vendredi 31 juillet 2015

LICEO CLASSICO "E. CAIROLI" VARESE : RESULTATS ESABAC 2015






                  
CASTAGNOLA cz

Un autre jour se lève

FELICITATIONS !!!





TOUS BACHELIERS !





















BONNE CHANCE !





Voilà le Soleil 
On ne l'attendait plus, celui-là !
Qui fait fumer le vieux goudron mouillé
A moins que ce soit les phares d'une balayeuse
Qui racle dans la nuit toutes les saloperies
Ça y est, je l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
Je marche dans la forêt des rues
Je sonne aux portes, on croit qu' j'ai bu
Si jamais vous l'apercevez
Dites-lui que je l'attends où elle sait
Elle ne pourra pas se tromper
Ça fait mille ans qu'on est à se chercher

Sous le monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel

Voilà le bonheur
On ne l'attendait plus, sui-là !
Qui me transforme en gros ballon de joie
A moins qu' ce soit un air que m' joue mon pote
Le pote qui prend mes nerfs pour des cordes à violon
Ça y est, j' l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
J'ai arpenté tous les quartiers
Sauf l'échangeur et l' Grand Marché 


Où es-tu, amour ? Que fais-tu ?
Par quel inconnu es-tu retenue ?
Ta mémoire s'est-elle envolée
Que tu ne te souviennes vraiment plus

Du monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel

Voilà le printemps
On ne l'attendait plus, sui-là !
Qui fait vibrer la ville qui dormait
A moins que ce soit
Tous les gaz délétères
Qui se propagent en pourrissant la Terre
Ça y est, je l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
Le mieux c'est de ne plus marcher
Par crainte de m'en éloigner
Je m'assieds dans le terrain vague
Là où la lune fait pousser des forêts
Peut-être en y croyant encore
Vais-je m'envoler très loin de mon corps

Jusqu'au monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel



BERANGER




jeudi 30 juillet 2015

samedi 25 juillet 2015

Fabrice Luchini fait aimer la langue française ... et le latin et le grec aussi.




Je dédie les mots de Fabrice Luchini 

à tous ceux qui ont encore des doutes 

sur la valeur du lycée classique ... 








"Arthur Rimbaud 

était à l'age de 10/11 ans 

premier en grec et en latin"











“Il n'existe pas d'être capable 


d'aimer un autre être tel qu'il est...


On demande des modifications"


Paul Valéry















jeudi 23 juillet 2015

Jean Ferrat "Ma France"



Jean Ferrat,




pseudonyme de Jean Tenenbaum, 

ça fait 5 ans déjà qu'il a disparu ...




De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine 
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des  
genêt   de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de 
Robespierre
Ma France

Celle du vieil 
Hugo  tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur 
Thiers  a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France








.. mais,  elle est où,  MA FRANCE  ?!?







mardi 21 juillet 2015

Alexis Jenni "La nuit de Walenhammes", Ed. Gallimard 2015





ALEXIS JENNI


"L'économie telle que nous la connaissons a besoin de ceux, 
sans nom et sans nombre,  qui travaillent pour rien.
Il faut veiller à garder les pauvre pauvres, tant il est besoin
 de réduire les coûts. Il faudrait accéder à de nouveaux 
gisements de pauvres, créer des pauvres à partir
des semi-riches vacillants, en les désoccupant, en les 
désassurant, en les dépossédant. L'idéal serait de ne pas 
payer le travail: on aurait alors la vraie richesse, la création
parfaite de quelque chose à partir de rien. Il faudrait
 supprimer les lois. Laisser faire la nature, qu'il se crée
 une moltitude de petits animaux féconds, pour une 
poignée de grandes  fauves qui s'en nourrissent" . ( p.151)

ÉPHÉMÉRIDE DE LÂRBI








"Vous ne connaissez pas Walenhammes. C'est une ville du nord de la France. La frontière avec la Belgique passe au milieu d'une route. On peut, les pieds dans un pays, pisser dans l'autre. Les mines sont fermées, le haut-fourneau est abandonné. Walenhammes est une ancienne ville industrielle. Elle est un bon exemple de la France qui se délite, qui lâche, qui survit. Charles Avril, journaliste pigiste sur un site d'information, préfère intituler les articles dans lesquels il écrit ce qu'il voit et entend à Walenhammes : "La France qui s'effiloche". Pour sûr, il a du flair. Le récit de son séjour chez les Ch'tis se situe entre un méchant congrès des farces et attrapes et l'Apocalypse."










