lundi 4 juin 2018

Mamoudou Gassama, jeune malien sans papier : FAUT-IL ÊTRE UN HÉROS POUR ÊTRE TRAITÉ AVEC DIGNITÉ ?




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Je suis heureux de vivre dans un pays dans lequel les actes de bravoure comme celui de Mamoudou Gassama sont célébrés et récompensés.
Je suis heureux de lire toutes ces déclarations généreuses d’hommes et de femmes politiques découvrant soudainement que des êtres humains se cachent derrière leurs expressions habituelles comme « fuites d’eau », « abcès de fixation » ou « invasions migratoires ».

Je suis heureux, surtout, pour cet homme courageux qui va enfin, grâce à son acte exemplaire (au sens fort), mener l’existence digne que permet seule dans notre société l’obtention de ces fameux « papiers » sans lesquels rien, strictement rien n’est possible.

Mais je serais plus heureux encore de vivre dans une nation qui n’attendrait plus d’un migrant qu’il escalade un immeuble pour sauver un enfant au péril de sa vie avant de le traiter dignement.

Je serais plus heureux que notre République n’envoie plus sa police harceler les exilés réduits par nos renoncements à squatter nos trottoirs et qu’elle se décide enfin à les accueillir en conformité avec les principes qu’elle prétend porter.

Je serais heureux et fier que nos autorités et notre classe politique n’entretiennent plus les peurs et s’interdisent toute métaphore déshumanisante quand il s’agit d’évoquer les questions migratoires.

Les symboles sont nécessaires. À condition qu’ils nous permettent d’éclairer les problèmes et non de les masquer derrière un écran de fumée.

Que l’élan de générosité autour de Mamoudou Gassama s’étende aux invisibles et aux sans-droits et sans-toits que nos politiques répressives produisent. Et là nous pourrons être heureux ensemble. Et fiers aussi.

 Raphaël Glucksmann















Hymne aux migrants