Calabrò Sonia et Castoldi Emanuele
Goncourt des lycéens italiens 2013
Sonia calabrò
Naissance : un roman qui tue
Naissance, le nouveau roman de Yann Moix, édité par Grasset en 2013, est un roman qui nous contraint à réfléchir sur des thèmes que nous préférons ignorer . Qu'est-ce que la vie? Qu'est-ce que la mort? Naître, qu’est-ce que cela signifie ? Et être un père? Et un fils? Est-ce qu’il existe vraiment le bonheur ou l’homme est destiné à souffrir ?
En nous racontant l’histoire de sa vie, ou plutôt, de sa naissance, Yann Moix s’ invente, ou mieux, il nous raconte l’histoire de l’homme universel. Avec un style sûrement originel, très ironique, parfois fou et vulgaire, incroyablement violent et cru dans certains moments, un style qui semble n’avoir aucune pudeur, aucune retenue, à travers une reconstruction de la pensée philosophique, métaphysique et religieuse du monde occidental, qu’il médite et qu’il propose de façon très personnelle, en opérant un éclectisme qui étonne par son génie, l’auteur parvient à une conception excessivement pessimiste de la vie, à un mépris de l’existence qui, pourtant, paradoxalement nous oblige à vivre.
Quand on lit ce livre, on naît et on meurt à chaque page, ainsi que on renaît et on meurt chaque jour. Naissance, c’est une appel à ne pas vivre dans le passé et dans le regret, à cueillir “ dès aujourd’hui les roses de la vie ”, qui s’accomplie à travers son contraire : la haine de la vie même. Yann Moix révèle une étonnante habilité à pénétrer la psychologie et l’âme humaine, ce qui renvoie le portrait d’un homme qui incarne la cancérisation de la société moderne, un homme qui est le contraire du Christ, qui se croit au-dessus de tous.
Il pose, dans une lecture qui pèse non seulement par la dimension du livre, mais aussi par la gravité des réflexions que ce livre contient, des réflexions qui concernent, comme nous avons déjà dit, la naissance, la mort, mais aussi le judaïsme, le christianisme, la littérature, l’écriture, le suicide, la procréation, une question à laquelle l’auteur même ne répond pas : est-ce qu’on est tous les jours en train d’exister ou est-ce qu’on est tous les jours en train de mourir?
« Ce livre est gros comme une femme enceinte de neuf mois » : c’est ainsi que Yann Moix a défini son propre roman. On peut dire, en effet, qu’il s’agit d’un roman excessif d’un excès évident aussi bien pour son style répétitif et prolixe que pour le nombre des pages et pour les digressions philosophiques, excès qui est incarné par la figure de Marc-Astolphe Oh, un homme “excessivement excessif”.
Emauele Castoldi
Une pierre: fondement des lieux, des sociétés, moyen de violence
"Tu as été amputé de toi-même. D'un lieu qui est toi-même."
Voilà comment , Pierre Jourde, auteur de "La première pierre", s'adresse directement au lecteur, pour lui faire comprendre les événements qui ont drastiquement changé sa vie en 2005, après la parution de "Pays perdu", livre concernant le village du Cantal où il a grandi: livre qui a été considéré une sorte d'ode pour cette terre sauvage par la critique, alors qu’il a été mal interprété et vu par beaucoup d'habitants du village comme une attaque, une diffamation, une action contre eux même. Donc ce déshonneur et cette honte, qu'ils croyaient avoir acquis, deviendront la raison d'une haine profonde qui les amènera à une tentative de lynchage contre l'auteur et sa famille entière, c'est-à-dire même contre ses enfants, pendant leur vacances au village.
Et voilà les sujets principaux du livre, d'une coté la rudesse du village, qui veut se venger violemment d'un homme si lié à ce lieu et à ses habitants auxquels il ressent appartenir, de l'autre l'écrivain, déçu par ceux qu' il croyait des amis, si prêts à utiliser la violence contre l'innocence des enfants aussi, injustifiés, injustifiables mais quand même unis dans leurs actions sauvages.
Ce qui souligne encore plus la déception et le regret éprouvés, c’est l'ironie de Jourde, une ironie pas débonnaire, mais amère constatant la lucide facilité avec laquelle les gens du village arrivent à le détester et à l'exiler.
Et encore plus , pendant le procès au tribunal, il élève la critique du village à la société entière: l'apparence, même si elle est souvent fondée sur des préjudices, comme celui selon lequel les villageois n'ont pas de moyens linguistiques ni de connaissances nécessaires à se défendre, est l'aspect le plus important de la vie d'une personne et d'un groupe, plus important que les affections et les liens entre des hommes. Et une apparence lésée devient une raison suffisante de haine dans une société renfermée dont le village devient le symbole et où les critiques sont inacceptables.
Voilà enfin ce qui est vraiment admirable, c'est-à-dire la franchise et la simplicité avec lesquelles l'auteur défend ses idées, sa position et sa famille.
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