vendredi 24 mars 2017

Alice Prestint et Federico Podano : commentaire dirigé : Jean-Marie Le Clézio "Désert"







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Federico Podano    III D ESABAC 
  

BAC BLANC : commentaire dirigé.



COMPRÉHENSION

1)   Zora, la propriétaire du magasin, quel type de personnage incarne-t-elle ?
Zora représente le vrai antagoniste dans cet extrait : brutale et impitoyable, elle exploite de jeunes filles abandonnées (qui n’ont personne, donc, qui puisse les défendre) en les obligeants avec la violence à travailler pour à un rythme insoutenable. À travers les yeux de Lalla, qui marque la différence entre sa peau et celle de la « femme pâle », on comprend aussi que Zora est pour elle l’inconnu, le différent.

2)   Quel rôle, la canne, joue-t-elle ?
La canne est l’instrument dont Zora a besoin pour faire vivre les fillettes dans la peur et les empêcher de se révolter contre elle et leurs conditions de travail. En fait, Lalla gagne la liberté quand elle décide de défendre Mina lorsqu’elle est en train d’être frappée, esquive le coup de canne de Zora et ensuite casse la baguette ; par conséquent, on peut dire que cet objet symbolise l’oppression exercée sur les filles.

3)   Comment peut-on expliquer la réaction de Lalla ?
Lalla éprouve une forte pitié pour les autres filles qui travaillent pour Zora : elle ne peut pas supporter qu’elle les frappe et, chaque fois que cela arrive, « elle voudrait crier et frapper à son tour sur Zora ». Comme elle est plus âgée que les autres, elle ne reçoit pas de coups, mais en même temps elle a l’instinct de les protéger et de s’enfuir elle-même de cette situation ; c’est pour cette raison qu’un jour elle n’en peut plus et réagit à la violence de Zora.


INTERPRÉTATION

1)   Dehors, Lalla éprouve un sentiment de liberté. En quoi consiste pour elle le bonheur ?
Dès qu’elle s’est enfuie de l’oppression de Zora, Lalla n’a plus personne qui la force à travailler pendant des heures dans une grande salle sombre et peut enfin se reposer et utiliser son temps comme elle préfère. Le bonheur, donc, consiste à redécouvrir les petits plaisirs qu’offre la nature : le soleil, les mouvements des nuages, le son des guêpes, l’observation des petits animaux et des herbes qui tremblent dans le vent, les bruits minuscules qu’elle avait oubliés.

2)   Lalla affirme ses valeurs et son identité en s’opposant à Zora. Comment s’expriment, tout au long de l’extrait, cette force, cette détermination que Lalla a découvertes en elle ?
Au début, il est évident que Lalla craint Zora : la sensation de son regard sur elle lui suffit pour terminer sa pause de travail et, quand leurs yeux se croisent, elle ressent un choc ; sa colère n’est encore qu’ «une étincelle ». En voyant que la brutalité de Zora n’épargne pas même les filles les plus jeunes, peu à peu son indignation croît et seulement la nécessité d’argent la bloque. C’est l’épisode de Mina, une enfant « toute maigre et chétive », à provoquer enfin la réaction de Lalla : avec une énergie et une détermination nouvelles, qu’on n’aurait pas imaginées au début de l’extrait, elle réussit à arrêter la violence de Zora avec ses mots (« Ne la battez pas ! ») et ses gestes (esquiver et rompre la canne), ce qui lui fait gagner sa liberté.


RÉFLEXION PERSONNELLE

Lalla  se découvre et s’affirme au contact du monde.
Essayez  de  développer ce  thème avec   une réflexion personnelle, en  faisant référence aux  œuvres littéraires que vous avez lues.
(300 mots environ).

       Chacun de sa propre façon, la plupart des hommes partagent la réalité en deux grands univers : l’intérieur et l’extérieur, soi-même et les autres. Et bien que très probablement le monde puisse continuer facilement à vivre sans nous, on ne peut pas vraiment dire le contraire.