EDVARD MUNCH

Travailleurs rentrant chez eux / 1913-1914 /
 huile sur toile / Munch museet / Oslo






dimanche 19 juillet 2015

Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique, 1950 (BAC 2010)







 [Dans Un barrage contre le Pacifique, roman inspiré de son enfance, Marguerite Duras raconte l’histoire d’une famille. Une mère, son fils (Joseph) et sa fille (Suzanne), colons en Indochine française, sont confrontés à la misère ; en cause, les terres impropres à la culture qui leur ont été attribuées par l’administration française L’extrait qui suit ouvre la seconde partie de l’œuvre. Il s’agit de montrer la grande ville coloniale, ses rues, son quartier blanc, ses trafics, ses lieux de loisirs.]
  Les quartiers blancs de toutes les villes coloniales du monde étaient toujours, dans ces années-là, d’une impeccable propreté. Il n’y avait pas que les villes. Les blancs aussi étaient très propres. Dès qu’ils arrivaient, ils apprenaient à se baigner tous les jours, comme on fait des petits enfants, et à s’habiller de l’uniforme colonial, du costume blanc, couleur d’immunité1 et d’innocence. Dès lors, le premier pas était fait. La distance augmentait d’autant, la différence première était multipliée, blanc sur blanc, entre eux et les autres, qui se nettoyaient avec la pluie du ciel et les eaux limoneuses1 des fleuves et des rivières. Le blanc est en effet extrêmement salissant.
Aussi les blancs se découvraient-ils du jour au lendemain plus blancs que jamais, baignés, neufs, siestant à l’ombre de leurs villas, grands fauves à la robe fragile.
Dans le haut quartier n’habitaient que les blancs qui avaient fait fortune. Pour marquer la mesure surhumaine de la démarche blanche, les rues et les trottoirs du haut du quartier étaient immenses. Un espace orgiaque3, inutile était offert aux pas négligents des puissants au repos. Et dans les avenues glissaient leurs autos caoutchoutées4, suspendues, dans un demi-silence impressionnant.
Tout cela était asphalté5, large, bordé de trottoirs plantés d’arbres rares et séparés en deux par des gazons et des parterres de fleurs le long desquels stationnaient les files rutilantes des taxis torpédos6. Arrosées plusieurs fois par jour, vertes, fleuries, ces rues étaient aussi bien entretenues que les allées d’un immense jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes. Le centre du haut quartier était leur vrai sanctuaire. C’était au centre seulement qu’à l’ombre des tamariniers7s’étalaient les immenses terrasses de leurs cafés. Là, le soir, ils se retrouvaient entre eux. Seuls les garçons de café étaient encore indigènes, mais déguisés en blancs, ils avaient été mis dans des smokings, de même qu’auprès d’eux les palmiers des terrasses étaient en pots. Jusque tard dans la nuit, installés dans des fauteuils en rotin derrière les palmiers et les garçons en pots et en smokings8, on pouvait voir les blancs, suçant pernod9, whisky-soda, ou martel-perrier10, se faire, en harmonie avec le reste, un foie bien colonial.
1. immunité : privilège dont bénéficient les diplomates étrangers, leur famille, le personnel étranger des ambassades et certains membres d’organismes internationaux, les soustrayant à la législation du pays où ils résident.
2. limoneuses : boueuses.
3. orgiaque : l’adjectif est à prendre ici dans le sens de « excessif ».
4. caoutchoutées : garnies de caoutchouc. On fait ici référence aux pneus des voitures qui leur permettent de se déplacer silencieusement et confortablement.
5. asphalté : recouvert de bitume.
6. torpédos : automobiles anciennes décapotables.
7. tamariniers : grands arbres pouvant atteindre vingt mètres de hauteur, poussant dans les régions tropicales.
8. « les palmiers et les garçons en pots et en smokings » : la phrase précédente éclaire le sens. Les indigènes ont été « déguisés » et « mis dans des smokings » comme les palmiers avaient « été mis en pots ».
9. pernod : boisson alcoolisée à base d’anis.
10. martel-perrier : cocktail à base de cognac et d’eau minérale gazeuse.


















jeudi 16 juillet 2015

Michel Houellebecq "La carte et le territoire" , Ed. Flammarion, 2010



Michel Houellebecq ne faisait pas partie de mes 
écrivains préférés, mais j’avoue que ce roman,
 d’une richesse impressionnante, m’a bouleversé,
 bien plus que



« La Carte et le Territoire est un formidable autoportrait de Michel Houellebecq, en écrivain, en artiste, en enquêteur, en homme ou en chien, en solitaire qui n’a plus rien à attendre de l’humain passé de la société du spectacle à celle de la consommation. »



« Il est Jed Martin, cet artiste sur lequel s’ouvre le roman, et qui fera fortune en exposant d’abord des reproductions de cartes Michelin représentant la France, puis des peintures de “métiers … Il est Jasselin, dans la dernière partie du livre, le flic chargé de mener l’enquête sur le meurtre sauvage de Michel Houellebecq, qui vit seul avec sa femme, sans enfant, et qui a dû “apprendre” à regarder la mort en face, à scruter ces cadavres en décomposition auxquels il est constamment confronté. Chacun représentant une facette de la démarche de l’écrivain.




