lundi 29 février 2016

Revech' Yann "La désobéissance civile"




Cours Magistral de M. Yann Rovech'

Du  "Discours de la servitude volontaire"

 d' Etienne La Boétie 

à la  violence terroriste 




 La thèse : 
Le peuple se laisse opprimer volontairement

   Pour le moment, je ne voudrais que tâcher de comprendre comment il peut arriver que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul ...

Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres

Servitude                      Volontaire 

Un Paradoxe



La Nature

Il est hors de doute, je crois, que si nous vivions avec les droits que nous tenons de la nature et d’après les préceptes qu’elle nous enseigne, nous serions naturellement soumis à nos parents, sujets de la raison, sans être esclaves de personne.





Les ruses du tyran

Éducation

On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père : 

Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère : 
Faute de cultiver la nature et ses dons, 
O combien de Césars deviendront Laridons !
La Fontaine



Nul doute que la nature nous dirige là où elle veut, bien ou mal lotis, mais il faut avouer qu’elle a moins de pouvoir sur nous que l’habitude [l'éducation]. Si bon que soit le naturel, il se perd s’il n’est entretenu, et l’habitude  [l'éducation] nous forme toujours à sa manière, en dépit de la nature […]






Abêtissement

La coutume

La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.
Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.


Le théâtre du pouvoir 

Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie. 




La pyramide de la servitude

Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, les compagnies de fantassins, ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais toujours (on aura peine à le croire d’abord, quoique ce soit l’exacte vérité) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays. Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux-mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés,....
 Ces six en ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’ils ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité....
 Et qui voudra en dévider le fil verra que, non pas six mille, mais cent mille et des millions tiennent au tyran par cette chaîne ininterrompue qui les soude et les attache à lui,






C’est ainsi que le tyran asservit les sujets les uns par les autres. Il est gardé par ceux dont il devrait se garder, s’ils valaient quelque chose. Mais on l’a fort bien dit : pour fendre le bois, on se fait des coins du bois même ; tels sont ses archers, ses gardes, ses hallebardiers. Non que ceux-ci n’en souffrent souvent eux-mêmes ; mais ces misérables abandonnés de Dieu et des hommes se contentent d’endurer le mal et d’en faire, non à celui qui leur en fait, mais bien à ceux qui, comme eux, l’endurent et n’y peuvent mais. Quand je pense à ces gens qui flattent le tyran pour exploi- ter sa tyrannie et la servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchanceté qu’apitoyé de leur sottise.


Car à vrai dire, s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude ? Qu’ils mettent un moment à part leur ambition, qu’ils se dégagent un peu de leur avidité, et puis qu’ils se regardent ; qu’ils se considèrent eux-mêmes : ils verront clairement que ces villageois, ces paysans qu’ils foulent aux pieds et qu’ils traitent comme des forcats ou des esclaves, ils verront, dis-je, que ceux-là, si malmenés, sont plus heureux qu’eux et en quelque sorte plus libres. Le laboureur et l’artisan, pour asservis qu’ils soient, en sont quittes en obéissant ; mais le tyran voit ceux qui l’entourent coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu’ils fassent ce qu’il ordonne, mais aussi qu’ils pensent ce qu’il veut et souvent même, pour le satisfaire, qu’ils préviennent ses propres désirs. Ce n’est pas le tout de lui obéir, il faut encore lu complaire ; il faut qu’ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires, et puisqu’ils ne se plaisent qu’à son plaisir, qu’ils sacrifient leur goût au sien, qu’ils forcent leur tempérament et dépouillent leur naturel. Il faut qu’ils soient attentifs à ses paroles, à sa voix, à ses regards, à ses gestes : que leurs yeux, leurs pieds, leurs mains soient continuellement occupés à épier ses volontés et à deviner ses pensées.


