L’Armée des ombres
Un film de Jean-Pierre Melville
Avec : Lino VENTURA (Philippe Gerbier),
Paul MEURISSE (Luc Jardie),
Jean-Pierre CASSEL (Jean-François),
Simone SIGNORET (Mathilde),
Paul CRAUCHET (Félix),
Claude MANN (Le Masque),
Christian BARBIER (Le Bison),
Serge REGGIANI (le coiffeur)
Paul CRAUCHET (Félix),
Claude MANN (Le Masque),
Christian BARBIER (Le Bison),
Serge REGGIANI (le coiffeur)
Année : 1969
Langue : Français
Pays : France
Durée : 137 minutes
Ressortie en salles en version restaurée :
6 mai 2015 / Distribution Sophie Dulac
Synopsis
1942. En France occupée, Philippe Gerbier
(Lino Ventura), soupçonné de « pensées gaullistes »,
est incarcéré sur dénonciation ; suite à son évasion,
il rejoint Marseille, où il cherche à développer
l’activité du réseau de résistance dirigé par le
Luc Jardie (Paul Meurisse) dont il est un des chefs.
Lui et son lieutenant Félix, ainsi que d’autres agents
que tout semble devoir séparer, œuvrent dans
la clandestinité à transmettre des renseignements,
éliminer les collaborateurs et entretenir l’espoir,
traqués par l’occupant et par Vichy.
(Lino Ventura), soupçonné de « pensées gaullistes »,
est incarcéré sur dénonciation ; suite à son évasion,
il rejoint Marseille, où il cherche à développer
l’activité du réseau de résistance dirigé par le
Luc Jardie (Paul Meurisse) dont il est un des chefs.
Lui et son lieutenant Félix, ainsi que d’autres agents
que tout semble devoir séparer, œuvrent dans
la clandestinité à transmettre des renseignements,
éliminer les collaborateurs et entretenir l’espoir,
traqués par l’occupant et par Vichy.
Un voyage sans issue pour la plupart d’entre eux.
Mauro Gervasini filmtv
Les lectures de Mirava
Les journaux clandestins
Le soir venait ; Gerbier parlait au jeune homme des journaux de la résistance.
_ Et les gens qui les font osent écrire ce qu’ils pensent ? demanda Legrain, les pommettes enflammées.
_ Ils peuvent tout oser, ils n’ont pas d’autre loi, pas d’autre maître que leur pensée, dit Gerbier. Cette pensée est plus forte en eux que la vie. Les hommes qui publient ces feuilles sont inconnus, mais un jour on élèvera des monuments à leur œuvre. Celui qui trouve le papier risque la mort. Ceux qui composent les pages risquent la mort. Ceux qui écrivent les articles risquent la mort. Et ceux qui transportent les journaux risquent la mort. Rien n’y fait. Rien ne peut étouffer le cri qui sort des Ronéo, cachées dans de pauvres chambres, qui monte des presses, tapies au fond des caves. Ne crois pas que ces journaux ont la mine de ceux que l’on vend au grand jour. Ce sont de petits carrés de papier, misérables. Des feuilles mal venues, imprimées ou tapées à la diable. Les caractères sont ternes. Les titres maigres. L’encre bave souvent. On fabrique comme on peut. Une semaine dans une ville et une semaine dans une autre. On prend ce qu’on a sous la main. Mais le journal paraît. Les articles suivent des routes souterraines. Quelqu’un les rassemble, quelqu’un les agence en secret. Des équipes furtives mettent en page. Les policiers, les mouchards, les espions, les dénonciateurs s’agitent, cherchent, fouinent, flairent. Le journal part sur les chemins de France. Il n’est pas grand, il n’a pas bel aspect. Il gonfle des valises usées, craquantes, disjointes. Mais chacune de ses lignes est comme rayon d’or. Un rayon de la pensée libre. […] Chaque mouvement important de la résistance a le sien et qu’on tire par dizaines de mille. Et puis il y a ceux des groupes isolés. Et ceux des provinces. Et les médecins ont le leur, et les musiciens, et les étudiants, et les instituteurs, et les universitaires, et les peintres, et les écrivains, et les ingénieurs.
_ Et les communistes ? demanda Legrain à voix basse.
_Mais naturellement, ils ont « L’Humanité ». Comme avant.
(Joseph Kessel. – L’armée des ombres p. 35-36)
LA RADIO – LES AGENTS DE LIAISON
Et Gerbier disait comment des postes de radio dissimulés dans les villes ou dans les hameaux permettaient de parler chaque jour avec les amis du monde libre. Il racontait le travail des opérateurs secrets, leur ruse, leur patience, leurs risques et la musique merveilleuse que font les messages chiffrés. Il montrait le réseau immense d’écoute et de surveillance qui enveloppait l’ennemi, comptait ses régiments, ses défenses, pénétrait ses documents. Et Gerbier disait aussi qu’en toute saison, à toute heure, des agents de liaison couraient, cheminaient, se glissaient à travers la France entière. Et il peignait cette France souterraine, cette France de dépôts d’armes enfouis, de postes de commandement allant de refuge en refuge, de chefs inconnus, d’hommes et de femmes qui changeaient sans cesse de nom, d’aspect, de toit et de visage.
(Joseph Kessel. – L’armée des ombres p. 38-39)