  
 Chapitre VII p.183


En effet, un matin du 31 octobre, Jed reçut un mail accompagné d’un

texte sans titre, d’une cinquantaine de pages, qu’il transféra

immédiatement à Marylin et à Franz, tout en s’inquiétant : est-ce que ce

n’était pas trop long ? Celle-ci le rassura immédiatement : au contraire, lui

dit-elle, c’était toujours préférable « d’avoir du volume ».

Même s’il est plutôt considéré aujourd’hui comme une curiosité

historique, ce texte de Houellebecq – le premier de cette importance

consacré à l’oeuvre de Martin – n’en contient pas moins certaines

intuitions intéressantes. Au-delà des variations de thèmes et de

techniques, il affirme pour la première fois l’unité du travail de l’artiste, et

découvre une profonde logique au fait qu’après avoir consacré ses

années de formation à traquer l’essence des produits manufacturés du

monde, il s’intéresse, dans une deuxième partie de sa vie, à leurs

producteurs.

Le regard que Jed Martin porte sur la société de son temps, souligne

Houellebecq, est celui d’un ethnologue bien plus que d’un commentateur

politique. Martin, insiste-t-il, n’a rien d’un artiste engagé, et même si

« L’introduction en bourse de l’action Beate Uhse », une de ses rares

scènes de foule, peut évoquer la période expressionniste, nous sommes

très loin du traitement grinçant, caustique d’un George Grosz ou d’un Otto

Dix. Ses traders en jogging et sweat-shirt à capuche qui acclament avec

une lassitude blasée la grande industrielle du porno allemand sont les

héritiers directs des bourgeois en jaquette qui se croisent,

interminablement, dans les réceptions mises en scène par le Fritz Lang

des Mabuse ; ils sont traités avec le même détachement, la même froideur

objective. Dans ses titres comme dans sa peinture elle-même, Martin est

toujours simple et direct : il décrit le monde, ne s’autorisant que rarement

une notation poétique, un sous-titre servant de commentaire. Il le fait,

pourtant, dans une de ses oeuvres les plus abouties, « Bill Gates et Steve

Jobs s’entretenant du futur de l’informatique », qu’il a choisi de sous-titrer

La conversation de Palo Alto.

Enfoncé dans un siège en osier, Bill Gates écartait largement les bras

en souriant à son interlocuteur. Il était vêtu d’un pantalon de toile, d’une

chemisette kaki à manches courtes, les pieds nus dans des tongs. Ce

n’était plus le Bill Gates en costume bleu marine de l’époque où Microsoft

affermissait sa domination sur le monde, et où lui-même, détrônant le

sultan de Brunei, s’élevait au rang de première fortune mondiale. Ce

n’était pas encore le Bill Gates concerné, douloureux, visitant des

orphelinats sri-lankais ou appelant la communauté internationale à la

vigilance devant la recrudescence de la variole dans les pays de l’Ouest

africain. C’était un Bill Gates intermédiaire, décontracté, manifestement

heureux d’avoir abandonné son poste de chairman de la première

entreprise mondiale de logiciels, un Bill Gates en vacances en somme.

Seules les lunettes à la monture métallique, aux verres fortement

grossissants, pouvaient rappeler son passé de nerd.

Face à lui, Steve Jobs, quoique assis en tailleur sur le canapé de cuir

blanc, semblait paradoxalement une incarnation de l’austérité, du Sorge

traditionnellement associés au capitalisme protestant. Il n’y avait rien de

californien dans la manière dont sa main droite enserrait sa mâchoire

comme pour l’aider dans une réflexion difficile, dans le regard plein

d’incertitude qu’il posait sur son interlocuteur ; et même la chemise

hawaiienne dont Martin l’avait affublé ne parvenait pas à dissiper

l’impression de tristesse générale produite par sa position légèrement

voûtée, par l’expression de désarroi qu’on lisait sur ses traits.