Est-ce là vivre heureux ? 
Est-ce même vivre

Est-il rien au monde de plus insupportable que cet état, je ne dis pas pour tout homme de coeur, mais encore pour celui qui n’a que le simple bon sens,

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jeudi 25 février 2016

FEDERICO PODANO et ALICE PRESTINT :"Ce pays qui te ressemble" de Tobie Nathan (GONCOURT DES LYCEENS ITALIENS)



Difficile de ne pas lire ce roman 

après les critiques 

d'Alice et Federico

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L’ âme d’un pays dans un livre

        Né d’un père aveugle et d’une mère considérée une sorcière, dans le quartier juif du Caire, Zohar, protagoniste et narrateur, nous enchante dès le début du roman avec son autobiographie : une naissance surprenante, une enfance mouvementée, beaucoup d’amour et de déplacements et l’ascension sociale marquent la vie du jeune égyptien, qui est le thème principale du livre.
       Cependant, comme le titre veut nous communiquer, il y a un autre grand protagoniste qui surmonte peut-être Zohar lui-même : l’Egypte. A côté de l’histoire personnelle du juif, le lecteur suit tous les événements qui changent son pays natal et dont les étapes, donc, sont synchronisées aux grands changements de la vie de Zohar : la décadence du dernier roi Farouk, l’islamisation, la rentrée de la région dans le monde moderne.

       Cette trame permet à l’auteur de construire la narration ouverte et complète qu’on a tendance à associer aux longs contes orales arabes : Zohar dédie une espace considérable, par exemple, à la vie de ses parents et on connaît l’histoire de Masreya, sa sœur de lait dont le nom signifie volontairement « l’égyptienne », à travers une longue digression. Malgré le grand nombre de pages qui en résulte, la lecture est captivante, magnétique. Les ambiances créées, surtout celles de la première partie du livre (la plus lente parce qu’elle a moins de dialogues), sont magnifiques, imprégnées des mystères et des rites de l’ancienne culture égyptienne, et vont bien nous passionner. Le style du roman est donc bien riche et évocateur, mais il ne devient jamais ennuyeux.

        Les personnages de l’œuvre sont très bien caractérisés et mettent en scène plusieurs aspects, ou mieux plusieurs  âmes, de l’Egypte : Masreya, l’amour maudit et ancien de Zohar, est une danseuse fascinante et libre ; Farouk est le souverain charmant mais faible ; Joe di Reggio, juif lui aussi, est le symbole de la richesse, mais aussi de la dévotion ; Nino est le jeune juif qui, par contre, embrasse l’Islam qui vient de le toucher.

       Mais surtout, il y a Zohar, dont les réflexions et la profondeur des sentiments arrivent à nous transmettre son second amour impossible : celui pour l’Egypte, qui à la fin du roman nous aura complètement charmés.

Federico Podano 



Hymne poétique à la tolérance et au partage, Ce pays qui te ressemble est à l'image de son auteur, l'ethnopsychiatre Tobie Nathan : enjoué, généreux et empli d'humanité.




