“Ma bella più di tutte
l'isola non trovata” chante Francesco Guccini; selon lui, cette île n'existe
pas, c'est seulement un rêve des hommes qui le racontent pour ressortir de cet
état de désespoir. Mais si l'on pense à notre Europe, qu'est-ce que nous
pouvons dire ? Elle est vraiment une “isola non trovata” ?
Le rêve d'une Europe
unie, pas seulement comme agrégation d'états qui se trouvent par hasard à
partager le même territoire, mais comme communauté de réalités différentes qui
travaillent ensemble, a ses racines très loin dans l'histoire: Mazzini, au début
de 1800, parlait d'une “Giovane Europa”, et Victoire Hugo aussi en 1849. “Vous toutes, vous nations du
continent (…), vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure”, à
former ce qu'il appelle “les États-Unis d'Europe”. C'est un rêve qui va
vraiment être bouleversé par la première, mais surtout par la deuxième guerre
mondiale.
Est-ce que une réalité de
coopération en Europe, parmi les états, après la guerre est possible?
Dans “Éducation
européenne”, selon Tadek Chmura, le narrateur du roman, ce qui caractérise
cette époque « ce sont les
bombes, les massacres”, mais n'est pas si convaincu Romain Gary : selon
lui, dans certains périodes de l'histoire, tous les hommes sont, ont été ou
seront des allemands. Les allemands deviennent un symbole de désespoir.
Ce désespoir ne doit pas
toutefois être, ou devenir, un obstacle pour la création d'une vraie “Éducation
européenne”, c'est-à-dire une Europe où “les hommes retrouvent leur bien
intact”.
Après la fondation en
1993 de l'Union Européenne, puisque rêver est le propre de l'être humain, l'idée
(ou peut être l'illusion?) d'Hugo, de Mazzini, de Gary a grandi et elle est
devenue le rêve d'une Méditerranée globale, qui est la maison de « trois
continents et » de «siècles d'histoire », la possibilité de trois
cultures qui partagent leur histoire, leurs traditions, leurs conditions en
conservant leur qualités distinctes et une individualité précise.
Aujourd'hui nous sommes
encore dans une situation de désespoir, nous sommes devenus tous allemands et
l' Europe est devenue, pour les peuples qui vivent toujours dans la guerre, la
possibilité d'une paix et la tentative de ressortir de ce désespoir.
Lampedusa est bien sûr devenue
le symbole de cette tentative, un carrefour de gens qui ont leur vie dans un
sac et dans la tête le rêve de cette Europe .
Guccini a bien raison
quand il dit “nessuno sa se c'è davvero od è un pensiero”, parce que
c'est vraiment ce que ces personnes éprouvent, et il souligne le caractère
tragique de leur voyage vers une île qu’ils ne savent pas si elle existe
vraiment.
En conclusion, il y a
plus de cent cinquante and entre nous et Victoire Hugo, mais les hommes sont
encore les mêmes. Nous sommes encore en train de rechercher notre “isola non
trovata”.
Peut-être existe-t-elle,
peut-être est-elle seulement un conte, mais la question est encore “si
l'homme est allemand ou non... s'il lui arrive seulement de l'être parfois”.