La rencontre, de toute évidence, avait lieu chez Jobs. Mélange de

meubles blancs au design épuré et de tentures ethniques aux couleurs

vives : tout dans la pièce évoquait l’univers esthétique du fondateur

d’Apple, aux antipodes de la débauche de gadgets high-tech, à la limite

de la science-fiction, qui caractérisait selon la légende la maison que le

fondateur de Microsoft s’était fait construire dans la banlieue de Seattle.

Entre les deux hommes, un jeu d’échecs aux pièces artisanales en bois

était posé sur une table basse ; ils venaient d’interrompre la partie dans

une position très défavorable pour les Noirs – c’est-à-dire pour Jobs.

Dans certaines pages de son autobiographie, La Route du futur; Bill

Gates laisse parfois transparaître ce qu’on pourrait considérer comme un

cynisme complet – en particulier dans le passage où il avoue tout uniment

qu’il n’est pas forcément avantageux, pour une entreprise, de proposer les

produits les plus innovants. Le plus souvent il est préférable d’observer ce

que font les entreprises concurrentes (et il fait alors clairement référence,

sans le citer, à son concurrent Apple), de les laisser sortir leurs produits,

affronter les difficultés inhérentes à toute innovation, essuyer les plâtres en

quelque sorte ; puis, dans un deuxième temps, d’inonder le marché en

proposant des copies à bas prix des produits de la concurrence. Ce

cynisme apparent n’est pourtant pas, souligne Houellebecq dans son

texte, la vérité profonde de Gates ; celle-ci s’exprime plutôt dans ces

passages surprenants, et presque touchants, où il réaffirme sa foi dans le

capitalisme, dans la mystérieuse « main invisible » ; sa conviction

absolue, inébranlable, que quels que soient les vicissitudes et les

apparents contre-exemples le marché, au bout du compte, a toujours

raison, le bien du marché s’identifie toujours au bien général. C’est alors

que Bill Gates apparaît, dans sa vérité profonde, comme un être de foi, et

c’est cette foi, cette candeur du capitaliste sincère que Jed Martin a su

rendre en le représentant, les bras largement ouverts, chaleureux et

amical, ses lunettes brillant dans les derniers rayons du soleil couchant sur

l’océan Pacifique. Jobs au contraire, amaigri par la maladie, son visage

soucieux, piqué d’une barbe clairsemée, douloureusement posé sur sa

main droite, évoque un de ces évangélistes itinérants au moment où, se

retrouvant pour la dixième fois peut-être à débiter ses prêches devant une

assistance clairsemée et indifférente, il est tout à coup envahi par le doute.

C’était pourtant Jobs, immobile, affaibli, en position perdante, qui

donnait l’impression d’être le maître du jeu ; tel était, souligne Houellebecq

dans son texte, le profond paradoxe de cette toile. Dans son regard brillait

toujours cette flamme qui n’est pas seulement celle des prédicateurs et

des prophètes, mais aussi celle de ces inventeurs si souvent décrits par

Jules Verne. À regarder plus attentivement la position d’échecs

représentée par Martin, on se rendait compte qu’elle n’était pas

nécessairement perdante ; et que Jobs pouvait, en se lançant dans un

sacrifice de la reine, conclure en trois coups par un audacieux mat foucavalier.

De même on avait l’impression qu’il pouvait, par l’intuition

fulgurante d’un nouveau produit, imposer subitement au marché de

nouvelles normes. Par la baie vitrée derrière les deux hommes on

distinguait un paysage de prairies, d’un vert émeraude presque surréel,

descendant en pente douce jusqu’à une rangée de falaises, où elles

rejoignaient une forêt de conifères. Plus loin l’océan Pacifique déroulait

ses vagues mordorées, interminables. Des petites filles, au loin sur la

pelouse, avaient entamé une partie de frisbee. Le soir tombait,

magnifiquement, dans l’explosion d’un soleil couchant que Martin avait

voulu presque improbable dans sa magnificence orangée, sur la Californie

du Nord, et le soir tombait sur la partie la plus avancée du monde ; c’était

cela aussi, cette tristesse indéfinie des adieux, que l’on pouvait lire dans le

regard de Jobs.

Deux partisans convaincus de l’économie de marché ; deux soutiens

résolus, aussi, du Parti démocrate, et pourtant deux facettes opposées du

capitalisme, aussi différentes entre elles qu’un banquier de Balzac pouvait

l’être d’un ingénieur de Verne. La conversation de Palo Alto, soulignait

Houellebecq en conclusion, était un sous-titre par trop modeste ; c’est

plutôt Une brève histoire du capitalisme que Jed Martin aurait pu intituler

son tableau ; car c’est bien cela qu’il était, en effet.