CHANSON DE TROUVÈRE
Le
poème en question est une chanson, forme de composition très utilisée dans le
Moyen Âge français, surtout dans les XII et XIII siècles. Cette chanson a été
composée par un trouvère, terme qui provient du verbe "trouver", qui
dans le contexte du Moyen Âge désignait une recherche poétique et qui, par
conséquent, signifiait "composer un poème". Les trouvères chantaient
leurs chansons, composées en langue D'OIL, dans le Nord de la France, alors que
dans le Sud, en particulier au sud de la Loire, il y avait les troubadours, qui
composaient leurs œuvres en langue D'OC.
Les
chansons s'adressaient souvent à une dame, celle aimée par l'auteur et, à côté
du sujet amoureux, il y avait un trait religieux: la "tornada", une
invocation à Jésus ou à Dieu, qui occupait presque toujours une demie-strophe
finale.
Au
niveau de la structure, assez flexible, les chansons étaient souvent composées
de sept ou huit strophes de cinq ou six vers chacune.
On
peut enfin remarquer la forte présence de l'auteur, surtout dans la première
strophe, où il se présente et explique le sujet de sa composition.
On
peut bien retrouver dans ce poème presque tous ces éléments caractérisants les
chansons du Moyen Âge.
D'abord,
dans les premiers deux vers, il y a le verbe "chanter" et le mot
"chant", donc c'est l'auteur même qui nous présente son poème comme
une chanson.
Il
y a beaucoup de mots qui appartiennent tous à un même champ sémantique: celui
du printemps. En effet, dans ce poème, il y a une sorte d'allégorie entre la
dame aimée et le printemps, la saison de l'amour, riche de fleurs, d'arbres,
d'animaux et de parfums. La dame, comme le printemps qui, après l'hiver,
apporte une nouvelle beauté, apporte l'amour et aussi de la fraîcheur juvénile,
en excitant ainsi les esprits des chevaliers, qui, tout de suite, tombent
amoureux. Cette forme de chanson, qui parle du printemps et d'amour, est
appelée "reverdie".
La
présence de l'auteur est ici remarquable surtout dans la première strophe. En
effet, le trouvère se présente à nous comme l'auteur de ce poème plutôt
orgueilleusement, en soulignant la classe sociale à laquelle il appartient
("Vilain ne le fit mie/mais le fit un chevalier"). Mais l'auteur
n'est pas le seul à faire partie de l'aristocratie. En effet, les personnages
qui sont mis en scène dans cette chanson appartiennent tous à une sorte
d'élite. La dame à laquelle s'adresse le poème est noble ("De France suis
la louée,/du plus haut parage").
À
la fin du poème, comme d'habitude, il y a l'invocation à Dieu ("Plût à
Dieu notre père/que vous me fussiez donnée/a femme épousée!").
Mais
ce qui l'auteur nous a voulu réellement dire est assez subtil et est caché
parmi les vers. En effet, on peut remarquer que l'auteur de cette chanson a un
peu de mépris envers ceux qui ne font pas partie de sa classe sociale: les
vilains. En effet, il y a une sorte d'identification de la noblesse avec la
beauté du corps et du cœur (les chevaliers sont caractérisés comme des gens
très bien habillées et belles, mais aussi capables d'éprouver des sentiments
aussi nobles qu'eux). Au contraire, les paysans sont pauvres de conditions,
mais aussi de sentiments (le mot "vilain", utilisé par l'auteur, peut
signifier "paysan", mais aussi "méprisable").
Donc,
pour conclure, seulement les nobles sont capables d'aimer et d'éprouver de
vrais sentiments.
ALICE PRESTINT I D ESABAC