dimanche 24 août 2014

Jehan Jonas "Regardez-moi, je suis la guerre"

















Regarde-moi, je suis la guerre
Vous m'avez chassée la dernière
Fois, ah, mais ne vous inquiétez pas
Je reviens toujours
Un jour

J'ai sur la Terre tellement d'amants
Que je n' peux pas faire autrement
Je suis une vraie fille à soldats
Un peu bohème
Quand même

Pour moi la vie est une insulte
Comme on dit quand on est adulte
"C' qu'il leur faudrait, c'est une bonne pute"
Et me voilà
C'est moi

Je peux, aux gens, quand je m'acharne
Au ventre leur faire des lucarnes
À moins qu'on ne les exécute
Quand ils ne veulent pas
De moi

Regarde-moi, je suis la guerre
Je suis séduisante et prospère
J'ai toujours pour me faire la main
Des gens qui ont
Raison

Pour peu qu'ils soient bien convaincants
J' leur file mon sac avec dedans
Quelques fusils
Quelques habits
Ils deviennent comme
Des hommes

Un peu chatte, un peu viscérale
Je m'étale et j' deviens mondiale
Pour un bout de terre, un capitaine
Les hommes au fond
C'est con

Il suffit pour qu'ils s'autorabent
De leur causer d' Juifs ou d'Arabes
Qui sont comme les zones érogènes
D' la victoire en
Chantant

Regarde-moi, je suis la guerre
Je vis en paix dans vos ulcères
Avec fanfare et monuments
C'était tellement
Le bon temps

Pendant la paix, prépare-moi
Un bon matelas de guérillas
Des trucs vachards qui proprement
Mettent le sang sur
Les murs

Demain j'aurai dans les étoiles
Des ressources intersidérales
Pour peu que la gueule des indigènes
Ne vous revienne pas
Déjà

Je me prépare au merveilleux
Roman d'amour qu'au fond des Cieux
Nous vivrons si je me déchaîne
En attendant
J'attends

Regarde-moi, je suis la guerre
L'amour c'est fou c' que ça fait faire
Mieux qu'une femme quand tu me prends
Je suis fidèle
Pas elle

Regarde-moi, je suis la guerre
Je suis la femme qu'on préfère
Celle pour qui on fait des enfants
Qui l'aiment en grandissant



ESSAI BREF "Solitude: L'enfer tout entier est dans ce mot?"






Victor Hugo écrit

 "L'enfer tout entier est dans ce mot: solitude"


Est-ce encore valable la citation de ce  titan

de la littérature française?

   
Voici ma proposition pour l'essai bref :

   
Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE






Saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio
breve in riferimento al tema posto. (circa 600 parole).







« Solitude :  L’enfer  tout entier est   dans ce mot ? »

Documento 1


Enfin ! seul ! On n'entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et
éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos.
Enfin! la tyrannie de la face humaine  a disparu, et je ne souffrirai plus que par
moi-même. Enfin ! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres!
D'abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera
ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde.
Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes
de lettres, dont l'un m'a demandé si l'on pouvait aller en Russie par voie de  terre
(il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement
contre le directeur d'une revue, qui à chaque objection répondait : «C'est ici le
parti des honnêtes gens», ce qui implique que tous les autres joumaux sont rédigés
par  des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont
inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et
cela sans avoir pris la précaution d'acheter des gants ; être monté pour tuer le
temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m'a prié de lui dessiner un
costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m'a dit
en me congédiant  : « - Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z... ;
c'est le plus lourd, le plus   sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui
vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons »
 ; m'être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n'à jamais
commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis
avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un
ami un service facile, et donné une recommandation écrite  à un parfait drôle ;
ouf ! est-ce bien fini ?
                        Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et
m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Ames de ceux
que j'ai aimés, âmes de ceux que j'ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi,
éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde,  et vous,
Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers
qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes,
que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise !

  Charles Baudelaire  Le Spleen de Paris (1869)


Documento 2

  
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques (1820)



Documento 3





Georges Moustaki — Ma Solitude

Pour avoir si souvent dormi avec ma solitude,
Je m'en suis fait presque une amie, une douce habitude
Elle ne me quitte pas d'un pas, fidèle comme une ombre
Elle m'a suivi ca et la , aux quatre coins du monde

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Quand elle est au creux de mon lit, elle prend toute la place,
Et nous passons de longues nuits, tous les deux face a face
Je ne sais vraiment pas jusqu' oui ra cette complice,
Faudra-t-il que j' y prenne gout ou que je réagisse?

