T'en souviens-tu, Djamel, quand tu as débarqué,
(Les cousins t'avaient dit qu' c'était la Terre promise)
On t'a pris tes papiers, on t'a déshabillé,
Tu as attendu des heures sans même une chemise.
Te souviens-tu, Djamel, des regards de mépris
Des autres voyageurs, quand tu as pris le train?
Toi tu voulais sourire, et tu n'as pas compris
Qu' c'était le commenc'ment d'un nouveau quotidien.
(Les cousins t'avaient dit qu' c'était la Terre promise)
On t'a pris tes papiers, on t'a déshabillé,
Tu as attendu des heures sans même une chemise.
Te souviens-tu, Djamel, des regards de mépris
Des autres voyageurs, quand tu as pris le train?
Toi tu voulais sourire, et tu n'as pas compris
Qu' c'était le commenc'ment d'un nouveau quotidien.
Te souviens-tu, Djamel, du patron de bistro
Qui t'a r'fusé une bière, un jour, rue des Abbesses?
Comm' tu n' te fâchais pas, qu' tu demandais de l'eau,
L'a fait sortir son chien de sous le tiroir caisse.
Te souviens-tu, Djamel, du soir où tu t'es fait
Casser bêt'ment la gueule par une bande de tondus?
Il y a des beaux quartiers qu'il vaut mieux éviter
Quand on n'est pas comme ceux qui possèdent les rues.
Te souviens-tu, Djamel, des boulots des débuts:
Balayeur, éboueur, manoeuvre sur les chantiers,
Et la gamelle froide et la chambre exigüe,
Te voilà installé, mais tout n'a pas changé,
Maint'nant tu sais, Djamel, quand tu passes au péage
D'une autoroute, que tu vas te faire arrêter:
Les flics, c'est bien connu, respectent les usages.
L'usage veut qu'on controle plutôt les gens bronzés
Et tu verrais Djamel, si tu venais chez moi
Le temps qu'il te faudrait pour passer la frontière
Avec tes cheveux longs, ton accent de là-bas,
Faut dire que tu n'as pas l'allure d'un homme d'affaires.
On pourrait continuer: Djamel t'en souviens-tu
Les sarcasmes des filles, la haine des parents...
Ce que je voulais dire, c'est simplement salut
A toi et à tous ceux que l'on dit différents,
Ce que je voulais dire, c'est simplement salut
A toi et à tous ceux que l'on dit différents!
Soleil de plomb
Sable brûlant
Le lourd camion
Bringuebalant
Chargé d´humains
Tout poussiéreux
Va son chemin
Va comme il peut
Les nuits, les jours
Dunes et pierres
La piste court
Sur le désert
Avec l´angoisse
La soif immense
Les heures passent
A quoi l´on pense?
Il en faut du courage
Pour quitter son village
Et partir vers le nord
Derrière toi, petit frère
Il n´y a que la misère
Et l´avenir est mort
Soleil de plomb
Et l´océan
Sur l´horizon
Vieux bateau blanc
Plutôt esquif
Prêt à couler
Moteur poussif
Hommes serrés
Le passeur a pris
Le bel argent
Puis il a dit
"C´est droit devant"
Le froid la peur
Vagues qui dansent
Passent les heures
A qui l´on pense?
Il en faut du courage
Pour quitter son village
Et chercher l´autre bord
Accroche-toi, petit frère
Encore un peu de mer
Et ce sera le port
Soleil de plomb
Sur un grand champ
Parqués en rond
Les survivants
Les gardes au loin
Les barbelés
Bottes et chiens
Fusils chargés
L´Europe rit
Juste à deux pas
Là, c´est écrit
"Rentre chez toi"
Pire que la mer
Qui bat sans fin
Et le désert
Y a les humains
Il faudrait du courage
A la fin du voyage
Pour espérer encore
C´est à croire, petit frère
Que pour toi sur la Terre
Y aura jamais de port
C´est à croire, petit frère
Que pour toi sur la Terre
Y a qu´ la faim et la mort
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