samedi 31 janvier 2015

Lynda Lemay - La centenaire











Ca fait cent longs hivers
Que j'use le même corps
J'ai eu cent ans hier
Mais qu'est-ce qu'elle fait la mort

J'ai encore toute ma tête
Elle est remplie d'souvenirs
De gens que j'ai vus naître
Puis que j'ai vu mourir

J'ai tellement porté d'deuils
Qu'j'en ai les idées noires
J'suis là que j'me prépare
Je choisis mon cercueil

Mais l'docteur me répète
Visite après visite
Qu'j'ai une santé parfaite
Y'est là qu'y m'félicite

J'ai vu la Première guerre
Le premier téléphone
Me voilà centenaire
Mais bon, qu'est-ce que ça me donne

Les grands avions rugissent
Y'a une rayure au ciel
C'est comme si l'éternel
M'avait rayée d'sa liste

Ca fait cent longs hivers
Que j'use le même corps
J'ai eu cent ans hier
Mais qu'est-ce qu'elle fait la mort

Qu'est-ce que j'ai pas fini
Qu'y faudrait que j'finisse
Perdre un dernier ami
Enterrer mes petits-fils?

J'ai eu cent ans hier
Ma place est plus ici
Elle est au cimetière
Elle est au paradis

Si j'meritais l'enfer
Alors c'est réussi
Car je suis centenaire
Et j'suis encore en vie

Moi j'suis née aux chandelles
J'ai grandi au chaudron
Bien sûr que j'me rappelle
Du tout premier néon

J'ai connu la grande crise
J'allais avoir 30 ans
J'ai connu les églises
Avec du monde dedans


Moi j'ai connu les chevaux
Et les planches à  laver
Un fleuve tellement beau
Qu'on pouvait s'y baigner

Moi j'ai connu l'soleil
Avant qu'y soit dangereux
Faut-il que je sois vieille
Venez m'chercher, bon dieu

J'ai eu cent ans hier
C'est pas qu'j'ai pas prié
Mais ça aurait tout l'air
Que dieu m'a oubliée

Alors j'ai des gardiennes
Que des nouveaux visages
Des amies de passage
Payées à  la semaine

Elles parlent un langage
Qui n'sera jamais le mien
Ca m'fait du chagrin
D'avoir cinq fois leur âge

Et mille fois leur fatigue
Immobile à  ma fenêtre
Pendant qu'elles naviguent
Tranquilles sur internet

C'est vrai qu'j'attends la mort
C'est pas qu'j'sois morbide
C'est qu'j'ai cent ans dans l'corps
Et qu'j'suis encore lucide

C'est que je suis avide
Mais qu'y a plus rien à  mordre
C'est qu'mon passé déborde
Et qu'mon avenir est vide

On montre à  la télé
Des fusées qui décollent
Est-ce qu'on va m'expliquer
Ce qui m'retient au sol

Je suis d'une autre école
J'appartiens à l'histoire
J'ai eu mes années folles
J'ai eu mes heures de gloire

J'ai eu un bon mari
Et quatre beaux enfants
Mais tout l'monde est parti
Dormir au firmament

Et y'a que moi qui veille
Qui vis, qui vis encore
Je tombe de sommeil
Mais qu'est-ce qu'elle fait la mort




vendredi 30 janvier 2015

Georges Brassens: "Les copains d'abord"




"Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose :
Rien n'est plus commun que ce nom,

Rien n'est plus rare que la chose."


La Fontaine








Non, ce n'était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau
Qu'on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord

Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littérature
N'en déplaise aux jeteurs de sort
Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord

C'étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d'abord

C'étaient pas des anges non plus
L'Évangile, ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient toutes voiles dehors
Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
C'était leur seule litanie
Leur credo, leur confiteor
Aux copains d'abord

Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitié qui prenait l'quart
C'est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Qu'leurs bras lançaient des S.O.S.
On aurait dit des sémaphores
Les copains d'abord

Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait à bord
C'est qu'il était mort
Oui, mais jamais, au grand jamais
Son trou dans l'eau n'se refermait
Cent ans après, coquin de sort
Il manquait encore

Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n'ait jamais viré de bord
Mais viré de bord
Naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord








jeudi 29 janvier 2015

Fabrice Luchini explique "Le lion amoureux" de Jean de la Fontaine






Quel plaisir que d'écouter ce charmeur

 de fous de théâtre

On devrait lui demander de venir en cours!



