Petit Pays, c'est l'histoire de Gaby un gamin de 10 ans, un récit inspiré du vécu de Gaël Faye, mais il ne s'agit pas d'un récit autobiographique : un roman sur l'enfance, sur l'amitié, sur la guerre au Rwanda, mais aussi sur l'exil :
"Il m'obsède ce retour. Pas un jour sans que le pays ne se rappelle à moi" (p.13)
"Je pensais être exilé de mon pays. En
revenant
sur les traces de mon passé, j'ai compris que
j'étais exilé de mon
enfance. Ce qui me paraît bien
plus cruel encore" (p. 213)
Son père est Français, sa mère Tutsi, originaire
du Rwanda voisin. Il vit dans un cocon, assez inconscient de la misère alentour
et de la menace qui gronde. Gaël Faye raconte avec une jolie plume la vie d'un
petit garçon et de sa bande de copains, les « Kinanira Boyz », les après-midi
dans leur Q.G, un Combi Volkswagen abandonné sur un terrain vague, les mangues
dérobées dans les jardins voisins, les bières Primus tièdes sifflées dans le
bouge du coin, les parties de pêche sur la Muha avec des cannes en bambou, de
la farine et des asticots comme appâts.
Par les yeux d'un enfant de 10 ans, Gaël Faye entraîne le lecteur entre
sourires et larmes dans un pays et une région d'Afrique qui ont été mis à feu
et à sang par la folie des hommes. Tour à tour, on s'émerveille de la naïveté
de l'enfance et on est effrayé par les horreurs qui peuvent être perpétrées par
l'homme. Dans nos petites vies relativement tranquilles, loin des guerres et
des pertes humaines, les lecteurs français que nous sommes ont connaissance de
ces événements mais ont un rapport distancié avec les faits. L'auteur vient ici
nous confronter à la réalité avec force et violence. Jamais gratuitement,
toujours avec justesse mais quand la théorie rencontre la réalité, les mots
font mal et le jeune Gabriel et ses amis de l'impasse nous touchent en plein
coeur.
Sans sombrer dans un idéalisme béat, la seule projection vers l’avenir possible
et envisageable à l’échelle de l’œuvre, est peut-être celle permise par les
livres, tels ceux de Mme Economopoulos : « – Un livre peut nous
changer ? / Bien sûr un livre peut te changer ! Et même changer ta
vie ». Dès l’ouverture du récit, on comprend en effet, dans une sorte de
mise en abyme, qu’en dépit des événements et de la violence du réel, la quête
identitaire du narrateur a abouti en lui permettant de se construire,
singulièrement, par le livre que nous avons sous les yeux : « ‘Je
suis un être humain’. Ma réponse les agace. Pourtant, je ne cherche pas à les
provoquer ». Petit pays, c’est donc aussi son pays à soi, celui de nos
enfances, fussent-elles dévastées, celui de nos révoltes adolescentes contre
toutes les assignations identitaires, celui qui contribue à nous sauver quand
on décide, non pas de s’y réfugier, mais d’en arpenter à nouveaux les collines
et les crevasses – notamment celles de l’Histoire.
Gahugu gatoyi
Gahugu kaniniya
Gahugu kaniniya
Warapfunywe ntiwapfuye
Waragowe ntiwagoka
Gahugu gatoyi
Gahugu kaniniya
Une feuille et un stylo apaisent mes délires d'insomniaque
Waragowe ntiwagoka
Gahugu gatoyi
Gahugu kaniniya
Une feuille et un stylo apaisent mes délires d'insomniaque
Loin dans mon exil,
petit pays d'Afrique des Grands Lacs
Remémorer ma vie naguère avant la guerre
Trimant pour me rappeler mes sensations sans rapatriement
Petit pays je t'envoie cette carte postale
Ma rose, mon pétale, mon cristal, ma terre natale
Ça fait longtemps les jardins de bougainvilliers
Souvenirs renfermés dans la poussière d'un bouquin plié
Sous le soleil, les toits de tôles scintillent
Les paysans défrichent la terre en mettant l'feu sur des brindilles
Voyez mon existence avait bien commencé
J'aimerais recommencer depuis l'début, mais tu sais comment c'est
Et nous voilà perdus dans les rues de Saint-Denis
Avant qu'on soit séniles on ira vivre à Gisenyi
On fera trembler le sol comme les grondements de nos volcans
Alors petit pays, loin de la guerre on s'envole quand ?
