jeudi 29 décembre 2016

Konstantinos Kavafis "Ithaque"



Contrairement à l’Odyssée d’Homère, où l’Ithaque est la destinée tant désirée d’Ulysse, dans son Ithaque Kavafis incite le lecteur à prendre le temps de flâner dans son voyage, de s’enrichir de ses expériences avant de rentrer à l’île.


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Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie… Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

Charles Baudelaire Le Port





Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes,
si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer
que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d'été,
où (avec quelles délices !) tu pénètreras
dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d'entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes,
et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d'y parvenir,

mais n'écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu'il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu'Ithaque t'enrichisse.

Ithaque t'a donné le beau voyage :
sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n'a plus rien d'autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé.
Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences,
tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.


Traduction de  Marguerite Yourcenar









"Écrit loin d'Ithaque mais au cœur de la véritable Odyssée. Je l'ai traduit moi-même pour pouvoir côtoyer au plus près les images du poète, naviguer vent debout en ses phrases et ses vers car jamais poème n'a dit tant de choses en si peu de mots."







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mardi 27 décembre 2016

La Triomphante de Teresa Cremisi



Le Père Noël est toujours plein de cadeaux aussi savoureux que les fruits d'été.

Voici un roman que j'ai découvert et dont je remercie ma collègue Angela. Tout à fait d'accord avec elle on ne peut pas s'en passer pour un élève (ou mieux pour une élève) du lycée classique !!!

C'est l'histoire d'une enfant d'Orient rêvant de l'Europe, l'histoire d'une femme éprise de littérature, Shakespeare, Stendhal, Conrad, Proust,  Kavafis. C'est l' Odyssée d'une femme libre et intelligente,  amoureuse de son Egypte, son paradis perdu.


Elle n’en a jamais oublié les couleurs, les parfums, la beauté solaire que même le spectacle de la misère ne parvenait pas à ombrer. Et elle les restitue avec une grâce juvénile.


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« Le soulagement immense d'avoir un travail et, en plus, d'avoir conquis celui que je voulais absolument s'accompagnait ce soir-là d'un sentiment pénible. Depuis longtemps j'avais pris conscience que chaque pas en avant, chaque étape réussie, resserrait l'éventail des possibles. Chaque fois que la cible était touchée, je renonçais à des milliers d'autres choses et m'éloignais de ce que j'avais cru être un destin. C'est, je sais, très bête de le dire comme cela, mais j'avais commencé à sentir que, comme d'autres milliards de petites billes colorées, j'entrai dans un entonnoir et que plus profondément je m'y engagerais, sous les applaudissements d'un public imaginaire, plus je tournerais le dos aux idées inexprimables et vaporeuses qui avaient marqué ma jeunesse.



Longtemps je n'avais pas compris que le fait d'être une femme était comme on dit un handicap ; je ne m'étais nullement attardée sur l'évidence qu'il était difficile d'envisager un destin à la Lawrence d'Arabie en étant de sexe féminin. Je n'avais d'ailleurs eu aucune alerte à ce sujet. Mes parents ayant oublié de m'interdire quoi que ce soit, je n'avais jamais de ma vie entendu dire que je ne pouvais pas entreprendre quelque chose parce que j'étais une fille. L'enfance et l'adolescence dans une ville du Moyen-Orient assoupie dans une torpeur trompeuse ne pouvaient pas m'ouvrir les yeux là-dessus : la différence homme-femme était masquée par la vraie division qui était sociale ; on naissait ou parmi les soi-disant Occidentaux nantis ou parmi le peuple qui vivait à peu près comme dans la Bible. Quant à mes études chez les bonnes sœurs dans des classes non mixtes, en me privant de la confrontation physique et intellectuelle avec les garçons, elles m'avaient paradoxalement encouragée dans ce qu'il faut bien appeler une extravagante méprise. »



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Les lieux que nous avons connus n'appartiennent pas qu'au monde de l'espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n'étaient qu'une mince tranche au milieu d'impressions contiguës qui formaient notre vie d'alors ; le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instinct ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas ! comme les années.


Du côté de chez Swann - Marcel Proust







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lundi 26 décembre 2016

Konstantìnos Kavàfis "Depuis neuf heures"





DEPUIS NEUF HEURES (I, 63)


Minuit et demi. Le temps est vite passé
depuis neuf heures, lorsqu'allumant la lampe,
je me suis assis là. Je suis resté sans lire,
sans dire un mot. Dire un mot, mais à qui,
tout seul dans cette maison.