Mystère et séduction dans l'Égypte de Tobie Nathan

Le Caire de la première moitié du XXème siècle est un grand ensemble de contradictions : juifs et musulmans, influence britannique et allemande, dévotion et libertinage.
Et c'est dans cette ambiance qui a lieu l'histoire de Zohar Zohar, juif, né d'un père aveugle et d'une mère crue sorcière. Et pendant qu'il passe sa vie parmi ses amis, dans des  nuits damour, des moyens pour s'enrichir et escalader jusqu'au sommet le  pouvoir, de grands événements historiques se déroulent autour de lui. Son histoire simbrique avec celle de l'Égypte, avec son changement et la perte de la liberté et de la tolérance qui la distinguait,   faisant vivre  en accord des cultures et des religions différentes.
Et alors que faire? Sadapter aux nouveaux coutumes ou rester toujours fidèle à soi-même? Rester ou s'en aller?
Ce pays qui te ressemble  de Tobie Nathan est bien plus qu'un conte de la vie d'un garçon juif vivant au Caire. C'est lhistoire de l’Égypte et de la perte de son identité. Et dans ce contexte s'insèrent les personnages du roman, qui représentent  différents aspects de leur pays: il y a Masreya, la danseuse belle et sensuelle, soeur de lait de Zohar et symbole de la séduction, du plaisir et de la liberté; il y a Joe Di Reggio, le juif riche et aristocrate, emblème à la fois du luxe et de la dévotion à sa religion; il y a le roi Farouk, représentation de la dissolution; il y a Nino, garçon cultivé et aspirant médecin qui, juif, se convertit à lIslam radical; et enfin il y a Zohar,  qui semble  indifférent à ce qui arrive autour de lui, mais qui cache , en réalité, sa préoccupation, sa mélancolie et sa nostalgie pour son pays, qui ne sera plus ce qu'il était.
Mais c'est aussi une histoire damour, dun amour maudit et interdit de Zohar pour Masreya et pour son pays.
Malgré la longueur du roman (536 pages!), le rythme ne résulte ni trop lent ni trop accéléré, donnant au livre un aspect cohérent et le style est fluide, rendant la lecture agréable.
Les dialogues entre les personnages sont vraisemblables et intéressants, dans un roman où la parole, séduisante et persuasive, a une puissance magnifique sur linterlocuteur.
Plus qu'aux aventures de Zohar, lattention du lecteur est attirée par les réflexions qu'on peut tirer sur un pays tout particulier : le lecteur réussit à se sentir partie de cette Égypte colorée et parfumée, en découvrant les traditions et les moeurs des habitants du Caire.
On apprend aussi comment les grands événements de la première moitié du siècle passé ont influencé ce pays, qui n'a jamais été protagoniste dans les dynamiques des Guerres Mondiales et qu'on a lhabitude doublier quand on parle de cette période historique.
Pour conclure, on peut dire que Tobie Nathan a fait un merveilleux travail avec sa dernière oeuvre, grâce à laquelle le lecteur sera sans aucun doute enrichi au niveau culturel, après avoir respiré lair doux, chaud et séduisant de l’Égypte, pays charmant et riche en  mystères, énigmatique et indéchiffrable.

Alice Prestint








mardi 23 février 2016

Pierre Bachelet "Vingt Ans"





M. ZERBA 

part à  Rouen 
...

En ce temps-là...

 j'avais vingt ans !





En ce temps là je vivais
Comme un oiseau sur la branche
Devant les files de ciné
Je faisais la manche
C'était les copains d'abord
Et les premiers transistors
Sidney Bechet, Petite fleur
Les bleus sur le coeur
En ce temps là les trottoirs

C'était manif et guitare
Même que c'est toujours comme ça
En ce temps là j'avais vingt ans
Sur la télé en noir et blanc
On découvrait le rock and roll
Elvis Presley et les idoles
Fauteuils cassés dans tous les music halls
En ce temps là c'était Paris

C'était la guerre en Algérie
Dans les bistrots de la banlieue nord
On était pas toujours d'accord
Ira ou pas, d'accord ou pas d'accord
En ce temps là de ta vie
Tu rêvais d'avoir ton bac
Et de monter à Paris
T'inscrire à la fac
Et puis y avait le mois de mai
Qui préparait ses pavés

C'est là qu'on s'est rencontré
Mouchoir sur le nez
Le monde était à refaire
Et dans ta chambre à Nanterre
C'est justement c'qu'on a fait
En ce temps là j'avais vingt ans
Et toi t'en avais presque autant
T'avais un parfum de verveine
Et de grenades lacrymogènes
Et puis surtout tu m'prenais pour Verlaine
Alors soudain ça été nous

Comme un tonnerre un coup d'grisou
Y a vait plus qu'nous dans nos blousons
Y avait plus qu'nous dans nos chansons
Dans les discours, carrefour de l'Odéon
En ce temps là j'avais vingt ans
J'avais vingt ans pour très longtemps
L'amour chantait sa carmagnole
En descendant rue des Ecoles
Affiche d'une main, de l'autre le pot d'colle
En ce temps là j'avais vingt ans


J'avais vingt ans depuis longtemps
Ferré passait à la radio
C'était les vacances en deux chevaux
Et toutes les filles se prenaient pour Bardot
C'était la télé qui s'allume
Pour le premier pas sur la lune
En ce temps là c'était le rock
Mais on changeait déjà d'époque
Et les Beatles allaient se séparer
En ce temps là j'avais vingt ans
J'avais vingt ans éternellement
L'amour chantait sa carmagnole
En montant la rue des Ecoles
T'avais ta main posée sur mon épaule


vendredi 19 février 2016

Bande de filles de Céline Sciamma



Lundi,  le 22 février 2016






ALESSANDRO LEONE (diamante-nero)BANDE DE FILLES



Marième vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. 