"Très peu de savoir, beaucoup de saveur" 

Roland Barthes



"Sapientia; nul pouvoir, un peu de savoir, 
un peu de sagesse et le plus de saveur possible"

Charles de Montesquieu




LE LION AMOUREUX (*)
                A Mademoiselle de Sévigné

Sévigné, de qui les attraits
Servent aux Grâces de modèle,
Et qui naquîtes toute belle,
A votre indifférence près,
Pourriez-vous être favorable
Aux jeux innocents d'une fable,
Et voir, sans vous épouvanter,
Un lion qu'Amour sut dompter ?
Amour est un étrange maître.
Heureux qui peut ne le connaître
Que par récit, lui ni (1) ses coups !
Quand on en parle devant vous,
Si la vérité vous offense,
La fable au moins se peut souffrir (2) :
Celle-ci prend bien l'assurance (3)
De venir à vos pieds s'offrir,
Par zèle et par reconnaissance.

Du temps que les bêtes parlaient,
Les lions, entre autres, voulaient
Etre admis dans notre alliance.
Pourquoi non? Puisque leur engeance (4)
Valait la nôtre en ce temps-là,
Ayant courage, intelligence,
Et belle hure (5) outre cela.
Voici comment il en alla.
Un lion de haut parentage (6)
En passant par un certain pré,
Rencontra bergère à son gré :
Il la demande en mariage.
Le père aurait fort souhaité
Quelque gendre un peu moins terrible.
La donner lui semblait bien dur;
La refuser n'était pas sûr;
Même un refus eût fait possible (7),
Qu'on eût vu quelque beau matin
Un mariage clandestin ;
Car outre qu'en toute matière
La belle était pour les gens fiers,
Fille se coiffe volontiers
D'amoureux à longue crinière.
Le père donc, ouvertement
N'osant renvoyer notre amant (8),
Lui dit :" Ma fille est délicate;
Vos griffes la pourront blesser
Quand vous voudrez la caresser.
Permettez donc qu'à chaque patte
On vous les rogne, et pour les dents,
Qu'on vous les lime en même temps.
Vos baisers en seront moins rudes,
Et pour vous plus délicieux ;
Car ma fille y répondra mieux,
Etant sans ces inquiétudes."
Le lion consent à cela,
Tant son âme était aveuglée !
Sans dents ni griffes le voilà,
Comme place démantelée.
On lâcha sur lui quelques chiens :
Il fit fort peu de résistance.

Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : " Adieu prudence!"


(*) Source : Esope "Le lion  et le laboureur"
(recueil Nevelet, p.268)
(1) et
(2) supporter
(3) hardiesse
(4) race
(5) tête d'un sanglier, d'un ours, d'un loup
et autres bêtes mordantes (Furetière)
(6) origine, naissance
(7) peut-être
(8) prétendant










mercredi 28 janvier 2015

Voix poétiques : Paul Valéry "Le cimetière marin" - Paul Fort "La complainte du petit cheval blanc" - Paul Éluard "La courbe de tes yeux" - "Liberté"



De la couleur avant toute chose...



Valery reprend tous les thèmes classiques  dans ses 24 strophes

La temps, la mort,  la lumière, la chaleur, le vent,  la mer, les vagues,

 le mouvement, la passion, l'éternité, le passé, l'âme, le corps ....




 «Aux gens, à tous les gens, je dis que l'idée m'en est venue à Sète.
C'est inexact. J'ai conçu le Cimetière Marin dans un petit hôtel
de la rive gauche où je m'étais réfugié pour travailler.
Une mélancolique insomnie a enfanté  le premier mot;
un robinet qui coulait à fait naître le second. J'avais le titre :
 il ne me restait plus à écrire que le poème."


 de Paul Valéry 



Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir...

Non, Non !... Debout ! Dans l'ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme... O puissance salée !
Courons à l'onde en rejaillir vivant !...

Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d'eaux réjouies
Le toit tranquille où picoraient des focs !









La complainte du petit cheval blanc



Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.









La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu,
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousses de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.


  






"Liberté "

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté
in Poésies et vérités, 1942

Honoré Daumier "Gargantua" analyse d'une caricature





Je vois que mes élèves de III D ESABAC 

sont en train d'étudier 

l'oeuvre de  Honoré Daumier.

Sauront-ils profiter de ce billet?




Gargantua est une lithographie d'Honoré Daumier,
 parue le 15 décembre 1831.

