Apollinaire a publié Vitam impendere amori, avec la mention poèmes et dessins, Paris, Mercure de France, 1917. Cette plaquette a été illustrée par André Rouveyre. Cette alliance de dessins et de vers semble préparer Calligrammes, qui paraîtra l'année suivante.
L’image du jardin comme lieu paradisiaque, comme lieu du souvenir, comme
lieu hors du monde.
Des regrets et de la raison
Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Vitam impendere amori
(consacrer sa vie à l’amour)
Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent
Ô mains qu'enchaîne la mémoire
La chaîne s'use maille à maille
Et je retombe à tes genoux
Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires
Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées
Cueillez le jet d'eau du bassin
Dont les roses sont les
maîtresses
Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Et des dédains et du soupçon
Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l'arbre fleuri d'étoiles
Un clown est l'unique passant
Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l'ombre un portrait a souri
La vitre du cadre est brisée
Un air qu'on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir
Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Des regrets et de la raison
Guillaume Apollinaire, Alcools
Voici le site où je retrouvé ce beau poème
d' Apollinaire
Maria Callas
Casta Diva (Norma - Bellini)