La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de

 l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change

 tout. Elles dansent, elles se  battent, elles parlent

 fort, elles rient de tout. Marième devient Vic et entre 

dans la bande,  pour vivre sa jeunesse...



Marième (Vic)
Lady - Fily - Adiatou







Lucy in the Sky 

with Diamonds

 (Beatles) 



We're beautiful
Like diamonds in the sky
(Rihanna)










"Je fais ce que je veux"







VOCABULAIRE

Verlan


Air vénère  - (verlan) énervé en colère 
Se Barrer s'en aller
Brouhaha Bruit de voix confus : Le brouhaha des fins de réunion.
Buter Heurter le pied contre quelque chose, trébucher en parlant
de quelqu'un : il a buté contre une pierre et il est tombé. - Être arrêté par une difficulté qui empêche le cours normal d'une action, d'un raisonnement, etc. : Buter sur une difficulté. - Hésiter en parlant, se tromper : Il bute sur chaque mot.
Chantage Délit consistant à extorquer, à l'aide de menaces, des fonds, des valeurs, une signature d'un acte.  - Action de brandir 
une menace pour obtenir de quelqu'un quelque chose qu'il refuse : Un chantage sentimental
Daronne  mère
Défoncer Populaire. En parlant d'une drogue, mettre quelqu'un dans un état hallucinatoire.
Dégager Retirer quelqu'un, quelque chose de ce qui le coince, le bloque ; délivrer, libérer
Filer Donner quelque chose à quelqu'un ; refiler, flanquer : 
Filer de l'argent à un ami. Filer une gifle à un enfant.
Kiffer Apprécier, aimer ; prendre du plaisir à.
Meuf verlan Femme, fille.
Misquine de l'arabe,  le / la pauvre, faire pitié
Placard prison
Plombe (de plomber, sonner, en argot) Populaire. Heure.
Rêver S'absorber dans la pensée d'une chose que l'on désire vivement :Rêver d'une vie meilleure.
Téma (verlan de mater ), regarder, surveiller
Thune argent
Ouf (verlan) fou
VTT vélo tout terrain
Warrior's de l'anglais warrior personne courageuse, qui n'a jamais peur







lesinrocks


Quand Vic, Lady, Adiatou et Fily se lâchent toutes les quatre sur le Diamonds de Rihanna, c’est une épiphanie, un bingo qui claque, une cristallisation des désirs des personnages et du spectateur, peut-être le genre de scène dont on dit que le film a été fait juste pour ça. A ce moment-là, cette bande des quatre est une version féminine et noire des Fab Four, une déclinaison frenchie 2014 des Supremes, Crystals, Shirelles, Vandellas et autres merveilles de la chapelle sixties pop black américaine.









jeudi 18 février 2016

Fabrizio De André " Valzer per un amore"


Aujourd'hui

18 février 2016

Fabrizio De André

aurait eu 76 ans 










Quando carica d'anni e di castità
tra i ricordi e le illusioni
del bel tempo che non ritornerà,
troverai le mie canzoni,
nel sentirle ti meraviglierai
che qualcuno abbia lodato
le bellezze che allor più non avrai
e che avesti nel tempo passato
ma non ti servirà il ricordo,
non ti servirà
che per piangere il tuo rifiuto
del mio amore che non tornerà.
Ma non ti servirà più a niente,
non ti servirà
che per piangere sui tuoi occhi
che nessuno più canterà.
Ma non ti servirà più a niente,
non ti servirà
che per piangere sui tuoi occhi
che nessuno più canterà.
Vola il tempo lo sai che vola e va,
forse non ce ne accorgiamo
ma più ancora del tempo che non ha età,
siamo noi che ce ne andiamo
e per questo ti dico amore, amor
io t'attenderò ogni sera,
ma tu vieni non aspettare ancor,
vieni adesso finché è primavera.