vendredi 8 juin 2018

Madame Cinzia Di Tondo ... part, elles aussi, à la retraite




Madame Di Tondo excelle dans l'art d'offrir le grec et le latin comme une hostie pour une communion de paix où les lèvres des élèves  puisent la présence réelle et le pouvoir enchanteur de ces langues anciennes



Ce départ résonne en moi avec une foule d'images de stages à Angers, à Montpellier ou encore à Capri, attablés face aux faraglioni


Résultat de recherche d'images pour "capri i faraglioni foto"


lors de la sortie de quelques jours pour la visite de la Costa Amalfitana avec les élèves de IVe  et Ve  ginnasio...






Ou encore à l'écoute des chansonniers français qu'elle faisait semblant de ne pas aimer   … 

je me souviens des chansons  de Juliette Gréco qui la touchaient toujours







Ces mots chargés de romance
Comme un matin qui sourit
C'est un amour qui commence
Dans le printemps de Paris

Paris, qui n'est à personne,
Est à toi si tu le veux
Mon ami, je te le donne
Ce cadeau, c'est pour nous deux

Ces mots chargés de romance
Comme un matin qui sourit
 C'est un amour qui commence
Dans le printemps de Paris

Veux-tu les rues de ma ville
Trainant autour des cafés
Où les jours passent tranquilles
Et les filles décoiffées ?

Ces mots chargés de romance
Comme un matin qui sourit
C'est un amour qui commence
Dans le printemps de Paris

Les amoureux se promènent
Ils se regardent, ravis
Mon ami, c'est toi que j'aime
Le bonheur, c'est pour la vie

Ces mots chargés de romance
Comme un matin qui sourit
C'est un amour qui commence
 Dans le printemps de Paris






Mais je sais qu'elle va avoir aussi l'Art d'être Grand-Mère ... 
et je sais que de temps en temps on pourra reprendre un café comme on avait fait lors de la naissance de l'ESABAC au bonheur  de l'Amitié et du temps qui passe,   mais qui rien n'efface



Jean Ferrat chante Aragon : Epilogue




Louis Aragon venu féliciter Jean Ferrat dans sa loge à Bobino (Décembre 1965)






La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée
Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse

Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux
Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix
Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes

Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement
Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage
Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage
Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable
Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien

Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
Rappelez-vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés
Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés
Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants

Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise
Sachez-le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui-même Le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre


Ferrat et Aragon