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Par elle, j'ai autant appris que j'ai verse de larmes
Si parfois je la répudie, jamais elle ne désarme
Et, si je préfère l'amour d'une autre courtisane,
Elle sera a mon dernier jour, ma dernière compagne

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude
Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude






Documento 4


Ognuno sta solo sul cuor della terra
Trafitto da un raggio di sole:
ed è subito sera

Salvatore Quasimodo Acque e Terra (1930)





  je remercie chaleureusement

Madame Carla Soresina

qui ne manque jamais de me suggérer d'autres poèmes:



Sandro Penna



Mi nasconda la notte e il dolce vento. 
Da casa mia cacciato e a te venuto 
mio romantico antico fiume lento. 
Guardo il cielo e le nuvole e le luci 
degli uomini laggiù così lontani 
sempre da me. Ed io non so chi voglio 
amare ormai se non il mio dolore. 
La luna si nasconde e poi riappare 
lenta vicenda inutilmente mossa 
sovra il mio capo stanco di guardare.




  Giovanni Pascoli



  Nel campo mezzo grigio e mezzo nero
resta un aratro senza buoi che pare
dimenticato, tra il vapor leggero.

E cadenzato dalla gora viene
lo sciabordare delle lavandare
con tonfi spessi e lunghe cantilene:

Il vento soffia e nevica la frasca,
e tu non torni ancora al tuo paese,
quando partisti, come son rimasta,
come l’aratro in mezzo alla maggese.




Pierpaolo Pasolini
 Senza di te tornavo
  

Senza di te tornavo, come ebbro,
non più capace d'esser solo, a sera
quando le stanche nuvole dileguano
nel buio incerto.
Mille volte son stato così solo
dacché son vivo, e mille uguali sere
m'hanno oscurato agli occhi l'erba, i monti
le campagne, le nuvole.
Solo nel giorno, e poi dentro il silenzio
della fatale sera. Ed ora, ebbro,
torno senza di te, e al mio fianco
c'è solo l'ombra.
E mi sarai lontano mille volte, 
e poi, per sempre. Io non so frenare
quest'angoscia che monta dentro al seno;
essere solo.



Emily Dickinson
Solitudine

Ha una sua solitudine lo spazio,
solitudine il mare
e solitudine la morte - eppure
tutte queste son folla
in confronto a quel punto più profondo,
segretezza polare,
che è un’anima al cospetto di se stessa:
infinità finita.

BAC BLANC :Guy de Maupassant Boule de Suif -« Rencontres : L’Autre, le hasard et la nécessité … »




LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE

SEZIONE ESABAC

BAC BLANC

Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:

a)      analisi di un testo

b)     saggio breve


a)      analisi di un testo

Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.

Guy de Maupassant   Boule  de Suif    (1880)

