samedi 31 mars 2018

L'iditenté : Noir Désir & Les Têtes Raides - Palerme : Ballarò






Palerme Ballarò 











Impossible de refuser l'invitation de

 Giulia,

 qui dans son commentaire à  propos de

Salif Keita : La différence

m'avait  proposé il y a longtemps 

 d'écouter cette belle  chanson ...

  
MERCI .... ENFIN ... la voilà!













Les clans des rues les clandestins
Les cris des chiens hurlent à la rondes
Je suis pas inscrit sur la mappemonde
Y a pas de pays pour les vauriens
Les poètes et les baladins
Y a pas de pays
Si tu le veux
Prends le mien

Que Paris est beau quand chantent les oiseaux
Que Paris est laid quand il se croit français

Avec ses sans papires
Qui vont bientôt repartir
Vers leur pays les chiens
On a tout pris chez eux y a plus rien
De rétention en cale de fond
J’en ai même oublié mon ombre
Je promène moi dans vos décombres
On m’a donné un bout de rien
J’en ai fait cent mille chemins
J’en ai fait cent
J’en ai fait un
Un chemin de l’identité
L’identité l’idée titan
L’y tant d’idées à la ronde
Et dans ce flot d’univériens
J’aurai plus de nom j’aurai plus rien
Dis moi c'est quand que tu reviens

Que Paris est beau quand chantent les oiseaux
Que Paris est laid quand il se croit français

Avec tous ces champs de tir
Et tous ces fous du tir
Y visent pas que les lapins
C'est plus du gros sel
C'est des tomawaks
Des missiles sol-air
Ou des skuds
Et moi avec mon pistolet à bouchon
je pars au front


Paris sera beau quand chantera les oiseaux
Paris sera beau si les oiseaux
mais non Paris sera beau car les oiseaux
Paris sera beau




vendredi 30 mars 2018

Michel Bühler : "La garrigue"










Il y a dans la brise une odeur de lavande,
La maison dort autour de ses chambres obscures.
Dans la cour est un arbre où pendent les amandes,
Le soleil immobile fait vibrer les vieux murs.
Il y a, dans la vallée, des champs bleus et des blés,
Un ruisseau asséché aux berges ensablées.

Il y a tout cela, et toi, tu n'es pas là,
Et toi, tu n'es pas là...


CCPL - Olivier

Au bord de la grand' route, il y a un potier,
Une maison où je sais que l'on vend du miel,
Et qui repose à l'ombre longue des cyprés.
Un oiseau, en criant, a traversé le ciel.
Il y a les genêts aux fleurs jaunes, et le thym,
Et les cigales chantent depuis ce matin.

Il y a tout cela, et toi, tu n'es pas là,
Et toi, tu n'es pas là...

Résultat de recherche d'images pour "la garrigue"

Il y a, dans la garrigue, des chemins qui s'en vont
Et qui se perdent dans l'herbe sèche et les pierres.
Il y aura ce soir des amis qui viendront,
Qui parleront peut-être la nuit tout entière.
Certains vont boire et rire sous le ciel étoilé,
D'autres s'endormiront, au hasard, dans le pré.

Il y aura tout cela, et tu ne viendras pas,

Et tu ne viendras pas...





lundi 26 mars 2018

Guillaume Apollinaire "Il pleut" - Gabriele D'Annunzio "La pioggia nel pineto"





Nouvelle Zélande 

https://lut.im/pLUQS6Cv/URPhn0xO

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
C'est vous aussi qu'il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
Et ces nuages cabrés  se prennent à  hennir  tout un univers de villes auriculaires
Écoute s'il pleut tandis que le regret  et le dédain  pleurent une ancienne musique
Écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas.






 


Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Paul Verlaine Romances sans paroles (1874)







G. D'Annunzio La pioggia nel pineto 
(Vittorio Gassman)








mercredi 21 mars 2018

Renaud : "Les mots"




Coucher de soleil en Nouvelle Zélande


Écrire et faire vivre les mots, 
sur la feuille et son blanc manteau 
Ça vous rend libre comme l’oiseau,
 ça vous libère de tout les mots





C’est pas donné aux animaux, pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau, putain qu’est-ce que ça vous tient chaud
Écrire et faire vivre les mots, sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l’oiseau, ça vous libère de tout les mots,
Ça vous libère de tous les maux

C’est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Poèmes, chansons, brûlots, vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux, qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots, pour toucher le cœur des marmots,
Pour apaiser les longs sanglots, quand votre vie part à vau-l’eau
Quand votre vie part à vau-l’eau.

C’est un don du ciel une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Les poèmes d’un Léautaud, ceux d’un Brassens d’un Nougaro
La plume d’un Victor Hugo éclairent ma vie comme un flambeau


Alors gloire à ces héros, qui par la magie d’un stylo
Et parce qu’ils font vivre les mots, emmènent mon esprit vers le haut,
Emmènent mon esprit vers le haut.

C’est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.











dimanche 18 mars 2018

Michel de Montaigne "Au lecteur" - Essais 1580




tour-de-montaigne


La Tour de la Librairie -  Château de Montaigne 




Albrecht Dürer (Nuremberg, 1471-1528)
Autoportrait aux gants, 1498
Huile sur bois de peuplier, 52 x 41 cm, 
Madrid, Musée du Prado




tour-de-montaigne-cabinet

Au lecteur


C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que1 m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs2, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention3 et artifice: car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre4 ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain5. Adieu donc. De Montaigne, ce premier de mars mille cinq cent quatre-vingts.