L'image de mon jeune corps,
depuis neuf heures et la lampe allumée,
est venue me trouver, me rappelant
des chambres fermées, embaumées,
une volupté ancienne — audacieuse volupté !
elle a aussi amené devant mes yeux,
des rues devenues depuis méconnaissables,
des lieux de plaisir pleins de vie, qui ne sont plus,
des théâtres et des bars qui existèrent jadis.


L'image de mon jeune corps
est venue m'apporter aussi la tristesse :
deuils de famille, séparations,
sentiments de mes proches, sentiments
des morts, si peu écoutés.


Minuit et demi. Comme le temps passe vite.

Minuit et demi. Comme les années sont vite passées.




EN ITALIEN 





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samedi 24 décembre 2016

JOYEUX NOËL 2016




Castagnola, Église de Saint Siro et Saint Rocco



Faites le plein 
de moments en famille 
et entre amis,
 de cadeaux, 




Cabanas de Tavira


de bonheur, 
de repos, 
de panettone 







et de nougat, 
 pour  revenir 
en pleine forme 
en 2017 !  










JOYEUX NOËL



Eglise Sao Lourenço d'Almancil (Algarve)


vendredi 16 décembre 2016

Serge Lama : Les ballons rouges" une chanson pour FRAME PROJECT ONLUS



Scopri Frame Project







Je n'ai pas eu de ballon rouge 

Quand j'étais gosse dans mon quartier 

Dans ces provinces où rien ne bouge 

Tous mes ballons étaient crevés 

Je n'ai pas eu de vrai vacances 

Seul, face à face avec la mer 

Quand le cœur rythme la cadence 

Des mouettes qui nagent dans l'air

{Refrain:}

J'ai rien d'mandé, je n'ai rien eu 

J'ai rien donné, j'ai rien reçu 


Je n'ai jamais joué aux billes 

Quand j'étais gosse dans mon quartier 

J'étais cloué dans ma famille 

Comme un martyr à son bûcher 

Je n'ai pas eu de promenade

Seul, face à face avec le vent 

Je lisais le Marquis de Sade 

Et j'aimais déjà les divans 

{au Refrain}


Les fées n'étaient pas du voyage 

Quand j'étais gosse dans mon quartier 

Elles vivaient de leurs avantages 

Elles étaient toutes syndiquées 

Je n'ai pas vu dans les étoiles 

Le carrosse de Cendrillon 

La mienne avait une robe sale 

Mais elle n'avait pas de chaussons 

{au Refrain}


Pourtant j'avais déjà la chance 

Quand j'étais gosse dans mon quartier

De ne pas attacher d'importance 

A ce que les autres pensaient 

Et je n'ai pas vu dans l'Histoire 

Quelque guerrier ou quelque roi 

Assoiffé de règne ou de gloire 

Qui soit plus orgueilleux que moi

J'ai rien d'mandé, je n'ai rien eu 

Mais j'ai fait ... ce que j'ai voulu ... 








jeudi 15 décembre 2016

Charles Baudelaire : Harmonie du soir




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Harmonie du soir


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !



Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.



Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;

Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.



Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,

Du passé lumineux recueille tout vestige !

Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...

Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !



Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal - Spleen et Idéal
















jeudi 8 décembre 2016

FRANCOFONIA, LE LOUVRE SOUS L’OCCUPATION



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Lundi, le 12 décembre 

salle de  cinéma 

FILM STUDIO 90




1940. Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre ? 
Deux hommes que tout semble opposer – Jacques Jaujard, directeur du Louvre, et le Comte Franz Wolff-Metternich, nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des œuvres d’art en France – s’allient pour préserver les trésors du Musée. Au fil du récit de cette histoire méconnue et d’une méditation humaniste sur l’art, le pouvoir et la civilisation, Alexandre Sokourov nous livre son portrait du Louvre.







Reclus-elisee.jpg

1880 invention du mot 







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mercredi 7 décembre 2016

Yves Montand : Le temps des cerises



J'aimerai toujours le temps des cerises




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Le Temps des cerises est une chanson dont les paroles

 furent  écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la 

musique composée par Antoine Renard en 18681.

 Cette chanson est fortement associée à la Commune

 de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un

 communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante.








Quand nous chanterons le temps des cerises

Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles...
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !


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Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Évitez les belles !
Moi qui ne craint pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour !

J'aimerai toujours le temps des cerises

C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte !
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saurait jamais calmer ma douleur...

J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur !




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lundi 5 décembre 2016

Cinéma : La Nouvelle Vague






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L´expression "La Nouvelle Vague" est communément utilisée pour décrire la nouvelle génération de cinéastes français qui a émergé à la fin des années 50. "La Nouvelle Vague" est en fait un véritable raz-de-marée. Ces jeunes cinéastes anti-conformistes vont bousculer les règles très établies du cinéma français et permettre ainsi à un nouveau cinéma d´émerger : le cinéma d´auteur.
Les piliers de cette nouvelle tendance se nomment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Eric Rohmer, Jacques Rivette et Alain Resnais. Ils ont en général une trentaine d´années, sont accros des salles obscures et pour la plupart ils sont critiques pour la revue "Les Cahiers du Cinéma" (créée en 1951). Ces jeunes cinéastes en herbe en ont marre de l´académisme cinématographique dans lequel s´est enfermée la France depuis de nombreuses années. François Truffaut dénonce "une certaine tendance du cinéma français" dans Les Cahiers du Cinéma en 1954dans lequel il déplore le conformisme des anciens, "le cinéma de papa" et la surenchère à l´esthétisme et aux beaux dialogues. Il condamne le fossé entre la réalité et sa représentation à l´écran.




Louis Malle 













Jean-Luc Godard 


















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vendredi 2 décembre 2016

Les Aristochats : Des Gammes et des arpèges - Tout le monde veut devenir un cat





Le pont du Gard







Do mi sol do do sol mi do
Le vrai musicien répète avec ardeur
De savantes gammes et des arpèges
Mais il faut qu'il sache que sa voix doit sortir du coeur
En chantant ses gammes et ses arpèges

Si nous voulons, chaque jour, les pratiquer
Nous verrons nos progrès vite encouragés
Do mi sol mi do mi sol mi fa la do la do
Répétons nos gammes et nos arpèges

Do mi sol do do sol mi do do mi sol do do sol mi do
Ce travail fastidieux qu'on fait sans effort
Un beau jour, pourra valoir son pesant d'or
Et vous permettra de jouer de ravissants accords
Apprenons nos gammes et nos arpèges 











Tout le monde veut devenir un cat
Parce qu'un chat, quand il est cat
Retombe sur ses pattes
C'est vrai !

Tout le monde est piqué de ce pas si bien rythmé
Tout semble auprès de lui très démodé
C'est comme les bottines à boutons !

Une cloche dès qu'il joue
De sa trompette vous rend fou
Ça swingue comme un pied

Mais oui, c'est pire que l'ennui
Oh, là, là ! Mes amis !
Quelle calamité !
[?]

C'est comme parmi ces gars qui veulent chanter !
Ben, c'est un cat
Le seul qui sache... s'acharne à swinguer !
Qui donc danserait encore la gigue avec des nattes ?
Quand tout le monde veut devenir un cat

Une cloche, quoi qu'il joue
Bientôt, ça vous rend fou !
Ça swingue comme un pied !
Oh ! rinky ! tinky ! tinky !
Oui, c'est pire que l'ennui
Oh là là ! Mes amis !
Quelle calamité !
Oh ! rinky ! tinky ! tinky !
Oui !

Tout le monde veut devenir un cat
Parce qu'un chat
Quand il est cat
Retombe sur ses pattes
À jouer du jazz, on devient vite un acrobate
Oui, tout le monde qu'est dingue du swing est cat

J'aimerais plus de passion
Plus de coeur et d'abandon
Habiller de couleurs cette chanson

Il n'y a qu'à jouer en d'autres clés
Moduler ? oh ! oui, ça m'plaît !
Car j'adore faire certaines p'tites variations

Les autres chats vont s'assembler
Dans la ruelle mal éclairée
La grande nuit va commencer !
Nous les laisserons... à l'ombre s'aimer !

Tout le monde...
Tout le monde...
Tout le monde veut devenir un cat

Alléluia !
Alléluia ! Alléluia !
Tout le monde veut devenir un cat

J'le dis bien haut !
Tout le monde !
Tout le monde !
Du pirate au bel "Aristocat"
Yeah !

Alléluia ! Alléluia !
Tout le monde veut devenir un cat

Mmmmm !
Tout le monde !
Tout le monde !
Un par un, par trois ou même par quatre !

Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !
Tout le monde veut devenir un cat