Enfin, à trois heures, comme on se trouvait au milieu d'une plaine interminable, sans un seul village en vue, Boule de suif, se baissant vivement, retira de sous la banquette un large panier couvert d'une serviette blanche.
Elle en sortit d'abord une petite assiette de faïence, une fine timbale en argent, puis une vaste terrine dans laquelle deux poulets entiers, tout découpés, avaient confit sous leur gelée; et l'on apercevait encore dans le panier d'autres bonnes choses enveloppées, des pâtés, des fruits, des friandises, les provisions préparées pour un voyage de trois jours, afin de ne point toucher à la cuisine des auberges. Quatre goulots de bouteilles passaient entre les paquets de nourriture. Elle prit une aile de poulet et, délicatement, se mit à la manger avec un de ces petits pains qu'on appelle "Régence" en Normandie.
Tous les regards étaient tendus vers elle. Puis l'odeur se répandit, élargissant les narines, faisant venir aux bouches une salive abondante avec une contraction douloureuse de la mâchoire sous les oreilles. Le mépris des dames pour cette fille devenait féroce, comme une envie de la tuer ou de la jeter en bas de la voiture, dans la neige, elle, sa timbale, son panier et ses provisions.
      Mais Loiseau dévorait des yeux la terrine de poulet. Il dit: "A la bonne heure, Madame a eu plus de précaution que nous. Il y a des personnes qui savent toujours penser à tout." Elle leva la tête vers lui: "Si vous en désirez, Monsieur? C'est dur de jeûner depuis le matin." Il salua: "Ma foi, franchement, je ne refuse pas, je n'en peux plus. A la guerre comme à la guerre, n'est-ce pas, Madame?" Et, jetant un regard circulaire, il ajouta: "Dans des moments comme celui-là, on est bien aise de trouver des gens qui vous obligent." Il avait un journal, qu'il étendit pour ne point tacher son pantalon, et sur la pointe d'un couteau toujours logé dans sa poche, il enleva une cuisse toute vernie de gelée, la dépeça des dents, puis la mâcha avec une satisfaction si évidente qu'il y eut dans la voiture un grand soupir de détresse.
      Mais Boule de suif, d'une voix humble et douce, proposa aux bonnes soeurs de partager sa collation. Elles acceptèrent toutes les deux instantanément, et, sans lever les yeux, se mirent à manger très vite après avoir balbutié des remerciements. Cornudet ne refusa pas non plus les offres de sa voisine, et l'on forma avec les religieuses une sorte de table en développant des journaux sur les genoux.
      Les bouches s'ouvraient et se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement. Loiseau, dans son coin, travaillait dur, et, à voix basse, il engageait sa femme à l'imiter. Elle résista longtemps, puis, après une crispation qui lui parcourut les entrailles, elle céda. Alors son mari, arrondissant sa phrase, demanda à leur "charmante compagne" si elle lui permettait d'offrir un petit morceau à Mme Loiseau. Elle dit: "Mais oui, certainement, Monsieur", avec un sourire aimable, et tendit la terrine.
      Un embarras se produisit lorsqu'on eut débouché la première bouteille de bordeaux: il n'y avait qu'une timbale. On se la passa après l'avoir essuyée. Cornudet seul, par galanterie sans doute, posa ses lèvres à la place humide encore des lèvres de sa voisine.
      Alors, entourés de gens qui mangeaient, suffoqués par les émanations des nourritures, le comte et la comtesse de Bréville, ainsi que M. et Mme Carré-Lamadon souffrirent ce supplice odieux qui a gardé le nom de Tantale. Tout d'un coup la jeune femme du manufacturier poussa un soupir qui fit retourner les têtes; elle était aussi blanche que la neige du dehors; ses yeux se fermèrent, son front tomba: elle avait perdu connaissance. Son mari, affolé, implorait le secours de tout le monde. Chacun perdait l'esprit, quand la plus âgée des bonnes soeurs, soutenant la tête de la malade, glissa entre ses lèvres la timbale de Boule de suif et lui fit avaler quelques gouttes de vin. La jolie dame remua, ouvrit les yeux, sourit et déclara d'une voix mourante qu'elle se sentait fort bien maintenant. Mais, afin que cela ne se renouvelât plus, la religieuse la contraignit à boire un plein verre de bordeaux, et elle ajouta: "C'est la faim, pas autre chose."
      Alors Boule de suif, rougissante et embarrassée, balbutia en regardant les quatre voyageurs restés à jeun: "Mon Dieu, si j'osais offrir à ces messieurs et à ces dames..." Elle se tut, craignant un outrage. Loiseau prit la parole: "Eh, parbleu, dans des cas pareils tout le monde est frère et doit s'aider. Allons, Mesdames, pas de cérémonie, acceptez, que diable! Savons-nous si nous trouverons seulement une maison où passer la nuit? Du train dont nous allons, nous ne serons pas à Tôtes avant demain midi." On hésitait, personne n'osant assumer la responsabilité du "oui".
      Mais le comte trancha la question. Il se tourna vers la grosse fille intimidée, et, prenant son grand air de gentilhomme, il lui dit: "Nous acceptons avec reconnaissance, Madame."
      Le premier pas seul coûtait. Une fois le Rubicon passé, on s'en donna carrément. Le panier fut vidé. Il contenait encore un pâté de foie gras, un pâté de mauviettes, un morceau de langue fumée, des poires de Crassane, un pavé de Pont-l'Evêque, des petits fours et une tasse pleine de cornichons et d'oignons au vinaigre, Boule de suif, comme toutes les femmes, adorant les crudités.