       Sans cesse, dès le moment où on sort de chez nous, on est obligés de faire face aux situations les plus différentes pendant qu’on achève nos affaires quotidiennes ; mais enfin, c’est la qualité des interactions avec les autres à déterminer nos pensées, nos émotions, nos découvertes. D’abord, les rencontres constituent donc un processus interminable qui nous change lentement grâce au contact direct avec la réalité en dehors de nous.
       En littérature, la valeur formative de la rencontre est exaltée par de nombreuses œuvres. Un exemple célèbre peut être Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, dont le jeune protagoniste, avec un simple dessin, arrive à démontrer involontairement au narrateur qu’au-delà de son imagination existent autant de possible points de vue que des gens ; en conséquence, un chapeau peut devenir un serpent qui a mangé un éléphant, avec un effort créatif.
       Mais est-ce qu’on peut dire, donc, de pouvoir à un certain point nous isoler et continuer tous seuls notre parcours de croissance personnelle ? Pas vraiment. Même un film ne manque pas de nous emmener dans des lieux inconnus où des personnages vivent, éprouvent des émotions, font des expériences que vraisemblablement on ne connaissait pas. Et de combien d’occasions et de vies on s’est enrichis à la fin d’un livre ? La poétesse Emily Dickinson a passé une grande partie de sa vie en isolement, mais on lui reconnaît un âme extrêmement sensible ; dans une de ses poésies, This is my letter to the World, elle demande aussi au monde de ne pas juger son choix trop durement.

       La seule façon qu’on a de grandir, de découvrir des côtés toujours nouveaux de notre personnalité, c’est de les chercher à l’extérieur de nous, directement ou pas.


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Alice Prestint    III D ESABAC 
  

BAC BLANC : commentaire dirigé.


COMPRÉHENSION


1.    Zora, la propriétaire du magasin, quel type de personnage incarne-t-elle?

Zora, la propriétaire du magasin, se montre comme l’emblème de l’avidité et de la cruauté. Elle incarne l’idéal du parfait exploiteur, tirant un profit abusif des jeunes filles qui cherchent désespérément à gagner de l’argent pour leurs pauvres familles. Mais Zora est aussi un tyran, exerçant son autorité de façon despotique: elle est capable juste de s’imposer sur les plus faibles avec l’utilisation de la violence. En effet, quand Lalla casse sa canne, “alors c'est la peur qui déforme le visage de la grosse femme”. C'est pour cette raison qu'on peut affirmer que c'est la lâcheté, à côté de la méchanceté, le trait qui la caractérise le plus, comme dit Lalla même (“Lâche! Méchante femme!”).


2.    Quel rôle, la canne, joue-t-elle?

La canne est l’instrument grâce auquel Zora peut légitimer son pouvoir et son autorité sur les filles: elle représente le sceptre de sa tyrannie, sa force, sa puissance. La canne est le seul élément qui peut rendre Zora redoutable aux yeux des jeunes filles “maigres et craintives”, car l’autorité qu'elle exerce sur elles est fondée uniquement sur un aspect: la peur. Et la canne, emblème de la violence, réussit à faire taire les filles et à remplir leurs coeurs de terreur. Quand Zora perd sa canne, son sceptre, elle perd aussi toute autorité, elle n’a plus de légitimité, elle est au même niveau que les filles. Et alors elle expérimente la peur sur soi-même.


3.    Comment peut-on expliquer la réaction de Lalla?

La réaction de Lalla est celle de quelqu'un qui n'en peut plus, de quelqu'un dont le niveau maximum d’endurance a été abondamment dépassé. Lalla, dans un premier moment, cherche à supprimer sa colère à l’intérieur de soi-même, mais à la fin elle sort forte et violente. Peut-être Lalla a-t-elle décidé d'intervenir quand elle a compris qu'être une spectatrice muette d'une injustice est équivalent à la commettre. Peut-être se sentait-elle complice d'un crime pour elle si abominable. Et alors elle a été courageuse, elle a ouvert la bouche et elle a dénoncé l’injustice subie par ses copines, trop craintives pour se révolter contre la dictatrice Zora.



