Villa Toeplitz Varese
ESAMI DI STATO DI ISTRUZIONE
SECONDARIA
SUPERIORE
SEZIONI ESABAC
Prova di: LINGUA E LETTERATURA
FRANCESE
Svolga il candidato una delle
seguenti prove a scelta
tra:
a) analisi di un testo;
b) saggio breve.
a) analisi di un testo
Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una
riflessione personale sul tema proposto.
Voici
les premières lignes de ce roman, qui raconte l'histoire d'amour passionnée et
douloureuse entre un jeune parisien de retour de la 1e guerre mondiale,
Aurélien, et une jeune femme provinciale et mariée, Bérénice.
La première fois
qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut,
enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait
pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue
sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer (1) de celle-ci qui portait un
nom de princesse d'Orient (2) sans avoir l'air de se considérer dans
l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal
tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait
pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en
demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se
demanda même pourquoi. C'était disproportionné. Plutôt petite, pâle, je
crois... Qu'elle se fut appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé,
après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà̀ bien ce qui
l'irritait. Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un
vers qui l'avait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard
démobilisé. Un vers qu'il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la
beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais qui l'avait bsédé,
qui l'obsédait encore:
Je
demeurai longtemps errant dans Césarée...
En général, les vers,
lui... Mais celui-ci lui revenait et revenait. Pourquoi ? C'est ce qu'il ne
s'expliquait pas. Tout à fait indépendamment de l'histoire de
Bérénice...l'autre, la vraie... D'ailleurs il ne se rappelait que dans ses
grandes lignes cette romance, cette scie (3) . Brune alors, la Bérénice de la
tragédie. Césarée, c'est du côté d'Antioche, de Beyrouth.
1) Présager. 2) princesse
juive que Titus emmena à Rome après la prise de Jérusalem en 70 et dont
l’histoire a inspiré en 1870 à Racine une tragédie du même nom et à
Corneille une autre tragédie : Tite et Bérénice. 3) terme populaire pour
désigner un thème obsédant.
Louis
Aragon, Aurélien, 1944
Compréhension
1. Relevez dans ce texte le champ lexical de la
laideur.
2. En quoi la première phrase est-elle paradoxale par
rapport à la suite du récit ?
3. Quels sentiments Aurélien éprouve-t-il pour
Bérénice ? Justifiez votre réponse.
Interprétation
1. Comment le narrateur rapproche-t-il Bérénice à
la Bérénice de la tragédie de Racine ?
2. Quelles sont les caractéristiques d'Aurélien que
le lecteur peut déduire du texte ?
Réflexion
personnelle
Louis Aragon décrit d’une
manière originale la naissance d’une passion amoureuse. Développez ce thème en
vous appuyant aussi sur d’autres œuvres littéraires que vous connaissez
b) saggio breve
Dopo aver analizzato
l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto
(circa 600 parole).
Poésie
des choses, de l’objet au symbole
Document
1
Le
poème est adressé à Amadis Jamyn (1540-1593), poète champenois, proche du
cercle littéraire de la Pléiade, et ami de Pierre de Ronsard. Orthographe
modernisée.
Lave ta main, qu’elle soit belle et nette,
Réveille-toi, apporte une serviette :
Une salade amassons, et faisons
Part à nos ans (1) des fruits de la saison.
D’un vague pied, d’une vue écartée
De ça, de là, en cent lieux rejetée
Sur une rive, et dessus un fossé,
Dessus un champ en paresse laissé (2)
Du laboureur, qui de lui-même apporte
Sans cultiver herbes de toute sorte,
Je m’en irai, solitaire, à l’écart.
Tu t’en iras, Jamyn, d’une autre part,
Chercher, soigneux, la boursette (3) touffue,
La pâquerette à la feuille menue,
La pimprenelle heureuse pour le sang
Et pour la rate, et pour le mal de flanc.
Je cueillerai, compagne de la mousse,
La responsette (3) à la racine douce
Et le bouton des nouveaux groseilliers
Qui le printemps annoncent les premiers.
Puis, en Usant l’ingénieux Ovide
En ces beaux vers où d’amour il est guide,
Regagnerons le logis pas à pas…
1) expression signifiant : partageons entre nous. 2)
laissé non cultivé. 3) nom d’une variété de salade.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Document
2
Je suis la pipe d'un auteur ;
On voit, à contempler ma mine
D'Abyssinienne ou de Cafrine(1),
Que mon maître est un grand fumeur.
Quand il est comblé de douleur,
Je fume comme la chaumine
Où se prépare la cuisine
Pour le retour du laboureur.
J'enlace et je berce son âme
Dans le réseau mobile et bleu
Qui monte de ma bouche en feu,
Et je roule un puissant dictame (2)
Qui charme son cœur et guérit
De ses fatigues son esprit.
1) jeune et jolie femme de la Réunion. 2) plante
médicinale originaire d'Amérique Centrale.
Charles
Baudelaire, « La Pipe », dans Les Fleurs du mal, 1857
Document
3
La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de
cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa
disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut
glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en
vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans dès lors si
nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche
ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son
tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs
siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces
fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des
autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre
bouche moins objet de respect que de consommation.
Francis
Ponge, « Le pain », dans Le parti pris des choses (1942)
Document
4
L'abbiamo rimpianto a
lungo l'infilascarpe,
il cornetto di latta
arrugginito ch'era
sempre con noi.
Pareva un'indecenza portare
tra i similori e gli
stucchi un tale orrore.
Dev'essere al Danieli
che ho scordato
di riporlo in valigia
o nel sacchetto.
Hedia la cameriera lo
buttò certo
nel Canalazzo. E come
avrei potuto
scrivere che
cercassero quel pezzaccio di latta?
C'era un prestigio
(il nostro) da salvare
e Hedia, la fedele,
l'aveva fatto.
Eugenio Montale, “L'abbiamo rimpianto a lungo
l'infilascarpe” dans Xenia,
II, 3, 1966
Nous l’avons longtemps regretté, ce chausse-pied,
cette demi-corne rouillée en fer blanc qui nous
accompagnait partout. Il semblait déplacé d’apporter
Parmi les similors et les stucs cette horreur.
Au Danieli j’ai oublié sans doute
de le ranger dans la valise ou dans la trousse.
Hedia, la femme de chambre, l'a certainement jeté
dans le grand canal. Comment aurais-je osé
écrire pour réclamer ce bout de ferraille?
Puisqu’il fallait sauver notre prestige, ce fut
l’œuvre de Hedia la fidèle.
Eugenio
Montale, dans Poèmes choisis, traduction de Patrice
Dyerval Angelini, NRF, coll. Poésie/Gallimard, Paris, éd. nouvelle de 1991
René Magritte, Ceci n’est pas une pomme, 1964
Ce tableau fait partie d’une série de toiles dénommée « La trahison des images » ; elles traitent du rapport
entre l’objet, son identification et sa représentation.