dimanche 1 mars 2015

ALICE PRESTINT I D ESABAC : commentaire "Chanson de trouvère"


























CHANSON DE TROUVÈRE


Le poème en question est une chanson, forme de composition très utilisée dans le Moyen Âge français, surtout dans les XII et XIII siècles. Cette chanson a été composée par un trouvère, terme qui provient du verbe "trouver", qui dans le contexte du Moyen Âge désignait une recherche poétique et qui, par conséquent, signifiait "composer un poème". Les trouvères chantaient leurs chansons, composées en langue D'OIL, dans le Nord de la France, alors que dans le Sud, en particulier au sud de la Loire, il y avait les troubadours, qui composaient leurs œuvres en langue D'OC.
Les chansons s'adressaient souvent à une dame, celle aimée par l'auteur et, à côté du sujet amoureux, il y avait un trait religieux: la "tornada", une invocation à Jésus ou à Dieu, qui occupait presque toujours une demie-strophe finale.
Au niveau de la structure, assez flexible, les chansons étaient souvent composées de sept ou huit strophes de cinq ou six vers chacune.
On peut enfin remarquer la forte présence de l'auteur, surtout dans la première strophe, où il se présente et explique le sujet de sa composition.
On peut bien retrouver dans ce poème presque tous ces éléments caractérisants les chansons du Moyen Âge.
D'abord, dans les premiers deux vers, il y a le verbe "chanter" et le mot "chant", donc c'est l'auteur même qui nous présente son poème comme une chanson.
Il y a beaucoup de mots qui appartiennent tous à un même champ sémantique: celui du printemps. En effet, dans ce poème, il y a une sorte d'allégorie entre la dame aimée et le printemps, la saison de l'amour, riche de fleurs, d'arbres, d'animaux et de parfums. La dame, comme le printemps qui, après l'hiver, apporte une nouvelle beauté, apporte l'amour et aussi de la fraîcheur juvénile, en excitant ainsi les esprits des chevaliers, qui, tout de suite, tombent amoureux. Cette forme de chanson, qui parle du printemps et d'amour, est appelée "reverdie".
La présence de l'auteur est ici remarquable surtout dans la première strophe. En effet, le trouvère se présente à nous comme l'auteur de ce poème plutôt orgueilleusement, en soulignant la classe sociale à laquelle il appartient ("Vilain ne le fit mie/mais le fit un chevalier"). Mais l'auteur n'est pas le seul à faire partie de l'aristocratie. En effet, les personnages qui sont mis en scène dans cette chanson appartiennent tous à une sorte d'élite. La dame à laquelle s'adresse le poème est noble ("De France suis la louée,/du plus haut parage").
À la fin du poème, comme d'habitude, il y a l'invocation à Dieu ("Plût à Dieu notre père/que vous me fussiez donnée/a femme épousée!").
Mais ce qui l'auteur nous a voulu réellement dire est assez subtil et est caché parmi les vers. En effet, on peut remarquer que l'auteur de cette chanson a un peu de mépris envers ceux qui ne font pas partie de sa classe sociale: les vilains. En effet, il y a une sorte d'identification de la noblesse avec la beauté du corps et du cœur (les chevaliers sont caractérisés comme des gens très bien habillées et belles, mais aussi capables d'éprouver des sentiments aussi nobles qu'eux). Au contraire, les paysans sont pauvres de conditions, mais aussi de sentiments (le mot "vilain", utilisé par l'auteur, peut signifier "paysan", mais aussi "méprisable").
Donc, pour conclure, seulement les nobles sont capables d'aimer et d'éprouver de vrais sentiments.



ALICE PRESTINT I D ESABAC