INTERPRÉTATION


1.    Dehors, Lalla éprouve un sentiment de liberté. En quoi consiste pour elle le bonheur?

Dehors, Lalla retrouve le bonheur dans toutes les manifestations de la nature, même dans les plus simples et banales, comme les nuages “qui glissent à l’envers”. La nature peut être sa seule source de bonheur, parce qu'elle est pure, innocente et généreuse: elle produit ses fruits pour les donner aux hommes, sans demander une récompense. Au contraire, les hommes, et dans ce cas spécifique Zora, sont dominés par l’égoïsme et l’avidité, et exploitent les autres pour en tirer un profit personnel. Pour Lalla, le bonheur est étroitement lié à la liberté, qu'elle retrouve seulement dehors, “à la lumière du soleil”, en contraste avec “la grande salle sombre”: la lumière apporte la vie, l’espoir, la liberté, le bonheur; alors que l’obscurité de la salle apporte la douleur, l’oppression, la désespérance, la mort.


2.    Lalla affirme ses valeurs et son identité en s’opposant à Zora. Comment s’expriment, tout au long de l’extrait, cette force, cette détermination que Lalla a découvertes en elle?

Lalla, tout au long de l’extrait, grandit moralement et spirituellement. En effet, d’abord, Lalla n’a pas le courage de contraster Zora; au contraire, elle est victime de l’autorité de la femme (“...elle reprend aussitôt le travail”). Au fur et à mesure, Lalla commence à devenir consciente de l’injustice et, même si elle ne réussit pas encore à se révolter contre Zora, cherche à se venger (“...elle fait de travers quelques noeuds dans le tapis rouge”). À la fin de l’extrait, Lalla réussit à faire sortir toute la force et toute la détermination qu'elle a découvertes en elle et qu'elle ne croyait pas posséder. Elle se révolte, dénonce l’injustice et s'en va, en échappant à l’oppression.



RÉFLEXION PERSONNELLE

Lalla  se découvre et s’affirme au contact du monde.
Essayez  de  développer ce  thème avec   une réflexion personnelle, en  faisant référence aux  œuvres littéraires que vous avez lues. (300 mots environ).

Rencontres: comme Lalla on se découvre et l’on s’affirme au contact du monde.

Le contact de l’homme avec les autres, avec le monde, avec la société, est indispensable: comme dit Aristote, l’homme est un “ζώον πολιτικόν”, un animal social, et celui qui est content dans sa solitude est soit un monstre soit un dieu. Les rencontres qu'on a avec les autres ont la capacité et le but de former notre caractère et de nous changer, pas toujours pour le mieux.
Par exemple, pour Rousseau, aussi bien que pour William Blake, la rencontre avec le monde est source de corruption, contamination et régression. C'est le cas de Frankenstein dans le roman homonyme de Mary Shelley, qui, mis au contact avec la société, apprend à utiliser la violence et à tuer; ou bien c'est le cas de Jugurtha dans Bellum Jugurthinum de Salluste, qui, un fois entré en relation avec l’Empire Romain, s’abandonne à la corruption.
Mais certaines fois, au contraire, les rencontres avec les autres et le contact direct avec le monde peuvent nous faire grandir spirituellement et nous améliorer, en nous rendant plus forts. En effet, les injustices subies, les méchancetés dites pour nous blesser, la cruauté et l’indifférence du monde à nos souffrances, l’envie des autres pour ce que nous avons, sont tous des éléments qui nous permettent de découvrir à l’intérieur de nous-mêmes une force que nous ne pensions pas avoir. Et alors nous apprenons à nous défendre, à nous révolter contre les injustices, à nous lever, après une chute, encore plus forts et plus prêts à nous battre dans la grande jungle de la société.