Cette lithographie est une caricature représentant le roi

 Louis-Philippe comme le célèbre personnage de Rabelais.

dans le journal La Caricature.


Cette caricature a valu à son auteur 6 mois de prison dont

plusieurs dans un asile d'aliénés.

mardi 27 janvier 2015

Le passé composé en poèmes et en chansons : Étudiez le passé composé... ne faites pas de bêtises ... et vous trouverez des amis





 Les bêtises






J'ai tout mangé le chocolat
J'ai tout bu le cola cola
Et comme t'étais toujours pas là
J'ai tout vidé le Nutella
j'ai tout démonté tes tableaux
j'ai tout découpé tes rideaux
Tout déchiré tes belles photos
Que tu cachais dans ton bureau

Refrain :
Fallait pas m'laisser, tu vois !
Il est beau le résultat !
Je fais rien que des bêtises,
 des bêtises quand t'es pas là !

J'ai tout démonter le bahut
j'ai tout bien étalé la glue
Comme t'étais toujours pas rev'nue
J'ai tout haché menu menu
J'ai tout brûlé le beau tapis
J'ai tout scié les pieds du lit
j'ai tout ruiné tes beaux habils
Et fait pipi dans ta penderie

Refrain :
Fallait pas m'laisser, tu vois !
Il est beau le résultat !
Je fais rien que des bêtises,
 des bêtises quand t'es pas là !
Fallait pas gâcher mon cœur!

M' laisser sans baby-sitter!
Je fais rien que des bêtises;
Des bêtises quand mes yeux pleurent
J'ai tout renversé les poubelles
j'ai tout pillé ta belle vaisselle
Attends c'est pas tout à fais tout
J'ai mis de la peinture partout

Je fais rien que des bêtises,
des bêtises quand t'es pas là !
Je fais rien que des bêtises;
Des bêtises quand mes yeux pleurent

Fallait pas m'laisser, tu vois !
Il est beau le résultat !
je fais rien que des bêtises,
des bêtises, quand t'es pas là !
Fallait pas gâcher mon cœur!
M' laisser sans baby-sitter!
Je fais rien que des bêtises;

Des bêtises quand mes yeux pleurent



Tryo J'ai trouvé des amis





J'ai fait des études jusqu'à vingt ans
J'ai esquivé mon régiment
Menti comme tout l'monde à mes parents
J'rentrais trop tard au mauvais moment
J'ai fait des p'tits boulots en attendant
Un emploi bien payé à mi-temps
Pour pouvoir profiter gaiement
Des sourires que me donnaient les gens
J'ai pris mon temps, j'ai bien plané
J'ai regardé passer mon acné
Sans trop regarder la télé
J'voulais apprendre à partager

[Refrain] :
J'ai trouvé des amis
Man trouvé des amis
J'leur ai donné un peu d'mon âme
Man un peu d'ma vie, oui !
Si tu savais tout c'que j'leur ai pris...
J'ai trouvé des amis
Man trouvé des amis

J'ai partagé mes poulets aux hormones
Ouvert ma porte à toute la zone
J'ai découvert la vie d'aumône
De la Bretagne au Puy-de-Dôme
J'y ai cotoyé quelques races
Les mêmes que Le Pen trouve dégeulasses
Avec qui j'ai partagé mes angoisses
Et quelques fois sali mes godasses
J'ai fait l'amour dans la paillasse
J'ai gueulé pour la lutte des classes
J'ai pris des coups, subi des menaces
Mais rien ne terni un amour tenace

[Refrain]

Ma force à moi, c'est mon orgueil
C'est mes dix doigts, c'est ma grande gueule
Mais j'sais qu'le silence de certains
Pourra faire freiner mes instincts
Parce que nous sommes tous différents
De look divers, d'humeur changeante
Admettons-le tout simplement
Et partageons nos sentiments
Et là je vois le monde en face
Le supermarché d'la paperasse
Qui rêve de conquérir l'espace
Mais qui sait plus très bien c'qui s'passe
Si tu es seul et bien pensant
Que tu es bourré de tranquillisants
Que tu dors pas évidemment
Trouve-toi des potes et perds pas de temps

Faut trouver des amis
Man trouver des amis
Donne-leur un peu d'mon âme
Man un peu d'ta vie
Si tu savais tout c'que j'leur ai pris...
Faut trouver des amis

Man trouver des amis



Jacques Prévert 

"Déjeuner du matin "




Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler

Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder

Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder

Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.

Portail du fle






Voici un site incontournable!




  









Exercices :