[Refrain]
Petit bout d'Afrique perché en altitude
Je doute de mes amours, tu resteras ma certitude
Réputation recouverte d'un linceul
Petit pays, pendant trois mois, tout l'monde t'a laissé seul
J'avoue j'ai plaidé coupable de vous haïr
Quand tous les projecteurs étaient tournés vers le Zaïre
Il fallait reconstruire mon p'tit pays sur des ossements
Des fosses communes et puis nos cauchemars incessants
Petit pays : te faire sourire sera ma rédemption
Je t'offrirai ma vie, à commencer par cette chanson
L'écriture m'a soigné quand je partais en vrille
Seulement laisse-moi pleurer quand arrivera ce maudit mois d'avril
Tu m'as appris le pardon pour que je fasse peau neuve
Petit pays dans l'ombre le diable continue ses manœuvres
Tu veux vivre malgré les cauchemars qui te hantent
Je suis semence d'exil d'un résidu d'étoile filante
[Refrain]
Un soir d'amertume, entre le suicide et le meurtre
J'ai gribouillé ces quelques phrases de la pointe neutre de mon feutre
J'ai passé l'âge des pamphlets quand on s'encanaille
J'connais qu'l'amour et la crainte que celui-ci s'en aille
J'ai rêvé trop longtemps d'silence et d'aurore boréale
À force d'être trop sage j'me suis pendu avec mon auréole
J'ai gribouillé des textes pour m'expliquer mes peines
Bujumbura, t'es ma luciole dans mon errance européenne
Je suis né y'a longtemps un mois d'août
Et depuis dans ma tête c'est tous les jours la saison des doutes
Je me navre et je cherche un havre de paix
Quand l'Afrique se transforme en cadavre
Les époques ça meurt comme les amours
Man j'ai plus de sommeil et je veille comme un zamu
Laissez-moi vivre, parole de misanthrope
Citez m'en un seul de rêve qui soit allé jusqu'au bout du sien propre
[Refrain x3]
Petit pays
Quand tu pleures, je pleure
Quand tu ris, je ris
Quand tu meurs, je meurs
Quand tu vis, je vis
Petit pays, je saigne de tes blessures
Petit pays, je t'aime, ça j'en suis sûr
Remémorer ma vie naguère avant la guerre
Trimant pour me rappeler mes sensations sans rapatriement
Petit pays je t'envoie cette carte postale
Ma rose, mon pétale, mon cristal, ma terre natale
Ça fait longtemps les jardins de bougainvilliers
Souvenirs renfermés dans la poussière d'un bouquin plié
Sous le soleil, les toits de tôles scintillent
Les paysans défrichent la terre en mettant l'feu sur des brindilles
Voyez mon existence avait bien commencé
J'aimerais recommencer depuis l'début, mais tu sais comment c'est
Et nous voilà perdus dans les rues de Saint-Denis
Avant qu'on soit séniles on ira vivre à Gisenyi
On fera trembler le sol comme les grondements de nos volcans
Alors petit pays, loin de la guerre on s'envole quand ?
[Refrain]
Petit bout d'Afrique perché en altitude
Je doute de mes amours, tu resteras ma certitude
Réputation recouverte d'un linceul
Petit pays, pendant trois mois, tout l'monde t'a laissé seul
J'avoue j'ai plaidé coupable de vous haïr
Quand tous les projecteurs étaient tournés vers le Zaïre
Il fallait reconstruire mon p'tit pays sur des ossements
Des fosses communes et puis nos cauchemars incessants
Petit pays : te faire sourire sera ma rédemption
Je t'offrirai ma vie, à commencer par cette chanson
L'écriture m'a soigné quand je partais en vrille
Seulement laisse-moi pleurer quand arrivera ce maudit mois d'avril
Tu m'as appris le pardon pour que je fasse peau neuve
Petit pays dans l'ombre le diable continue ses manœuvres
Tu veux vivre malgré les cauchemars qui te hantent
Je suis semence d'exil d'un résidu d'étoile filante
[Refrain]
Un soir d'amertume, entre le suicide et le meurtre
J'ai gribouillé ces quelques phrases de la pointe neutre de mon feutre
J'ai passé l'âge des pamphlets quand on s'encanaille
J'connais qu'l'amour et la crainte que celui-ci s'en aille
J'ai rêvé trop longtemps d'silence et d'aurore boréale
À force d'être trop sage j'me suis pendu avec mon auréole
J'ai gribouillé des textes pour m'expliquer mes peines
Bujumbura, t'es ma luciole dans mon errance européenne
Je suis né y'a longtemps un mois d'août
Et depuis dans ma tête c'est tous les jours la saison des doutes
Je me navre et je cherche un havre de paix
Quand l'Afrique se transforme en cadavre
Les époques ça meurt comme les amours
Man j'ai plus de sommeil et je veille comme un zamu
Laissez-moi vivre, parole de misanthrope
Citez m'en un seul de rêve qui soit allé jusqu'au bout du sien propre
[Refrain x3]
Petit pays
Quand tu pleures, je pleure
Quand tu ris, je ris
Quand tu meurs, je meurs
Quand tu vis, je vis
Petit pays, je saigne de tes blessures
Petit pays, je t'aime, ça j'en suis sûr