lundi 26 décembre 2016

Konstantìnos Kavàfis "Depuis neuf heures"





DEPUIS NEUF HEURES (I, 63)


Minuit et demi. Le temps est vite passé
depuis neuf heures, lorsqu'allumant la lampe,
je me suis assis là. Je suis resté sans lire,
sans dire un mot. Dire un mot, mais à qui,
tout seul dans cette maison.


L'image de mon jeune corps,
depuis neuf heures et la lampe allumée,
est venue me trouver, me rappelant
des chambres fermées, embaumées,
une volupté ancienne — audacieuse volupté !
elle a aussi amené devant mes yeux,
des rues devenues depuis méconnaissables,
des lieux de plaisir pleins de vie, qui ne sont plus,
des théâtres et des bars qui existèrent jadis.


L'image de mon jeune corps
est venue m'apporter aussi la tristesse :
deuils de famille, séparations,
sentiments de mes proches, sentiments
des morts, si peu écoutés.


Minuit et demi. Comme le temps passe vite.

Minuit et demi. Comme les années sont vite passées.




EN ITALIEN 





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