COMPREHENSION
  1. Pour quelle raison Boule de Suif a-t-elle amené un panier si bien garni ? Quels sont les principaux mets qui le composent ?
  2. Quelles sont les premières réactions des passagers quand ils découvrent le panier ?
  3. Dans quel ordre les différents passagers cèdent-ils à la tentation ? Quels sont ceux qui manifestent la plus grande réticence ?
INTERPRETATION
  1. Citez deux qualités de Boule de suif qui sont indiquées ou suggérées dans ce passage
  2. Retrouvez et discutez les expressions relevant  de la sauvagerie et de l'animalité.
  3. Montrez comment cette scène prend l'allure d'un portrait en action visant à dénoncer les clivages sociaux et l'hypocrisie.
REFLEXION PERSONNELLE
La nourriture devient dans ce passage un élément pour connaître ou se reconnaître. Développez ce thème en vous appuyant aussi sur d’autres œuvres  que vous avez lues (300 mots environ).




d)      saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).


« Rencontres :  L’Autre,  le hasard et la nécessité … »


Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille :
 – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !

Stendhal Le Rouge et le Noir




 
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
                                                                
Jacques Prévert, Paroles

 






Cosette, nous l’avons dit, n’avait pas eu peur.
L’homme lui adressa la parole. Il parlait d’une voix grave et presque basse.
– Mon enfant, c’est bien lourd pour vous ce que vous portez là.
Cosette leva la tête et répondit :
– Oui, monsieur.
– Donnez, reprit l’homme. Je vais vous le porter.
Cosette lâcha le seau. L’homme se mit à cheminer près d’elle.
– C’est très lourd, en effet, dit-il entre ses dents. Puis il ajouta :
– Petite, quel âge as-tu?
– Huit ans, monsieur.
– Et viens-tu de loin comme cela?
– De la source qui est dans le bois.
– Et est-ce loin où tu vas?
– A un bon quart d’heure d’ici.
L’homme resta un moment sans parler, puis il dit brusquement :
– Tu n’as donc pas de mère?
– Je ne sais pas, répondit l’enfant.
Avant que l’homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle ajouta :
– Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n’en ai pas.
Et après un silence, elle reprit :
– Je crois que je n’en ai jamais eu.
L’homme s’arrêta, il posa le seau à terre, se pencha et mit ses deux mains sur les deux épaules de l’enfant, faisant effort pour la regarder et voir son visage dans l’obscurité.
La figure maigre et chétive de Cosette se dessinait vaguement à le lueur livide du ciel.
– Comment t’appelles-tu? dit l’homme.
– Cosette.
L’homme eut comme une secousse électrique. Il la regarda encore, puis il ôta ses mains de dessus les épaules de Cosette, saisit le seau, et se remit à marcher.
Au bout d’un instant, il demanda :
– Petite, où demeures-tu?
– A Montfermeil, si vous connaissez.
– C’est là que nous allons?
– Oui, monsieur.
Il fit encore une pause, puis recommença :
– Qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de l’eau dans le bois?
– C’est madame Thénardier.
L’homme repartit d’un son de voix qu’il voulait s’efforcer de rendre indifférent, mais où il y avait pourtant un tremblement singulier :
– Qu’est-ce qu’elle fait, ta madame Thénardier?
– C’est ma bourgeoise, dit l’enfant. Elle tient l’auberge.
– L’auberge? dit l’homme. Eh bien, je vais aller y loger cette nuit. – Conduis-moi.
– Nous y allons, dit l’enfant.
L’homme marchait assez vite. Cosette le suivait sans peine. Elle ne sentait plus la fatigue. De temps en temps, elle levait les yeux vers cet homme avec une sorte de tranquillité et d’abandon inexprimables. Jamais on ne lui avait appris à se tourner vers la providence et à prier. Cependant elle sentait en elle quelque chose qui ressemblait à de l’espérance et à de la joie et qui s’en allait vers le ciel.