Montaigne, Essais, I,1, 1580

1. A ce que : afin que
2. Conditions et humeurs : traits de caractère, goûts.
3. Contention : application.
4. Que j'eusse été entre : Si j'avais vécu parmi.
5. Vain : vide.














samedi 17 mars 2018

Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire: "Cinquième promenade" (1776-1778) - 1782







Rousseau décrit le séjour qu'il fit sur l'île Saint-Pierre du 12 septembre au 25 octobre 1765.


            De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne. Cette petite île qu'on appelle à Neuchâtel l'île de La Motte est bien peu connue, même en Suisse. Aucun voyageur, que je sache, n'en fait mention. Cependant elle est très agréable et singulièrement située pour le bonheur d'un homme qui aime à se circonscrire ; car quoique je sois peut-être le seul au monde à qui sa destinée en ait fait une loi, je ne puis croire être le seul qui ait un goût si naturel, quoique je ne l'aie trouvé jusqu'ici chez nul autre.
      Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près, mais elles ne sont pas moins riantes. S'il y a moins de culture de champs et de vignes, moins de villes et de maisons, il y aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d'asiles ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents plus rapprochés. Comme il n'y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs, mais il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne ! Ce beau bassin d'une forme presque ronde enferme dans son milieu deux petites îles, l'une habitée et cultivée, d'environ une demi-lieue de tour, l'autre plus petite, déserte et en friche, et qui sera détruite à la fin par les transports de terre qu'on en ôte sans cesse pour réparer les dégâts que les vagues et les orages font à la grande. C'est ainsi que la substance du faible est toujours employée au profit du puissant.
      Il n y a dans l'île qu'une seule maison, mais grande, agréable et commode, qui appartient à l'hôpital de Berne ainsi que l'île, et où loge un receveur avec sa famille et ses domestiques. Il y entretient une nombreuse basse-cour, une volière et des réservoirs pour le poisson. L'île dans sa petitesse est tellement variée dans ses terrains et ses aspects qu'elle offre toutes sortes de sites et souffre toutes sortes de cultures. On y trouve des champs, des vignes, des bois, des vergers, de gras pâturages ombragés de bosquets et bordés d'arbrisseaux de toute espèce dont le bord des eaux entretient la fraîcheur ; une haute terrasse plantée de deux rangs d'arbres borde l'île dans sa longueur, et dans le milieu de cette terrasse on a bâti un joli salon où les habitants des rives voisines se rassemblent et viennent danser les dimanches durant les vendanges.
      C'est dans cette île que je me réfugiai après la lapidation de Motiers. J'en trouvai le séjour si charmant, j'y menais une vie si convenable à mon humeur que résolu d'y finir mes jours, je n'avais d'autre inquiétude sinon qu'on ne me laissât pas exécuter ce projet qui ne s accordait pas avec celui de m'entraîner en Angleterre, dont je sentais déjà les premiers effets. Dans les pressentiments qui m'inquiétaient j'aurais voulu qu'on m'eût fait de cet asile une prison perpétuelle, qu'on m'y eût confiné pour toute ma vie, et qu'en m'ôtant toute puissance et tout espoir d'en sortir on m'eût interdit toute espèce de communication avec la terre ferme de sorte qu'ignorant tout ce qui se faisait dans le monde j'en eusse oublié l'existence et qu'on y eût oublié la mienne aussi.
      On ne m'a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j'y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l'éternité sans m'y ennuyer un moment, quoique je n'y eusse, avec ma compagne, d'autre société que celle du receveur, de sa femme et de ses domestiques, qui tous étaient à la vérité de très bonnes gens et rien de plus, mais c'était précisément ce qu'il me fallait. Je compte ces deux mois pour le temps le plus heureux de ma vie et tellement heureux qu'il m'eût suffi durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d'un autre état.
      Quel était donc ce bonheur et en quoi consistait sa jouissance ? Je le donnerais à deviner à tous les hommes de ce siècle sur la description de la vie que j'y menais. Le précieux farniente fut. la première et la principale de ces jouissances que je voulus savourer dans toute sa douceur, et tout ce que je fis durant mon séjour ne fut en effet que l'occupation délicieuse et nécessaire d'un homme qui s'est dévoué à l'oisiveté.












Résultat de recherche d'images pour "La maison de Rousseau lac de Bienne avec l’île Saint-Pierre"

mardi 13 mars 2018

Agnès Warda : "Visages villages"


Rendez-vous au 

Cinema Nuovo  à Varese

jeudi,  le 15 mars à 16H 00

pour ce magnifique  film documentaire 












Résultat de recherche d'images pour "visages villages"




Agnès Varda e JR: Il nostro collage di anime è da Oscar


dimanche 11 mars 2018

Léon Gontran Damas : "Nous les gueux"


On va débuter cette semaine une séquence sur la poésie  qui me   fascine et qui m'intrigue aussi  avec la V D  dans le but de lire, d'étudier et ... ,  j'espère, de créer de petits poèmes. 

Je suis certain que mes élèves apprécieront beaucoup.

Voici ma première proposition un poète de la négritude 




J'ai repris cette photo du site poussiere-virtuelle 
que je vous invite à visiter 


Nous les gueux


Nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres

Nous à qui n’appartient
guère plus même
cette odeur blême
des tristes jours anciens

Nous les gueux
nous les peu
nous les riens
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres

Qu’attendons-nous
les gueux
les peu
les rien
les chiens
les maigres
les nègres
pour jouer aux fous
pisser un coup
tout à l’envi
contre la vie
stupide et bête
qui nous est faite
à nous les gueux
à nous les peu
à nous les rien
à nous les chiens
à nous les maigres
à nous les nègres

 

Léon Gontran Damas (1912-1978), 
Black-Label,  Ed. Gallimard, 1956








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