Portrait de Chateaubriand par Anne-Louis Girodet-Trioson
Montboissier, juillet 1817
Le chant de l’oiseau dans le bois de Combourg³ m’entretenait d’une félicité que je croyez atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n’ai plus rien à apprendre , j’ai marché plus vite qu’un autre , et j’ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m’entraînent ; je n’ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ? Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ? Mettons à profit le peu d’instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse , tandis que j’y touche encore : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s’éloigne et qui va bientôt disparaître.
Mémoires d’outre-tombe, 1848
Écritures pp 20-27
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire