Ce
texte magnifique, écrit en 1954, doit être associé à deux autres poèmes du même
auteur et de la même année : Le
déserteur et Je voudrais pas crever.
Comme Le déserteur, il s’agit d’un poème
antimilitariste, à
replacer dans la période des années 1950 après les horreurs de la Seconde
guerre mondiale et durant celles des guerres coloniales.
Svolga il candidato una
delle seguenti prove a scelta tra:
a) analisi di un testo;
b) saggio breve.
a) analisi di un testo
Dopo avere letto il testo
rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto
Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut, entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l'odeur des arbres
De tout son corps comme une forge
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d'acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l'eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie, il a bu
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il s'est relevé pour sauter
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive
Le sang et l'eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de rire aux assassins
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre
Boris Vian « L'Évadé » ou « Le Temps de vivre »
Chansons
et Poèmes, 1966 (posthume)
I. Compréhension
1. Quelle est la situation d'énonciation ? Réfléchissez en
particulier sur l'opposition entre « il » et « ils ».
2. Relevez et analysez les références à la nature; pourquoi
est-elle si présente ?
3. Quel effet est créé sur le rythme du poème par la
répétition du vers « Pourvu qu'ils me laissent le temps » ?
II. Interprétation
l.Mettez en relation le titre et le contenu du poème: de
quel/s lieu/x ou situation/s s'évade le personnage ?
2. Quelles valeurs Vian souhaite-t-il célébrer dans ce
poème ?
III. Réflexion personnelle
Une des fonctions de la littérature consiste à s'engager,
contre toutes les formes que le mal peut prendre dans le monde.
Développez ce thème en vous appuyant
sur les ceuvres littéraires que vous connaissez (300 mots environ).
Boris Vian
b) saggio breve
Dopo avere analizzato
l'insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).
Images de la femme, entre norme sociale et émancipation
Document
1
Il parut alors une beauté
à la Cour, qui attira les yeux de tout le monde [... ]. Elle était de la même maison
que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son
père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de
Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient
extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années
sans revenir à la Cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à
l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son
esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui
rendre aimable. [... ] Madame de Chartres [... ] faisait souvent à sa fille des
peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la
persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui
contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité
[... ] ; et elle lui faisait voir, d'un autre còté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnète femme,
et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la
beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était
difficile de conserver cette vertu, que par une extrème défiance de soi-mème,
et par un grand soin de s'attacher à ce qui seuI peut faire le bonheur d'une
femme, qui est d'aimer son mari et d'en ètre aimée.
Mme
de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678
Document
2
Ils sont quinze, ceux qui
l'attendirent tout à l'heure dans le grand salon du rez-de-chaussée'. Elle entra
dans cet univers étincelant, se dirigea vers le grand piano, s'y accouda, ne
s'excusa nullement. On le fit à sa place.
- Anne est en retard,
excusez Anne.
Depuis dix ans, elle n'a
pas fait parler d'elle. Si son incongruité la dévore, elle ne peut s'imaginer. Un
sourire fixe rend son visage acceptable.[ ... ]
On rit. Quelque part
autour de la table, une femme. Le chceur des conversations augmente peu à peu le
volume et, dans une surenchère d'efforts et d'inventivité progresse, émerge une
société quelconque. [... ] On débouche peu à peu sur une conversation
généralement partisane et particulièrement neutre. La soirée réussira. Les
femmes sont au plus sùr de leur éclat. Les hommes les couvrirent de bijoux au
prorata/ de leurs bilans. [... ] Le saumon repasse dans une forme encore amoindrie.
Les femmes le dévorerontjusqu'au bout. Leurs épaules nues ont la luisance et la
fermeté d'une société fondée, dans ses assises, sur la certitude de son droit,
et elles furent choisies à la convenance de celle-ci. La rigueur de leur
éducation exige que leurs excès soient tempérés par le souci majeur de leur
entretien. De celui-ci, on leur inculqua, jadis, la conscience. Elles se pourlèchent
de mayonnaise, verte, comme il se doit, s'y retrouvent, y trouvent leur compte.
Des hommes les regardent et se rappellent qu' elles font leur bonheur.
L'une d'entre elles
contrevient ce soir à l'appétit général. Elle vient de l'autre bout de la
ville, derrière les mòles et les entrepòts à l'huile, l'opposé de ce boulevard
de la Mer, de ce érimètre qui fut il y a dix ans autorisé, où un homme lui a
offert du vinjusqu'à la déraison.