Victor Hugo Les Misérables




Appena introdotto l'innominato, Federigo gli andò incontro, con un volto premuroso e sereno, e con le braccia aperte, come a una persona desiderata, e fece subito cenno al cappellano che uscisse: il quale ubbidì.
I due rimasti stettero alquanto senza parlare, e diversamente sospesi. L'innominato, ch'era stato come portato lì per forza da una smania inesplicabile, piuttosto che condotto da un determinato disegno, ci stava anche come per forza, straziato da due passioni opposte, quel desiderio e quella speranza confusa di trovare un refrigerio al tormento interno, e dall'altra parte una stizza, una vergogna di venir lì come un pentito, come un sottomesso, come un miserabile, a confessarsi in colpa, a implorare un uomo: e non trovava parole, né quasi ne cercava. Però, alzando gli occhi in viso a quell'uomo, si sentiva sempre più penetrare da un sentimento di venerazione imperioso insieme e soave, che, aumentando la fiducia, mitigava il dispetto, e senza prender l'orgoglio di fronte, l'abbatteva, e, dirò così, gl'imponeva silenzio.
La presenza di Federigo era infatti di quelle che annunziano una superiorità, e la fanno amare. Il portamento era naturalmente composto, e quasi involontariamente maestoso, non incurvato né impigrito punto dagli anni; l'occhio grave e vivace, la fronte serena e pensierosa; con la canizie, nel pallore, tra i segni dell'astinenza, della meditazione, della fatica, una specie di floridezza verginale: tutte le forme del volto indicavano che, in altre età, c'era stata quella che più propriamente si chiama bellezza; l'abitudine de' pensieri solenni e benevoli, la pace interna d'una lunga vita, l'amore degli uomini, la gioia continua d'una speranza ineffabile, vi avevano sostituita una, direi quasi, bellezza senile, che spiccava ancor più in quella magnifica semplicità della porpora.
Tenne anche lui, qualche momento, fisso nell'aspetto dell'innominato il suo sguardo penetrante, ed esercitato da lungo tempo a ritrarre dai sembianti i pensieri; e, sotto a quel fosco e a quel turbato, parendogli di scoprire sempre più qualcosa di conforme alla speranza da lui concepita al primo annunzio d'una tal visita, tutt'animato, - oh! - disse: - che preziosa visita è questa! e quanto vi devo esser grato d'una sì buona risoluzione; quantunque per me abbia un po' del rimprovero!
- Rimprovero! - esclamò il signore maravigliato, ma raddolcito da quelle parole e da quel fare, e contento che il cardinale avesse rotto il ghiaccio, e avviato un discorso qualunque.
- Certo, m'è un rimprovero, - riprese questo, - ch'io mi sia lasciato prevenir da voi; quando, da tanto tempo, tante volte, avrei dovuto venir da voi io.
- Da me, voi! Sapete chi sono? V'hanno detto bene il mio nome?
- E questa consolazione ch'io sento, e che, certo, vi si manifesta nel mio aspetto, vi par egli ch'io dovessi provarla all'annunzio, alla vista d'uno sconosciuto? Siete voi che me la fate provare; voi, dico, che avrei dovuto cercare; voi che almeno ho tanto amato e pianto, per cui ho tanto pregato; voi, de' miei figli, che pure amo tutti e di cuore, quello che avrei più desiderato d'accogliere e d'abbracciare, se avessi creduto di poterlo sperare. Ma Dio sa fare Egli solo le maraviglie, e supplisce alla debolezza, alla lentezza de' suoi poveri servi.
L'innominato stava attonito a quel dire così infiammato, a quelle parole, che rispondevano tanto risolutamente a ciò che non aveva ancor detto, né era ben determinato di dire; e commosso ma sbalordito, stava in silenzio. - E che? - riprese, ancor più affettuosamente, Federigo: - voi avete una buona nuova da darmi, e me la fate tanto sospirare?
- Una buona nuova, io? Ho l'inferno nel cuore; e vi darò una buona nuova? Ditemi voi, se lo sapete, qual è questa buona nuova che aspettate da un par mio.
- Che Dio v'ha toccato il cuore, e vuol farvi suo, - rispose pacatamente il cardinale.
- Dio! Dio! Dio! Se lo vedessi! Se lo sentissi! Dov'è questo Dio?
- Voi me lo domandate? voi? E chi più di voi l'ha vicino? Non ve lo sentite in cuore, che v'opprime, che v'agita, che non vi lascia stare, e nello stesso tempo v'attira, vi fa presentire una speranza di quiete, di consolazione, d'una consolazione che sarà piena, immensa, subito che voi lo riconosciate, lo confessiate, l'imploriate?
- Oh, certo! ho qui qualche cosa che m'opprime, che mi rode! Ma Dio! Se c'è questo Dio, se è quello che dicono, cosa volete che faccia di me?

Alessandro Manzoni I Promessi Sposi XXIII











  

   

   
À Calais, de nombreux immigrants plus ou moins clandestins tentent de passer en Grande-Bretagne en se cachant notamment dans les camions transportés par les ferries. Mais la répression policière est partout présente, et la justice aussi sommaire qu'expéditive. C'est dans ce contexte que Simon, maître nageur à la piscine, commence à s'intéresser à un jeune Kurde qui veut prendre des leçons intensives de natation : Simon comprend rapidement que le jeune homme a conçu le projet de traverser la Manche à la nage.