jeudi 2 juin 2016

Federico Podano commentaire dirigé: "On se fait une grande affaire" J.J. Rousseau Emile ou De l’Education




Oratorio (Castagnola)


BAC BLANC 

Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE


Analisi di un testo
Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.

On se fait une grande affaire de chercher les meilleures méthodes d’apprendre à lire ; on invente des bureaux, des cartes ; on fait de la chambre d’un enfant un atelier d’imprimerie. Locke veut qu’il apprenne à lire avec des dés. Ne voilà-t-il pas une invention bien trouvée ? Quelle pitié ! Un moyen plus sûr que tout cela, et celui qu’on oublie toujours, est le désir d’apprendre. Donnez à l’enfant ce désir, puis laissez là vos bureaux et vos dés, toute méthode lui sera bonne. 
 L’intérêt présent, voilà le grand mobile, le seul qui mène sûrement et loin. Émile reçoit quelquefois de son père, de sa mère, de ses parents, de ses amis, des billets d’invitation pour un dîner, pour une promenade, pour une partie sur l’eau, pour voir quelque fête publique. Ces billets sont courts, clairs, nets, bien écrits. Il faut trouver quelqu’un qui les lui lise ; ce quelqu’un ou ne se trouve pas toujours à point nommé, ou rend à l’enfant le peu de complaisance que l’enfant eut pour lui la veille. Ainsi l’occasion, le moment se passe. On lui lit enfin le billet, mais il n’est plus temps.
 Ah ! si l’on eût su lire soi-même ! On en reçoit d’autres : ils sont si courts ! le sujet en est si intéressant ! on voudrait essayer de les déchiffrer ; on trouve tantôt de l’aide et tantôt des refus. On s’évertue, on déchiffre enfin la moitié d’un billet : il s’agit d’aller demain manger de la crème... on ne sait où ni avec qui... Combien on fait d’efforts pour lire le reste !



J.J. Rousseau Emile ou De l’Education, Livre II, 1762




 COMPREHENSION
    
    Relevez dans ce passage une phrase ironique et expliquez quelle en est la cible.
On peut citer comme exemple la phrase « Ne voilà-t-il pas une invention bien trouvée ? » à la ligne 3. Avec cette question rhétorique dont la réponse est fortement négative (« Quelle pitié ! »), Rousseau s’adresse à Locke, qui croit avoir inventé une méthode géniale pour apprendre aux enfants à lire mais, selon l’auteur, a complètement raté son but.

Quelle valeur le pronom « on » a-t-il dans les trois paragraphes ? Justifiez les différents emplois qu’en fait Rousseau.
Dans cet extrait, Rousseau touche trois points de vue différents auxquels correspond le sujet « on » dans chacun des trois paragraphes. Dans le premier, « on » représente les maîtres qui se donnent beaucoup de peine pour trouver les meilleures conditions et méthodes afin que les enfants puissent apprendre à lire ; dans le deuxième, il indique tous les gens qui aident l’enfant à lire chaque fois qu’il n’y arrive pas ; au troisième paragraphe, enfin, « on » s’identifie avec l’enfant lui-même, qui cherche à déchiffrer tout seul les billets mais ne réussit pas.



INTERPRETATION

    Expliquez le rôle de la ponctuation dans le dernier paragraphe.
A la fin de l’extrait Rousseau cherche à imiter la façon dont les enfants parlent : voilà, donc, que les points exclamatifs suggèrent la surprise d’Emile, qui reçoit beaucoup de billets intéressants ; les deux points et les points-virgules fréquents coupent le discours en phrases courtes et simples ; les points de suspension montre l’incertitude et les difficultés d’un enfant qui ne sait pas lire ce qui est écrit dans ses cartes.

Par quelles expressions Rousseau marque-t-il sa distance vis-à-vis des méthodes habituelles d’apprentissage de la lecture ?
Cette distance est marquée par Rousseau surtout au début du texte, où il utilise plein d’expressions hyperboliques et ironiques : afin d’instruire un enfant « on se fait une grande affaire de chercher les meilleures méthodes », « on invente », on transforme sa chambre dans « un atelier d’imprimerie ». La liste est interrompue par l’exclamation « Quelle pitié ! » : tout cela est donc inutile, et en fait l’enfant a toujours besoin de l’aide des adultes s’il ne veut pas « déchiffrer » que la moitié d’un billet.

Reformulez la thèse de Rousseau. Quelle conséquence entraîne-t-elle dans la manière d’enseigner ?
Pour Rousseau, la seule chose qui compte dans l’apprentissage, c’est le vif intérêt de l’élève. C’est pour cette raison qu’on ne doit pas se concentrer sur la méthode, ni sur les espaces ou sur les instruments ; on doit, par contre, oublier tous ces aspects secondaires et s’engager à allumer le désir d’apprendre de l’enfant. A ce point, toute méthode ira bien pour lui et l’élève aura le seul moyen fondamental pour continuer à apprendre, c’est-à-dire la passion.


REFLEXION PERSONNELLE

       « Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré » Marcel Proust.
       De l’apprentissage de la lecture à la valeur qu’elle a eue dans la formation de chaque lecteur : développez une réflexion personnelle sur ce thème, en faisant éventuellement référence à d’autres œuvres littéraires que vous avez lues. (300 mots environ).

       Parmi toutes les matières et les habiletés qu’on apprend dès le premier jour d’école primaire, la lecture est sans aucun doute l’une des plus importantes, puisqu’elle marque la naissance d’un point de contact avec le monde qui va forger notre vie et notre personnalité.

       Il est difficile de résumer les raisons infinies qui rendent la lecture un trésor si fondamental que le plupart de nous, peut-être, ne se rappelle pas ce temps de notre vie où l’on ne savait pas lire. Avec nos premières anthologies on a appris à comprendre des textes de plus en plus complexes : la première valeur que la lecture nous donne, c’est donc l’interprétation cohérente et profonde d’un message, ce qui nous permet d’arriver au cœur de ce qu’un auteur veut nous communiquer.
       Mais cela n’est que le début. Lire nous permet de rentrer dans des réalités nouvelles dont on ne connaissait même pas l’existence. Un livre est une « téléportation » et une machine du temps accessible à tous : peu à peu, il nous attire dans sa dimension, comme dans un réseau. On peut bien apprendre, par exemple, tout sur le Moyen-Âge à l’école, mais notre savoir ne sera pas vraiment actualisé sans avoir lu les aventures de Adso et Guglielmo dans Il nome delle rosa ; parler de l’empereur Hadrien sera bien plus intéressant si on connaît ses mémoires, écrits par Marguerite Yourcenar.
       Allongés sur notre lit ou assis à l’ombre d’un arbre, on fait donc des kilomètres, mais surtout on apprend à voir le monde d’une façon plus riche et complexe ; à changer notre point de vue ; à être toujours curieux et créatifs ; à vivre des expériences utiles, pourquoi pas, dans notre vie réelle aussi ; à rentrer en empathie avec ceux qui nous parlent et à mieux comprendre nous-mêmes ; à exprimer nos sentiments. On apprend, enfin, qu’on ne termine jamais d’apprendre.



       En conclusion, comme la lecture est un loisir aussi bien qu’une activité qui a un si grand impact sur notre vie, le temps qu’on dédie aux livres ne peut jamais être gâché.