Marguerite
Duras, Moderato cantabile, 1958
1Anne Desbaresdes, mariée et mère d'un petit garçon, a
rencontré un inconnu dans un café près du lieu où son enfant prend des leçons
de piano. Un soir, elle prolonge la rencontre avec cet homme et arrive en
retard à un diner
2 En fonction de, à la mesure de
Document
3
Le normal, je le
rencontrerais en particulier chez Brigitte'. Mme Desfontaines-, toujours là, toupinanr'
dans sa cuisine, petits lavages, petite couture minutieuse, et nous interdisant
la salle à manger, vous allez salir. Univers menu, où à mes yeux on s'occupait
des petites choses, récurer des boutons de porte, quelle farce, et comment
s'interroger sérieusement cinq minutes pour savoir s'il fallait faire des
nouilles ou du hachis parmentier. [... l J'avais hàte de partir. C'est là que
j'ai découvert une étonnante complicité ménagère entre mère et filles, dont je
n'avais pas idée. "Tu as vu ton pull, je l'ai lavé au savon en paillettes,
comme neuf. Je vais te faire un dessus-de-lit en cretonne, c'est frais,
etc." Brigitte aide aux épluchages, en cuisine et me fait sentir avec
suffisance que je ne sais rien faire. Vrai, je ne sais pas monter une
mayonnaise, ni peler une carotte vite et fin, mais je pourrais lui rétorquer
qu'à l'école je me débrouille plutòt bien. Non, ça ne compenserait pas. Pour
une fille, ne savoir rien faire, tout le monde comprend, c'est ne pas être
fichue de repasser, nettoyer, cuisiner comme il faut. Comment tu feras plus
tard quand tu seras mariée ? La grande phrase de logique irréfutable [... l,
pas un œuf à la coque, bien bien, tu verras si ça plaira à ton mari la soupe
aux cailloux!
Annie
Ernaux, La Femme gelée, 1981
1 La narratrice a été élevée par une mère pas « comme
les autres », qui la laisse libre de ses choix et la pousse à étudier. Brigitte,
son arnie, a reçu une éducation plus traditionnelle.
2 Il s'agit de la mère de Brigitte.
3 Toumant en rond (comme une toupie)
Document 4
Donna Cristina è morta; il viso pallido delle figlie perde un poco della
sua serenità e la fiamma in fondo agli occhi cresce: cresce a misura che don
Zame, dopo la morte della moglie, prende sempre più l'aspetto prepotente dei
Baroni suoi antenati, e come questi tiene chiuse dentro casa come schiave le
quattro ragazze in attesa di mariti degni di loro. E come schiave esse dovevano
lavorare, fare il pane, tessere, cucire, cucinare, saper custodire la loro
roba: e soprattutto, non dovevano sollevar gli occhi davanti agli uomini, né
permettersi di pensare ad uno che non fosse destinato per loro sposo. Ma gli
anni passavano e lo sposo non veniva. E più le figlie invecchiavano più don Zame
pretendeva da loro una costante severità di costumi. Guai se le vedeva
affacciate alle finestre verso il vicolo dietro la casa, o se uscivano senza
suo permesso. Le schiaffeggiava coprendole d'improperi, e minacciava di morte i
giovani che passavano due volte di seguito nel vicolo. [... l
Donna Lia, la terza delle sue figlie, sparì una notte dalla casa paterna e
per lungo tempo non si seppe più nulla di lei. Un'ombra di morte gravò sulla
casa: mai nel paese era accaduto uno scandalo eguale; mai una fanciulla nobile
e beneducata come Lia era fuggita così. Don Zame parve impazzire; corse di qua
e di là; per tutto il circondario e lungo la Costa in cerca di Lia; ma nessuno seppe
dargliene notizie. Finalmente ella scrisse alle sorelle, dicendo di trovarsi in
un luogo sicuro e d'esser contenta d'aver rotto la sua catena. Le sorelle però
non perdonarono, non risposero.
Grazia Deledda, Canne al vento, 1913
Mme Christine est morte;
le visage pâle de ses filles perd un peu de sa sérénité et la flamme au fond de
leurs yeux grandit : elle grandit au fur et à mesure que don Zame, après la
mort de sa femme, prend l'attitude de plus en plus autoritaire de ses ancêtres
les Barons, et comme eux, retient enfermées à la maison comme des esclaves les
quatre jeunes filles en attente d'un mari digne d'elles. Et comme des esclaves
elles devaient travailler, faire le pain, tisser, coudre et cuisiner, savoir
prendre soin de leurs affaires : et surtout, elles devaient garder les yeux
baissés devant les hommes, ne pas se permettre de penser à un autre qu' à celui
qui leur serait destiné comme époux. Mais les années passaient et aucun époux ne
venait. Et plus ses filles vieillissaient et plus don Zame prétendait d'elles
des mœurs irréprochables. Malheur s'il les voyait se montrer aux fenêtres qui donnaient
sur le chemin de derrière de la maison, ou si elles sortaient sans sa
permission. Il les giflait en les couvrant d'injures, et menaçait de mort les
jeunes gens qu'il voyait passer deux fois de suite dans le chemin. [... ]
Madame Lia, la troisième
de ses filles, disparut une nuit de la maison paternelle et pendant longtemps
on n'eut plus aucune de ses nouvelles. Une ombre de mort pesa sur la maison :
jamais dans le village il n'y avait eu un pareil scandale; jamais une jeune
fille noble et de bonne éducation comme Lia ne s'était enfuie ainsi. Don Zame
sembla devenir fou ; il courut partout ; dans tous les environs et le long de
la cote à la recherche de Lia ; mais personne ne sut lui en donner des nouvelles.
Finalement celle-ci écrivit à ses sœurs, disant qu'elle se trouvait en lieu sûr
et qu'elle était contente d'avoir rompu ses chaines. Mais ses sœurs ne
pardonnèrent pas et ne répondirent pas
.
Grazia
Deledda, Roseaux au vent, traduction de Marie Billoret, ebook, Faligi
Editore, 2014
Amedeo Clemente Modigliani, Femme à la cravate noire, 1917
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