jeudi 9 août 2018

Yann Moix : Dehors - Lettre ouverte au Président de la République, Grasset


L'affaire Benalla et tout dernièrement l'affaire Kohler  ont, peut-être, estompé  les événements de Calais,  mais la voix de Yann Moix et la force de son  écriture lucide nous rappellent le drame des migrants à travers un essai qui s'adresse non seulement au Président Macron mais à tous les gouvernements  européens et à nous tous.  


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DEHORS est une lettre ouverte au président de la République ; il s’agit d’un appel, d’un SOS : dire à quel point les jeunes exilés, à Calais et ailleurs, font les frais d’une politique absurde. Une politique « migratoire » qui les empêche de sortir de notre territoire, alors que, tous ou presque, veulent rallier l’Angleterre. Ces « migrants » sont des exilés : ils sont partis de chez eux parce qu’ils ne pouvaient y rester. La migration est une procédure, l’exil   est une aventure. La migration est un déplacement, l’exil est un bannissement. Cette lettre ouverte veut dire une chose : l’honneur de la France serait d’aider ces enfants courageux, qui n’ont plus rien d’autre à sauver que leur vie. L’histoire nous regarde. Ne lui faisons pas honte.

Grasset 


Deux citations mises en exergue nous anticipent et nous éclairent le titre Dehors et ses thèmes  :  La première est de Raymond Queneau Ils n'avaient pas quitté le monde, le monde les avaient quittés et, selon moi, définit la situation des migrants, la seconde est de André Welter Je ne sais plus jusqu'où je sombre. Un autre parle à ma place qui m'exaspère, qui me trahit et il est évident qu'elle s'adresse, comme le sous-titre l'indique clairement au Président de la République.

Dehors est un texte engagé, un essai  politique mais surtout un texte humaniste. Son auteur ressuscite la figure de l'intellectuel engagé et engageant qui interroge  de façon acérée  ce qui s'est passé à Calais pour inviter à une réflexion

Celui qui est mis dehors n'est pas chassé: il est pourchassé. Celui qui est mis dehors n'est pas un migrant : il est un exilé. La migration ... est une expédition; l'exil est une dépossession. La migration est une inclusion; l'exil, une exclusion.
L'exil est une aventure, c'est Énée ...

Cette Europe qui souffle aujourd'hui ses vents contraires  contre les Énées nouveaux. Cette Europe qui s'insulte elle-même en oubliant qu'elle est l'oeuvre de fuyards éberlués  devenus maître de leur destin. La migration a donné des formulaiure, l'exil a donné Virgile (p. 13-14)

Libération








"Dehors", de Yann Moix : satire à boulets rouges

Quand on lit Dehors, on est dans un texte littéraire. Et non seulement un texte littéraire, mais un texte important de la littérature contemporaine. Pourtant, Dehors est un texte, aussi, d’urgence : la réponse parfaitement circonstanciée, rédigée en un mois et demi, à la mise en cause personnelle de l’auteur par le Président de la République. Et le constat de la situation particulière de Calais, le lieu des «migrants». Dehors «raconte» la France de 2018, et l’Europe du XXIème siècle.

La règle du jeu



Lettre ouverte, Dehors répond aux règles du pamphlet – excès de langage, mais élégance de la langue, accusations, mais virtuosité de l’écriture. Enervé, déçu, frôlant l’injure, Yann Moix ne propose pas de solutions  : il est écrivain, pas politique. Son livre ne peut convaincre que les convaincus et fera sourire ceux qu’il agace, son rôle de chien méchant dans On n’est pas couché n’ayant rien arrangé à sa réputation d’intellectuel donneur de leçons. On peut, en effet, ne pas être d’accord avec lui sur la dignité et la grandeur d’un pays qui ouvre ses frontières. On peut tout lui reprocher, sauf une chose  : il sait écrire.


L'Express a pu visionner en avant-première l'intégralité du film, programmé le 9 juin sur Arte (1). Si les images diffusées en janvier figurent dans Re-Calais, là n'est pas le coeur du propos de son réalisateur. Caméra au poing, il donne la parole aux exilés, aux Calaisiens et aux policiers avec le style qui lui est propre : fougueux, clivant et moralisateur. Grâce à la notoriété de leur auteur, ces images ont le mérite de porter à la connaissance du grand public la réalité dépeinte depuis des années par des associations et des journalistes.



Yann Moix :

 "L'exilé est devenu le bouc émissaire de tous ces pays 

européens qui ne supportent plus la présence de l’autre"