jeudi 4 février 2016

Alfred de Musset : Chanson de Fortunio







Chanson de Fortunio


Si vous croyez que je vais dire

Qui j´ose aimer,

Je ne saurais, pour un empire,

Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,

Si vous voulez,

Que je l´adore et qu´elle est blonde

Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie

Veut m´ordonner,

Et je puis, s´il lui faut ma vie,

La lui donner.

Du mal qu´une amour ignorée

Nous fait souffrir,

J´en porte l´âme déchirée

Jusqu´à mourir.

Mais j´aime trop pour que je die (1)

Qui j´ose aimer,

Et je veux mourir pour ma mie

Sans la nommer.

1)dise













Gérard de Nerval "Avril"





Avril 

Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

Gérard de Nerval, Odelettes