui révèle son désir de vivre pleinement sa vie … jusqu’à mourir vivante.
1) Mémoires d’Hadrien
Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était encore inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:
"Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."
A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m'en souviens du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir
Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard
Pourtant j'étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu
Voilà, tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un "je t'aime"
Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père
Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était encore inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:
"Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."
A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m'en souviens du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir
Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard
Pourtant j'étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu
Voilà, tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un "je t'aime"
Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père
Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin